Monthly Archives: février 2017

VIDÉO. Un coup de feu pendant le discours de François Hollande fait deux blessés

Un gendarme a fait usage de son arme, vraisemblablement de manière accidentelle, alors que le chef de l’Etat parlait à Villognon, en Charente. Deux personnes sont légèrement blessées aux membres inférieurs.

Des coups de feu lors d’un discours de François Hollande qui inaugurait ce mardi la ligne à grande vitesse Tours-Bordeauxà Villognon, en Charente. Le préfet de Charente a confirmé l’information de Sud-Ouest selon laquelle un gendarme, qui participait au dispositif de sécurité, a fait usage de son arme vers 17h, vraisemblablement de manière accidentelle, blessant deux civils.

L’auteur du coup de feu est un militaire de 33 ans du groupement de gendarmerie départemental de la Vienne, présent dans le cadre du renfort du dispositif de sécurisation du déplacement présidentiel, détaillent à L’Express des sources proches de l’affaire.

A l’AFP, une source proche du dossier explique que le gendarme a fait « une erreur de manipulation en changeant de position ». « La balle a frôlé le mollet d’une personne et fini sa course dans la jambe d’une autre », a-t-on précisé de même source.

« J’espère qu’il n’y a rien de grave »

Lorsqu’il entend le coup de feu, François Hollande s’interrompt. »J’espère qu’il n’y a rien de grave », dit-il, visiblement inquiet. « Je ne pense pas… », ajoute-t-il, après de longues secondes de silence. Le chef de l’Etat est allé réconforter ensuite les deux blessés.

Selon Sud-Ouest, la balle est rentrée dans le chapiteau et a touché un maître d’hôtel du groupe Arom Lacoste Traiteur au niveau des jambes ainsi qu’un employé de la société Mesea, chargée de la maintenance et de l’exploitation de la LGV, au pied. La victime se trouvait sous un chapiteau, côté restauration, précise à L’Express la source proche de l’affaire.

Une enquête ouverte

Les deux blessés l’ont été au niveau du « péroné », a précisé le préfet. L’un est touché à la jambre droite, l’autre à la jambe gauche mais leurs jours ne sont pas du tout en danger. Ils ont été soignés d’abord dans une zone sécurisée à l’écart de l’endroit où le président prononçait son discours, puis évacuées vers l’hôpital d’Angoulême par les pompiers, qui ont confirmé des blessures « légères ». Personne d’autre n’a été évacué de la cérémonie.

Le parquet a été immédiatement saisi. Une enquête pour « blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence » a été ouverte, précise à L’Express le procureur de la République Jean-David Cavaillé. Le gendarme sera entendu par les enquêteurs dès ce soir.

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ONPC: le fou-rire de Burggraf face à Poutou interprété comme du mépris social

Invité samedi soir de l’émission de Laurent Ruquier, le candidat du NPA Philippe Poutou venait notamment défendre l’interdiction des licenciements. Mais la question n’a pu être abordée qu’au bout d’un long fou rire des chroniqueurs et des invités.

Depuis sa première candidature à l’élection présidentielle de 2012, Philippe Poutou a régulièrement confié ne pas être à son aise sur les plateaux de télévision. Un ressenti qui ne devrait pas s’améliorer après son passage sur le plateau de l’émission On n’est pas couché, samedi 25 février. Venu défendre son programme, et alors qu’il peine à réunir ses 500 signatures, le candidat a eu toutes les peines du monde à s’exprimer sur un de ses sujets de prédilection: l’interdiction des licenciements.

La faute à la chroniqueuse Vanessa Burggraf, qui, voulant demander des explications sur ce point du programme du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), s’est complètement emmêlée les pinceaux. « Comment est-ce qu’on impose à un patron… euh, les licenciements? », a interrogé l’ancienne journaliste de France 24, provoquant l’hilarité des invités et les applaudissements du public. Prise d’un fou rire, la journaliste s’est montrée incapable de poser convenablement sa question.

« Tu parles peut-être au prochain président de la République »

Laurent Ruquier a tenté de venir au secours de Philippe Poutou en intervenant: « Déjà qu’il n’a pas beaucoup de temps de parole ». Yann Moix, lui, s’est montré plus sarcastique en lançant à sa collègue: « Mais enfin tu parles peut-être au prochain président de la République ». Après deux minutes de confusion, le candidat, après avoir demandé si la séquence allait être coupée au montage, lance « Je peux répondre moi? J’ai compris ».

La séquence a fait rire sur le plateau, mais elle a choqué sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont dénoncé le décalage entre la gravité du sujet abordé, les licenciements, et le ton léger des chroniqueurs. L’extrait a notamment été posté par un élu Les Républicains, dénonçant une « humiliation ».

D’autres ont râlé de voir le temps de parole du candidat gaspillé.

Présent sur le plateau, le médecin Michel Cymes s’est défendu de tout mépris envers Philippe Poutou.

Après cette séquence isolée, l’invité a fini par donner sa réponse, à revoir dans le replay de l’émission ci-dessous (à partir de 7:15). Avant de citer l’exemple de l’usine Ford de Blanquefort menacée, Philippe Poutou -délégué CGT du site- est revenu sur le volet social de son programme et sa solution proposée.

« Je ne comprends pas qu’ils aient gardé la séquence au montage, a regretté le candidat du NPA dans une interview accordée à Buzzfeed. Le malaise était plus de leur côté que du mien. Ils passaient beaucoup de temps à répéter la question, alors que tout le monde l’avait bien comprise. Ils n’arrivaient pas à démarrer la discussion. »

Peut-être parce que les chroniqueurs « me prennent pour un rigolo? », s’interroge Philippe Poutou. Ou alors « ils se foutent du chômage? ». « Avec Thierry Solère qui est passé juste avant, il n’y a pas eu de problème. Avec un politicien, ils savent faire, quand c’est quelqu’un de leur milieu. Mais quand c’est un ouvrier, ce n’est pas pareil je pense », analyse-t-il encore auprès de Buzzfeed.

Législatives: Ségolène Royal pas candidate, pour mieux rebondir à l’ONU?

La ministre de l’Environnement, a annoncé dimanche qu’elle ne serait pas candidate aux élections législatives de juin.

« J’ai décidé de ne pas me représenter aux élections législatives, je suis élue députée depuis 1988 », a indiqué, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture. Avec ses mots, Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, a donc annoncé qu’elle ne serait pas candidate aux élections législatives de juin.

L’ancienne présidente du conseil régional de Poitou-Charentes (2004-2014), âgée de 63 ans, avait été élue en 1988, 1993, 1997 et 2002 députée de la 2e circonscription des Deux-Sèvres. Elle a ensuite cédé sa circonscription à une proche, Delphine Batho, pour se présenter dans celle de La Rochelle, où elle a été battue en 2012 par Olivier Falorni.

Un poste à l’ONU?

Celle qui préside la COP 21 jusqu’à novembre aurait vu son nom sortir pour un poste à l’ONU. Selon Le Parisien, Ségolène Royal prendrait actuellement des cours d’anglais pour un grand oral qu’elle devrait passer fin février. Aussi, un poste à la direction du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), basé à New York, n’est pas à exclure, rapporte le JDD.

A L’Express la ministre de l’Environnement confiait avoir été approchée par des ONG et des présidents africains pour remplacer Ban Ki-Moon à la tête de l’ONU. Avant d’ajouter: « Malheureusement, ce n’est pas possible. Il y a une règle, qui est bien compréhensible. » Ce principe veut que les cinq pays ayant le statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie et France) ne présentent pas de candidats.

Macron ou Hamon?

La ministre a exprimé à plusieurs reprises ces derniers mois sa bienveillance à l’égard d’Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle. Mais elle a critiqué récemment sa volonté de supprimer l’impôt sur la fortune (ISF) et regretté son absence de programme.

Candidate malheureuse à la primaire PS de 2011, elle s’est aussi montrée ouverte à la proposition de revenu universel de Benoît Hamon, vainqueur de la primaire initiée par le Parti socialiste en janvier.

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Un salaire d’existence de Mr Benoit Hamon

Mr Benoit Hamon propose d’attribuer un salaire d’existence de 740€ par mois sans condition, spécialement de revenu, progressivement à toute la nation. Sa charge annuel au final atteindrait 600 milliards d’euros, ce qui correspond à la 1/2 des dépenses publiques. Le revenu universel fût avancé par des fonctionnaires que quelques-uns désigneraient de Thatchériens, couramment en l’ajoutant à une taxation proportionnel au salaire global pour le régler. Une charge générale au taux de 35 % pourrait en conséquence payer une charge de 850 milliards d’euros. Ce principe, revenu d’existence et un nouvel impôt relatif, promettrait, suivant ses auteurs, un plan de vie minimal à chaque Français tout en l’invitant à bosser encore plus que dans le système en vigueur. De fait, tout euro additionnel empoché par son occupation lui donnerait 0.66 Euros après prélèvement alors que, à présent, il emporte en net malheureusement 0.43 euros en moyenne, parce qu’il aperçoit réduire ses redevances sociales et accroître ses niveaux d’impositions et cotisations. Pour ces spécialistes, ce revenu commuterait un grand nombre des contributions sociales et des tâches publiques dont l’usage est individualisé. Chacun percevrait le minimum primordial pour exister, l’améliorerait par une occupation professionnelle, le dépenserait pour des biens de son choix et préserverait de manière libre contre tous les risques, notamment les actuels risques de santé. La globalité des prestations sociales atteignant quasiment 600 milliards d’euros, le revenu d’existence n’augmenterait en conséquence pas les charges publiques et pourrait être financé sans hausser les impôts obligatoires. Il faudrait seulement transformer certains de ceux-là, surtout les cotisations, par une charge sociale à 39.5 %. Le public arrêterait d’ intervenir pour proposer des fonctions aux ménages. Les implications de l’organisation d’un revenu universel sur l’efficience des sociétés, la séduction du pays, l’engagement et l’responsabilité, ou davantage la fraude aux impôts et sociale, seraient affreuses. Ce n’est clairement pas la folie d’Hamon, qui n’a pas proclamé la fin de services publics. Il est possible de simplement préjuger que le revenu universel modifierait les seuils sociétaux (autour de 26 Milliards euros) et les allocations familiales (13 milliards Euros), tout enfant y adjugeant droit, néanmoins ces économies ne moduleraient pas la réalité de la difficulté : il faudrait agrandir les impôsitions obligatoires d’environ 550 milliards Euros, soit de 50 %. Les répercussions de l’instauration d’un salaire d’existence sur l’efficience des sociétés, la séduction du territoire, l’engagement et l’activité, ou encore la fraude aux impôts et sociale, deviendraient affreuses.

Penelope Fillon aimerait s’exprimer, mais François Fillon refuse

Le candidat à la présidentielle a révélé à Paris Match qu’il ne souhaitait pas que son épouse s’exprime sur le Penelopegate, alors qu’elle est prête à le faire.

« Dans la Sarthe, Penelope retrouve les images de son enfance, bâtisses ancestrales, épais brouillard, chevaux, jardins potagers. » A l’occasion de son dernier numéro, Paris Matchrevient sur l’histoire d’amour simple et champêtre du couple Fillon. L’article s’intitule « Penelope, de l’ombre à la lumière » et parle avec poésie de l’Anglaise de 61 ans, qui « vient de la terre et des roses, des vastes prairies parsemées de vieux clochers, du rugby et du thé. »

« Cette vie n’est pas pour moi », lâche-t-elle en 2007

L’article détaille également comment les deux époux sont tombés amoureux, et comment « Penny » (ou même « Pennylane », pour ses amis de Liverpool) a suivi son mari dans son ascension politique, malgré son besoin viscéral de rester dans l’ombre.

LIRE AUSSI >> Qui est Penelope Clarke, la discrète épouse de François Fillon?

Car la très discrète Madame Fillon semble souffrir de timidité quasiment maladive. « Je n’y arriverai pas. Cette vie n’est pas pour moi « , aurait-elle déclaré en 2007, losqu’elle se retrouve sous les feux des projecteurs, son étant époux devenu Premier ministre. « Cette réserve est aujourd’hui ce qui la perd. Comment expliquer que l’on a travaillé quand on a cultivé si longtemps la discrétion? », se demande l’hebdomadaire.

François Fillon veut « monter en première ligne »

L’information la plus étonnante de cet article reste que Penelope Fillon souhaiterait aujourd’hui prendre la parole sur son présumé emploi fictif. Elle aimerait s’expliquer sur les 900 000 euros perçus pour son poste d’attachée parlementaire auprès de son mari, ainsi que pour son travail au sein de la Revue des deux mondes.

Ce qui la retient? François Fillon, assure Paris Match. « Penelope est prête à parler, mais pour l’instant je ne suis pas pour. C’est à moi de monter en première ligne, » a-t-il affirmé à l’hebdomadaire le 16 février dernier.

Chevaleresque ou misogyne? « Sa discrétion naturelle l’empêcherait-elle de se défendre? A trop être effacée, on manque d’arguments pour prouver son activité », tente d’expliquer l’hebdomadaire. Reste à savoir si Penelope Fillon réussira, ou non, à avoir gain de cause.

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Les 14 victimes présumées de Denis Baupin posent à visage découvert

Neuf mois après avoir pris publiquement la parole pour accuser Denis Baupin de harcèlement et d’agression sexuelle, elles prennent la pose pour peser dans le débat de la campagne présidentielle.

Elles ne veulent pas être oubliées. Les quatorze femmes qui accusent le député Denis Baupin de harcèlement et d’agression sexuelle prennent la pose, ce lundi. L’objectif, presque un an après avoir pris la parole et en pleine campagne présidentielle, est d’imposer la lutte contre le harcèlement sexuel dans le débat.

Il y a un an, c’est un cliché qui faisait sortir Sandrine Rousseau, Elen Debost, Isabelle Attard, Annie Lahmer et dix autres femmes du silence: Denis Baupin avait participé à la campagne Mettez du rouge visant à lutter contre les violences faites aux femmes, durant le mois de mars. Deux mois plus tard, les témoignages des victimes présumées étaient dévoilés par Mediapart et France Inter. Certains faits remontent à une quinzaine d’années.

4 voix pour 140 femmes?

Ce lundi, les quatre élues posent face caméra et dix femmes posent de dos, à l’arrière. Le mot d’ordre: « violences sexuelles: ne nous taisons plus! ». Le hashtag #14voix140femmes (14 voix = 140 femmes?) qui accompagne le cliché vise à rappeler qu’en France, seule une victime sur dix dépose plainte après une agression sexuelle ou un viol.

Le député écologiste, qui nie toujours les accusations, a été confronté en décembre à l’une de ses accusatrices, Isabelle Attard, après l’ouverture de l’enquête au printemps dernier.

La colonisation est-elle un crime contre l’humanité?

En assimilant à Alger la colonisation à un crime contre l’humanité, le candidat Macron a soulevé une tempête. L’homme n’a pas la réputation de dire n’importe quoi (à la différence de l’actuel président des Etats-Unis), mais il ne recule pas néanmoins devant des propos provocants à l’égard des diverses bien-pensances. N’a-t-il pas déjà affirmé que le libéralisme était une idée de gauche et que la vie d’un chef d’entreprise pouvait être plus dure que celle de ses employés? Cette fois pourtant, on pourrait lui reprocher un raccourci qui manque de clarté parce qu’il ne s’inscrit pas suffisamment dans une perspective historique.

Il faut d’abord rappeler que les deux vagues de colonisation européennes, celle des XVI°-XVII° siècles, celle des XIX°-XX° siècles sont l’une et l’autre des manifestations d’impérialisme, autrement dit de conquêtes militaires visant à acquérir des territoires et à soumettre des peuples vaincus à sa loi. Ces pratiques emplissent l’histoire humaine depuis la nuit des temps et en dehors des empires coloniaux, trois des puissances qui provoquèrent en Europe, il y a cent ans, la Première guerre mondiale s’étaient constituées au fil des siècles de cette manière : les empires russe, austro-hongrois et ottoman. Conquérir et élargir le champ de sa domination avait été de tous temps l’objectif des dynasties et ce processus avait constamment reposé sur la contrainte et la violence. L’histoire humaine est pleine de bruit et de fureur et la conclusion est toujours la même : malheur aux vaincus.

Il ne faut pas cacher d’autre part que derrière ces ambitions, l’espérance d’un profit, qu’il provienne du pillage ou de l’exploitation, n’est jamais éloignée. Peut-être même reste-t-elle le moteur principal de l’action. Elle domine à coup sûr les entreprises coloniales des peuples européens lors de la première mondialisation, celle qui suit l’élargissement du monde consécutif aux voyages et aux découvertes maritimes des XV°-XVI° siècles et qui aboutit à la conquête de plus de la moitié du continent américain par les puissances ibériques.

C’est dans un autre contexte que se situe cependant l’expansion coloniale du XIX° siècle, commandée tant par les besoins économiques du capitalisme triomphant et de la croissance que par la rivalité des états européens qui cherchent à équilibrer leurs rapports de force. Les colonies sont aussi des bases maritimes, des espaces géostratégiques et des réserves de soldats. Mais là, commencent à surgir des questions. La colonisation espagnole du XVI° siècle s’était donnée bonne conscience en considérant qu’elle répandait la vraie religion et déracinait un sanglant paganisme. Sans écarter l’argument (souvenons-nous du rôle des diverses missions chrétiennes), la colonisation du XIX° siècle n’a pas cherché de justification morale du côté de la religion mais, dans la droite ligne des Lumières et de l’idéologie du progrès : elle s’est voulue civilisatrice, convaincue de la supériorité du modèle culturel occidental. Ce dernier était LA civilisation, toutes les autres n’étant que décadence ou sauvagerie.

Il est toujours dangereux d’attribuer aux gens du passé nos certitudes et nos façons de voir et c’est l’un des travers de notre temps. Sans intégrer cet état d’esprit d’autrefois, il est impossible de comprendre pourquoi des sociétés, qui inventaient au même moment la démocratie et la liberté civique, pouvaient en même temps cautionner des conquêtes militaires souvent assorties des violences et des atrocités qui les accompagnent. Certes, pensait-on, tout cela était regrettable, mais au final, on allait arracher des peuples à la barbarie et si on les brutalisait un peu et qu’on les soumettait, ils finiraient par nous en remercier. Kipling ne dit pas autre chose en quelques strophes célèbres : « O Blanc, reprends ton lourd fardeau/ Envoie au loin ta plus forte race/ Jette tes fils dans l’exil/ Pour servir les besoins de tes captifs! ».

Et n’imaginons pas là une hypocrisie collective. Français, Anglais, Belges, Néerlandais y croyaient et les instituteurs enseignaient aux enfants les vertus de la « mission civilisatrice » de leur patrie. Ce n’est pas par hasard qu’en France, Jules Ferry, ce grand républicain, l’homme de l’école laïque publique, fut aussi un colonisateur résolu.

Tout cela change après 1945 parce que l’idée même de conquête impériale est mise hors-la-loi après l’entreprise hitlérienne. L’Occident a perdu son complexe de supériorité et la guerre s’est faite au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ce qui rend difficile la justification de la domination coloniale. A cela, s’ajoute la contestation du système par les élites acculturées des peuples colonisés, qui revendiquent leur émancipation au nom même des principes des colonisateurs. Enfin, le déroulement du conflit a conduit à de singulières inversions. Pour la France par exemple, c’est de ses colonies qu’est venue, après le désastre de 1940, la renaissance d’une armée et Alger s’est trouvée de longs mois la capitale du gouvernement provisoire de la République. Les bases sur lesquelles reposait le système colonial sont sapées.

Certains pays le comprennent : la Grande-Bretagne reconnaît dès 1947 l’indépendance de l’Inde. En France, on ne s’y résout pas malgré d’évidentes contradictions. Comment la nation qui a été l’initiatrice des Droits de l’homme et dont la devise est « Liberté. Egalité. Fraternité » peut elle accepter outre-mer que la société soit faite d’une minorité de citoyens à part entière commandant et administrant des millions de sujets? En Algérie, 90% de la population est dépourvue de droits réels. Face aux révoltes, les gouvernements ne savent répondre que par la répression et d’Indochine en Algérie, cela conduira à plus de quinze années de guerres inutiles qui mettront le pays au bord de la guerre civile.

Il y a pourtant au milieu de la médiocrité politique de l’époque des esprits lucides. Charles de Gaulle a compris en pleine guerre mondiale que le système colonial était dépassé et par son discours de Brazzaville (janvier 1944), il a esquissé l’idée d’une sorte de fédération future où les colonies deviendraient des états émancipés. Son ministre des finances d’alors, Pierre Mendès-France, est sur la même ligne et c’est lui qui amorcera (sans pouvoir le poursuivre, hélas!) un processus décolonisateur au milieu des années 1950. L’obstination des partisans du statu-quo le fera échouer et à travers la guerre d’Algérie, la colonisation finira par sombrer dans l’horreur et le chaos, ne laissant des deux côtés que des perdants.

Alors, la formulation d’Emmanuel Macron, fausse juridiquement, ne l’est peut-être pas tant si le mot « humanité » est compris dans son sens moral. C’est peut-être la raison pour laquelle 51% des Français d’aujourd’hui, paraît-il, l’approuveraient.

Et puis (et peu de commentateurs l’ont remarqué), si les entreprises de conquête coloniale ont aujourd’hui disparu, il en reste néanmoins une qui demeure singulièrement active : celle de l’Israël de Nétanyahou. A l’heure où d’aucuns la soutiennent bruyamment à Washington, peut-être Macron, de ce côté, a voulu aussi faire un signe.

Délit d’entrave à l’IVG: « Les propos sur les réseaux sociaux sont aussi concernés »

Le Parlement a définitivement adopté, ce jeudi, l’extension du délit d’entrave à l’IVG. Catherine Coutelle, la rapporteure de la proposition de loi, ne s’attendait pas à des débats d’une telle intensité. Interview.

Après trois mois de débats très vifs, l’Assemblée nationale a définitivement adopté, ce jeudi, la loi sur l’extension du délit d’entrave à l’IVG. Ce texte prévoit d’étendre au numérique le délit d’entrave à l’avortement, créé en 1993 lorsque les pro-vie s’enchaînaient aux grilles des hôpitaux pour empêcher les femmes d’exercer leur droit à l’IVG.

Désormais, les femmes qui auront été empêchées d’accéder à l’IVG par des informations trompeuses, véhiculées sous une apparente neutralité, pourront déposer plainte. Les sites reconnus coupables du délit d’entrave encourront 30 000 euros d’amende et 3 ans d’emprisonnement. Entretien avec la rapporteuse de la proposition de loi, la députée PS de la Vienne et présidente de la délégation de l’Assemblée nationale aux Droits des femmes, Catherine Coutelle.

Comment accueillez-vous l’adoption de ce texte que vous avez porté pendant trois mois?

Catherine Coutelle: Je suis très heureuse que nous soyons parvenus à compléter le délit d’entrave à l’IVG, qui se produit essentiellement aujourd’hui sur internet. Et je suis ravie que la version qui a finalement été adoptée soit bien celle de l’Assemblée nationale et non celle du Sénat, plus édulcorée. Désormais, les victimes d’un délit d’entrave à l’IVG pourront saisir la justice, comme celles qui avaient été empêchées, physiquement, d’entrer dans une clinique. Ma seule crainte, c’est que ces sites qui pratiquent le délit d’entrave à l’IVG sont extrêmement alimentés financièrement. Manifestement, il y a de l’argent. Donc je ne pense pas qu’une amende de 30 000 euros les fera forcément reculer. Mais cela peut les stigmatiser. Et je pense qu’ils sont quand même inquiets, vu la guerre qu’ils me font.

Certains estiment que ce texte risque de rencontrer un problème d’application. Ne sera-t-il pas complexe pour le juge d’établir la différence entre ce qui relève du délit d’entrave et ce qui ce qui relève d’une opinion?

Absolument pas. Si un site profère, officiellement, une opinion contraire à l’IVG en disant clairement qu’il est contre, alors il ne sera pas poursuivi. Ces sites-là n’interdisent à personne d’aller pratiquer une IVG, ils exposent des arguments. Mais les sites ciblés par notre texte avancent masqués. Ils se présentent comme des sites officiels, alors qu’en réalité ce sont des sites pro-vie, anti-IVG. Une entrave, c’est une entrave! Si une personne qui voulait avorter n’a pas pu le faire parce qu’elle a été mal conseillée, mal aiguillée, que l’on a exercé des pressions sur elle, qu’elle a été harcelée -comme j’ai pu le constater-, alors elle et sa famille seront en droit de porter plainte contre ces sites qui l’ont mal informée.

LIRE AUSSI >> La désinformation d’IVG.net, entre risques farfelus et discours culpabilisant

Encore une fois, nous n’entravons pas la liberté d’expression, dans la mesure où l’on ne fait pas fermer les sites. Nous permettons de poursuivre des sites qui avancent masqués. Qu’ils annoncent la couleur! Qu’ils disent clairement qu’ils sont des sites pro-vie, anti-IVG, qui exposent des arguments selon lesquels il ne faut pas se faire avorter.

Ce texte va-t-il s’appliquer aux réseaux sociaux?

Toute désinformation sera concernée, y compris sur les réseaux sociaux. Je sais par exemple que le site que j’avais auditionné, ivg.net, a un compte Facebook sur lequel il développe les mêmes argumentaires et où il peut y avoir des échanges d’informations.

Vous attendiez-vous à des débats aussi houleux, plus 40 ans après l’adoption de la loi Veil?

Je suis très surprise qu’aujourd’hui, en France, on entende des choses à peu près équivalentes à ce que l’on pouvait entendre à l’époque de Simone Veil. Nous pouvions penser que les esprits avaient un peu évolué, mais nous avons aujourd’hui affaire à des mouvements réactionnaires très puissants et qui se réorganisent. Que l’on en soit encore là 40 ans après m’a beaucoup surprise. Mais cela m’a surprise dès 2014, lors des débats autour de la suppression de la notion de détresse, puis du délais de réflexion dans la loi sur l’avortement. A chaque fois, le combat est le même.

Je pense qu’aujourd’hui en Europe -et dans le monde-, nous devons faire face à des mouvements très réactionnaires, très organisés, qui poussent pour revenir sur les droits sexuels et reproductifs des femmes. Et moi, cela m’inquiète beaucoup. Nous n’avons pas pu célébrer Pékin 1995 [La quatrième Conférence mondiale sur les femmes des Nations Unies]! En 2015, nous aurions dû fêter les 20 ans de Pékin, mais nous n’avons pas pu le faire, à cause des pressions de puissants pays conservateurs, comme l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis de Bush et maintenant de Trump, ou encore le Vatican. C’est une réalité, dramatique, dont il faut prendre conscience.

Délit d’entrave à l’IVG : une menace pour la liberté d’expression?

Un débat passionné s’est ouvert le 1er décembre 2016 à l’Assemblée nationale et après plus de deux mois d’échanges frénétiques, le délit d’entrave à l’IVG a été étendu à internet dans un climat enfin apaisé. En effet, le 16 février 2017, l’Assemblée nationale a adopté définitivement la proposition de loi visant à lutter contre les pratiques de désinformation, notamment sur internet, induisant intentionnellement en erreur ou exerçant une pression psychologique sur les femmes et leurs entourage en matière d’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Si cette proposition de loi est une avancée incontestable et indispensable pour le droit à la libre disposition du corps humain, elle a aussi posé un certain nombre d’interrogations concernant la liberté d’opinion et d’expression. Deux libertés fondamentales, qu’il convient de promouvoir et qui ont fait l’objet d’une controverse romanesque au sein du Parlement.

D’un côté, les défenseurs du droit des femmes, attentifs à la désinformation sévissant sur internet au moyen de sites internet faussement neutres et présentés comme des sites internet officiels : IVG.net, avortement.net, ecouteivg.net en sont l’exemple. Des sites internet appartenant aux lobbies pro-vie et distillant des informations mensongères sur l’IVG avec des témoignages sordides ou des études sournoises à l’appui.

De l’autre, les promoteurs de la liberté d’opinion et d’expression, attachés à ce que tout type de propos puisse être tenus dans l’espace public, tant qu’ils ne portent pas atteinte à l’ordre public. En l’espèce, la désinformation et les mensonges concernant l’avortement feraient parti des dommages collatéraux à la défense de la liberté d’expression.

Dans cette optique, un choix a été posé au législateur : faire prévaloir une liberté fondamentale plutôt qu’une autre. Opter entre libre disposition du corps humain ou liberté d’expression. Cependant, en matière de libertés publiques, il convient de prendre du recul et de sortir du prisme trop subjectif de l’opposition entre deux libertés.

Revenons donc à l’essence de la formule : la liberté – c’est-à-dire l’aptitude des individus à exercer leur volonté – ne peut être qu’une liberté relative dans un État de droit. En effet, elle doit être compatible avec l’égalité et la justice. Ainsi, l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme, prévoit que la « liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Cette liberté relative est d’ailleurs consacrée par la Convention européenne des droits de l’homme qui encadre l’exercice de liberté d’expression dans son article 10.2.

Article 10.2 de la CEDH : « L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, […] à la protection de la santé ou de la morale, […]».

Or, si l’on revient au cas d’espèce, il semblerait que faire entrave à l’interruption volontaire de grossesse, par des informations mensongères, de nature à induire une personne en erreur, constitue une atteinte à la liberté de choix et de conscience. Une entrave à une liberté publique qui mériterait de pouvoir être poursuivie et soumise à l’appréciation d’un juge.

Tel est l’objet de cette proposition de loi : permettre au juge judiciaire d’apprécier si un propos, quel que soit son contenu, porte atteinte à la libre disposition du corps humain. A ce titre, l’Assemblée nationale vient de doter le juge d’un levier salutaire pour faire respecter le droit des femmes à disposer librement de leur corps.

Bobigny: Fillon a-t-il raison de s’interroger sur l’autorisation du rassemblement?

Samedi, quelque 37 personnes ont été interpellées après les violences qui ont éclaté en marge du rassemblement en soutien à Théo à Bobigny. La classe politique n’a pas manqué de pointer la responsabilité du gouvernement.

Des vitrines brisées, quatre voitures incendiées… Les violences qui ont suivi la manifestation qui s’est tenue samedi en soutien du jeune Théo, gravement blessé lors de son interpellation par la police le 2 février n’ont pas manqué d’alimenter le débat politique. Quelque 37 personnes ont été interpellées au total.

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François Fillon, qui tente un retour en campagne après deux semaines de polémique liée au Penelopegate, n’a pas hésité à pointer la responsabilité du gouvernement. « Pourquoi le ministre de l’Intérieur a-t-il autorisé » la manifestation de Bobigny « alors que les risques de violence étaient évidents? », s’est interrogé François Fillon, s’étonnant du « silence » de Bruno Le Roux.

« Toute la vérité » doit être faite sur les circonstances de l’interpellation de Théo le 2 février à Aulnay-sous-Bois, rappelle-t-il, mais « le gouvernement ne doit pas laisser s’exprimer la violence dont les premières victimes sont toujours les habitants des banlieues ».

« C’est facile d’émettre un jugement a posteriori »

« Les manifestations font l’objet d’une simple déclaration à la préfecture, fait valoir à L’Express une source policière. Sur les rassemblements, la règle veut que les gens puissent s’exprimer. C’est en fonction des circonstances, et des éléments disponibles qu’une éventuelle décision d’interdiction peut-être prise. »

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Autrement dit, la manifestation de samedi n’a pas été jugée comme étant à risque. « Il y a eu des rassemblements en Seine-Saint-Denis la semaine dernière qui n’ont posé aucun problème, notamment avec des mères de famille. Samedi, les actes de violence ont été causés par des éléments perturbateurs extérieurs, qui sont venus se greffer. C’est toujours facile d’émettre un jugement a posteriori. »

Pour autant, il est probable que les dégradations et les interpellations du week-end risquent de jouer dans le traitement de futures demandes de manifestations. « Très clairement, si une nouvelle déclaration est déposée, les autorités devraient regarder ce qu’il s’est passé, c’est quelque chose qui peut être pris en compte », poursuit notre interlocuteur, ajoutant que les échanges avec le ministère de l’Intérieur sont « quotidiens ».

Une position « opportuniste » de François Fillon

Contacté par L’Express, l’entourage de Bruno Le Roux, ministre de l’Intérieur, assume lui sa décision. A ce stade, les prochaines manifestations ne semblent pas particulièrement menacées. « L’interdiction est soumise à des principes de droit et de proportionnalité. Cela peut-être le cas si un rassemblement menace gravement l’ordre public. Notre position, dans ce cas, était de laisser la possibilité aux gens de s’exprimer. On sait que lorsqu’un petit groupe décide d’aller dans une manifestation pour casser, il le fait. »

Quand aux critiques de François Fillon, on explique ne même pas vouloir en tenir compte. « Cela fait un petit moment qu’il nous cherche. Notamment sur les affaires, puisqu’il parle d’un complot en sous-entendant une implication au sommet de l’Etat. Nous ne voulons pas rentrer dans ce jeu-là. Il y a une forme d’opportunisme, du moins c’est ce que l’on ressent. »

D’autres candidats à l’élection présidentielle se sont également engouffrés dans la brèche. Pour Marine Le Pen, ces incidents sont « la conséquence du laxisme qui diffuse dans la société française, qui est la responsabilité des politiques qui nous ont gouvernés pendant des années ». Jean-Luc Mélenchon a usé de sous-entendus en faisant valoir que « certains ont l’air de souhaiter des émeutes de banlieue ». Pour le candidat de la France insoumise, « il y a une volonté de je ne sais qui de multiplier les provocations ».