Monthly Archives: janvier 2017

Geopolitics of retaliation

The Anglo-Saxons have, among other shortcomings, bequeathed by former times when they were all-powerful, the delusion of believing in their impunity.

Whatever they do, it would never occur to them to think that others could use the same weapons; they never assume they could suffer retaliation or reprisals. Indeed, game theory, as well as strategic and geopolitical practice, teach that the weak have nothing to gain from using the weapons of the strong: It is said that what goes around comes around. It is thought that they must not go toe to toe, but find specific methods, like those used by David when facing Goliath.

Hence, today, the UK would not pursue the idea that the other Europeans could initiate steps to close the continental markets to them. And the US would not pursue the idea that other countries of the world may be unwilling to invest there, invest their money, or send their talents, and even let their citizens go on vacation, or work there.

Both believe that their partners need them so much that they will resign themselves to suffer their unilateral actions and beg them to accept a compromise.

In particular, that is what Trump hopes for: Like a good business tactician, he knows that, if he alone applies these measures, he will benefit from them; he will bring jobs back home while the rest will keep on importing American products and finance the U.S. deficit.

What if the Anglo-Saxons were wrong? And if the others did not resign themselves in the face of their overwhelming might? What if the rest of the world were to use the same weapons they do? If they were to come out of this mental dependence to which they are accustomed, Anglo-Saxon partners (and especially the most important ones, Europeans and Chinese) would understand that the weapons available to them are more formidable than ever.

For example, it would be sufficient, with regard to the United Kingdom, for other Europeans to close the door to British industrial or financial products, invoking the appropriate articles of the Treaty, for London to loose ground and give up. Similarly, it would be enough for Europeans and Chinese to join forces to apply the same protectionist measures against the United States that Trump has just taken against them for the US economy to collapse. It would mean the following: Prohibiting the access to European and Chinese territories of the citizens of the United States. Prohibiting European and Chinese companies from investing in the United States to re-export elsewhere in the world. Prohibiting European and Chinese banks from buying U.S. Treasury bills.

It is time for Europeans and Chinese not to tremble, and to threaten, in a credible way, May and Trump to implement proportionate retaliations. If the means of retaliation are credible and efficient, May and Trump can only take a big step backward, under pressure from the only people that they truly listen to, their billionaire friends. For that to happen, however, in Europe sufficiently committed people would be needed so that they want, can design, and implement such a policy.

Naturally, in terms of geopolitics, we are in danger of entering on a disastrous and suicidal course of action. Protectionism could start to go sideways ending in nationalism and war; and precisely if Europeans and Chinese do not do so, it is because they both know that no one has anything to gain from this suicidal course of action in retaliations.

Nevertheless, on our side, not to do so is to condemn ourselves to the worst-case scenario, for the sole benefit of outdated and obsolete powers. To do so is to create the conditions to stop this course of action and return to a controlled globalization subject to the rule of law.

Incidentally, it would not be the time, in France, to entrust the reins of power to some amateur…

j@attali.com

Primaire de la gauche: « Non, Benoît Hamon n’est pas laïque! »

Manuel Valls lui en a fait le reproche: la vision « permissive » de la laïcité que défend Benoît Hamon n’est pas du goût de tous, à gauche. Et, à la veille du deuxième tour de la primaire, ce collectif de personnalités et de présidents d’associations l’écrit crument.

Dans le cadre de la campagne présidentielle, L’Express donne régulièrement la parole à des personnalités qui le souhaitent et affichent ici leur engagement, et les raisons de cet engagement, en faveur de l’un ou l’autre des candidats. Ce collectif de personnalité(e)s et président(e)s d’associations emmené par Laurence Marchand-Taillade, présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val-d’Oise, reproche à Benoît Hamon son ambiguïté sur la question de la laïcité.

Les primaires de la gauche amènent à s’interroger sur les principes fondamentaux de la République et la façon dont ils sont portés, dans les projets de chacun. Le quatuor de principes fondateurs depuis plusieurs décennies est clair: Liberté-Egalité-Fraternité et Laïcité. C’est loin d’être évident pour tout le monde.

Une laïcité « sans excès »

Monsieur Hamon, depuis plusieurs années, revient subrepticement sur ce dernier principe, en même temps qu’il rogne lentement sur l’Egalité, qu’il « défend » en paroles lors d’interviews et relativise lorsque confronté à la réalité de faits.

Dénonçant « cette laïcité utilisée comme un glaive contre une seule religion », il revendique une laïcité « sans excès » dont la « la diversité est une richesse ».

Lors de son passage éclair au ministère de l’éducation – 147 jours – il réussit à détricoter les « ABCD de l’égalité à l’école », ouvrit grand les portes du ministère aux revendications des mères voilées, s’agissant des sorties scolaires. Il s’est aussi prononcé pour le port du voile à l’université, lieu d’éducation publique.

Benoît Hamon, toujours en 147 jours, a réussi le tour de force de renier les engagements pris par son prédécesseur, Vincent Peillon, qui avait engagé, outre la rédaction de la charte de la laïcité à l’école, la création d’un enseignement de morale laïque. Arrivant même jusqu’à rayer ou presque le terme laïque de l’exposé des sept grands principes que comprenait ce nouveau programme.

« Historiquement, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes »

Plus récemment, à la suite de la diffusion du reportage de France2, suivant Nadia Remadna, et sa Brigade Des Mères, dans un café à Sevran, dont on lui a refusé l’accès, il minimise l’événement, jugeant qu' »historiquement, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes ». Il poursuit en déclarant qu’il ne faut pas « créer des guerres tout le temps. Oui il y a des problèmes, mais ce n’est pas en jetant l’opprobre systématiquement qu’on arrivera à les résoudre »… Relativisant, ainsi, ce manque évident de considération de l’Egalité des individus, au-delà du sexe, il omet toute portée religieuse au profit d’une seule pseudo explication sociale. Lui si prompt à défendre en meeting, en discours, l’Egalité salariale hommes-femmes…

Enfin, sa déclaration: « moi, j’assume bien ces passerelles » avec le candidat du Front de Gauche va-t-elle jusqu’à soutenir l’utilisation de la bourse du travail de Saint-Denis pour des meetings « contre l’islamophobie » où des élus d’une gauche dévoyée – membres actifs du Front de Gauche, dont le mouvement Ensemble, de Clémentine Autain – Signent l’appel à participer à des réunions publiques invitant Tariq Ramadan aux côtés du P.I.R. (Parti des Indigènes de la République) et du CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France)? Organisations qui prétendent dénoncer un racisme d’Etat, organisent des camps décoloniaux interdits aux « blancs » et cherchent à faire taire les laïques à coup d’accusations d’islamophobies ou en les harcelant devant les tribunaux ?

Non, Monsieur Hamon ne donne pas assez de gages concernant la laïcité, et plus largement l’égalité entre les sexes. Ses positions politiques, et réactions en interview durant ce quinquennat, sont bien plus de coups de canif dans le contrat républicain qu’il n’en faut. Benoît Hamon n’est pas laïque!

Les signataires de cette tribune: Yvette Roudy, Première Ministre des Droits des femmes, Samuel Mayol, Universitaire, Prix National de la Laïcité 2015, Laurence Marchand-Taillade, présidente de Forces Laïques, essayiste, Maudy Piot, présidente de l’association « Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir », Laurent Poulain, président de « Laïcité 30 », Annie Sugier, Présidente de la Ligue du Droit International des Femmes, Philippe Bapt, éditorialiste politique, Alain Piot, sociologue, auteur de La diabolisation de la femme, L’Harmattan, Geneviève Couraud, féministe, Nicole Raffin, militante féministe laïque

Baromètre: Hamon s’envole, Hollande rechute, Macron domine

D’après un nouveau baromètre Harris Interactive, le favori pour l’investiture de la Belle Alliance populaire bénéficie d’un regain d’opinions positives.

Est-ce l’effet primaire? Selon une enquête de l’institut Harris Interactive publiée ce vendredi sur le site Délits d’Opinion, la cote de confiance de Benoît Hamon fait un bond de 11 points à 48 heures du second tour de la primaire à gauche. L’ancien ministre de l’Education nationale se hisse donc à 35% d’opinions favorables, à plusieurs longueurs de son concurrent Manuel Valls, qui recule de 2 points pour tomber à 21%.

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Quant à François Hollande, qui a d’abord bénéficié de sa renonciation à briguer un second mandat, a perdu 3 points dans ce classement. À ce stade, 22% des personnes interrogées pour ce sondage disent faire confiance au chef de l’Etat. Il recule essentiellement auprès des proches du Parti socialiste et de Jean-Luc Mélenchon. Le leader de La France insoumise a d’ailleurs gagné 2 points, pour se hisser à 28% de cote positive.

Emmanuel Macron, dont les intentions de vote progressent de façon régulière depuis plus d’un mois, est stable dans sa domination du classement. Avec 42% d’opinions favorables, le fondateur d’En Marche! devance Alain Juppé (39%). François Fillon, lui, perd un point en un mois pour se situer à 30%. L’enquête a été en partie réalisée avant les révélations du « Penelopegate ».

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Enquête réalisée en ligne du 24 au 26 janvier auprès de 1.009 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d’erreur: 1,4 à 3,1 points.

PenelopeGate: la journaliste Christine Kelly se dit victime de menaces politiques

La seule biographe de François Fillon a assuré sur Twitter qu’une équipe politique lui faisait actuellement subir des pressions.

Christine Kelly auteure du livre François Fillon. Coulisses d’une ascension (sorti le 11 janvier aux éditions L’Archipel) est aujourd’hui submergée de coups de fils.

Toute la presse souhaite l’interroger pour savoir si elle avait perçu que Penelope Fillon était employée comme attachée parlementaire de son époux, comme l’a révélé ce mercredi le Canard Enchaîné.

« Je n’ai jamais entendu dire que Penelope Fillon travaillait »

Le problème est que la journaliste, seule biographe de François Fillon, assure ne jamais avoir entendu parler de ces missions, semblant confirmer la thèse de l’emploi fictif. C’est ce qu’elle affirme d’abord dans le Canard Enchaîné, selon lequel Penelope Fillon a empoché 500 000 euros brut en huit ans.

« C’est surprenant, raconte Christine Kelly au Canard. Je n’ai jamais entendu dire que Mme Fillon travaillait. Personne ne m’a jamais parlé de cela. Ce n’est pas non plus ce qui est ressorti d’un entretien que j’ai eu avec elle et de plusieurs autres avec François Fillon. Elle m’a juste dit qu’elle assistait aux réunions de François Fillon lors des campagnes mais pour moi, c’était vraiment la femme au foyer qui s’occupait des enfants. » Voila qui a le mérite d’être clair.

Sur Twitter aussi, Christine Kelly indique ce mercredi matin « ne pas être au courant » de cet emploi parlementaire. « J’ai fait une bio sur François Fillon pas sur elle », souligne-t-elle, avec un smiley.

Premier avertissement sur Twitter, le deuxième sera public

Vers 16h, c’est un message un peu moins amusé que publie la journaliste sur le réseau social. « À l’équipe politique qui me menace sur ma messagerie, je déteste les menaces et je ne succombe pas aux pressions, écrit Christine Kelly. Premier avertissement. »

Dans un autre message, la journaliste affirme ne pas vouloir dire de quelle équipe il s’agit. A l’AFP, Christine Kelly a expliqué avoir reçu des coups de fils répétés.

« On m’a laissé deux messages depuis ce matin. Je les garde, et je les garde secrets. Mais je n’aime pas ça du tout et le deuxième avertissement sera public. » L’Express, qui a tenté de joindre Christine Kelly, n’a pas encore obtenu de réponse de sa part.

VIDÉO. Jean Lassalle laisse les téléspectateurs perplexes dans ONPC

Le député des Pyrénées-Atlantiques et candidat à l’élection présidentielle était l’invité de l’émission de Laurent Ruquier. Sa prestation, à défaut de convaincre les télespectateurs, a bien réveille Twitter.

Invité de l’émission On n’est pas couché, de Laurent Ruquier, le député iconoclaste des Pyrénées-Atlantique Jean Lassalle venait faire la promotion de son livre Un berger à l’Élysée, dans lequel il explique notamment sa candidature à la prochaine élection présidentielle.

Interrogé par les chroniqueurs Vanessa Burggraf et Yann Moix, le candidat a notamment été invité à s’expliquer sur sa présence controversée dans la délégation française qui a rendu visite début janvier à Bachar-el-Assad, en Syrie. Mis en difficulté par le duo, il a exprimé ses « doutes » sur les accusations de crimes de guerres qui visent le dirigeant syrien.

Devant des chroniqueurs cachant mal leur scepticisme, il est également revenu sur son opposition au mariage pour tous et sur sa campagne en cours. La présidentielle, Jean Lassalle semble y croire. Il a même déclaré être en route vers les 350 signatures (sur les 500 nécessaires pour pouvoir se présenter), et être « déjà habité par la fonction ». Pas sûr que son passage ait pourtant convaincu le 1,26 million de téléspectateurs (18,0% de part d’audience).

Si ces chances de pouvoir se présenter à la présidence restent improbables, Jean Lassalle pourra continuer de marquer l’Assemblée nationale par ses coups d’éclat. Comme lorsqu’il faisait rire ses collègues députés en racontant ses déboires pour repasser le permis de conduire, lors de l’examen du projet de loi Macron.

Hollande, futur roi de Tromelin?

vue-aerienne-de-l-ilot-de-tromelin-le-16-avril-2013_4108360Ces derniers jours, l’on a mandé bien des âneries sur l’avenir de notre futur ancien roi. Nous sommes en mesure de révéler la vérité toute nue. A commencer par le lieu de sa villégiature prochaine.

Connaissez-vous l’île de Tromelin? Ce caillou, assez ingrat, fit tout récemment l’objet d’une entourloupe à la Chambre basse à propos d’un traité que le roi de France, notre Flou, se devait de promptement ratifier.

Il n’en fut rien.

Pour une étrange raison, le sort de cette île, balayée par de doux alizés, fut également balayé de l’ordre du jour.

Sur ordre du roi.

Les parlementaires, frustrés d’un débat si coruscant, s’en émurent. Rien n’y fit: pour une fois, le roi demeura de marbre. « Touche pas à mon atoll ».

Par tous les Saints, cette île mystérieuse, inconnue de nos commensaux, cèlerait-elle de tels trésors qu’il se fallut de l’abriter de l’avidité des orpailleurs?

Point. Située non loin de l’île de France, jadis habitée par des esclaves oubliés après l’échouement de leur galère, Tromelin est aussi vaste qu’une robe de baptême, aussi riante qu’un loto en maison de retraite.

Serait-ce là destination digne d’un dessein royal?

Le roi se prendrait-il d’en faire un Sigmaringen tropical?

Nous avons souhaité en savoir davantage, et sollicitâmes une entrevue avec Monsieur de Jouyet, présenté comme l’architecte de ce projet à la vérité assez extravagant.

Coincé comme porte vermoulue, il se montra fort peu disert et feignit tout ignorer de cette entreprise. Mais il fut plus loquace lorsque nous évoquâmes le projet de fondation sociale que le futur ancien roi, fort de son expérience et bardé de son incommensurable habileté politique, serait appelé à présider après son départ du Château, aux prochains lilas.

Nous insistâmes, au prix d’une certaine inélégance. Monsieur de Jouyet, se fit impatient, daignant à peine évoquer le chimérique dessein du Flou de succéder à ce Monsieur Tusk, présentement vice-roi d’Europe, une bien honorifique charge, cependant très appétissante.

La Cour fit ses choux gras de ce fagot de haute volée, éventé par une gazette de renom: l’affaire enfiévra les esprits au point de faire passer les pitoyables débats de la primaire pour distraction de patronage.

Le roi lui-même, froissé d’en avoir été blacklisté, fit savoir qu’en ce dimanche glacial, il ne prendrait point part au vote: il s’était habilement enquit, voici plusieurs jours, d’effectuer un voyage de stratégique importance en l’île de Pâques.

Cette soudaine passion insulaire nous mit la puce à l’oreille et nous ne tardâmes point à saisir que le Flou s’était entiché de l’île de Tromelin, souhaitant s’y établir en compagnie de ses derniers féaux.

Nous sûmes alors, par une indiscrétion de cette canaille d’Artois, la plus grande bignole du royaume, que le Flou avait exigé de Monsieur de Jouyet qu’il se chargeât de la short list des VVIP conviés à résider en l’île.

Sitôt établi, le roi, désormais sacré roi de Tromelin, empereur au pagne fleuri, entendrait battre monnaie, lever une escouade de prétoriens aguerris, tout ainsi qu’établir l’indigénat à des fins de tondre les autochtones avec le talent dont il preuve lors du Grand matraquage fiscal du début de son règne.

Pour renfort de potage, Monsieur de Jouyet travaillerait, pour l’heure, sur un chapitre essentiel de l’étiquette: les costumes.

Sur les conseils avisés de Madame de Cordula, experte en tropicaleries mondaines, les pagnes portés en Cour seraient adornés de fleurs d’hibiscus tout ainsi que de bougainvillier. La mise des gens de Cour serait assez sobre, dispensant de surtouts, chemises et chopines vénitiennes, assez inconfortables dans la touffeur des tropiques.

Madame de Cordula préconise encore que le roi s’abstienne de porter une Couronne, suggérant un simple bandana aux armes de Tromelin, sur lesquelles planche présentement un héraldiste de renom.

Un hymne national, pompeusement intitulé, « Aux armes tromelins » serait également composé à des fins d’être interprété par des joueurs d’ukulélé.

L’infortuné Monsieur de Jouyet, à ployer sous le labeur et le dévouement, ne mouche sa chandelle qu’à l’aube naissante: le roi s’est pris d’exiger une Constitution placée sous la doxa tutélaire des esprits laïcs auxquels il siérait de rendre hommage chaque jour que Dieu fait, en dressant force banquets, des Kaï-kaÏ, où l’on ripaillerait d’abondance.

Cet Eden se devrait-il de séduire les proches du roi qui, à présent, craignent la relégation, l’oubli, l’ignorance des gazettes et des plateaux,?

Approché, le comte Le Foll, en danger dans son fief de la Sarthe, semble faire la moue du dédain. Monsieur de Cazeneuve, également pressenti, fait savoir qu’il entend reconquérir son duché de Cherbourg.

Mais la question qui agite la Cour est de cruciale importance: Mademoiselle de Maintenant fera-t-elle son content d’une existence toute de bikinis et de lait de coco? Nul ne le sait, pas même Artois!

D’aucuns, à l’esprit mal tourné, évoquent le destin du Petit tondu à Sainte-Hélène, voire pour les plus tordus, celui du traître Pétain à l’île d’Yeu, arguant que les îles sont point propices à l’exil.

Valls giflé en Bretagne: au fait, comment sont protégés les anciens ministres?

Mardi, Manuel Valls a été giflé lors d’un déplacement de campagne en Bretagne. Le jeune homme a rapidement été maîtrisé. Un policier explique à L’Express en quoi consiste la mission de ses collègues chargés de la protection des personnalités.

La scène de la gifle assénée par un jeune Breton à Manuel Valls, mardi en fin de journée à Lamballe, a jeté la lumière sur une profession parmi les plus discrètes: les policiers chargés de la protection des personnalités. Sur la vidéo de l’incident, après avoir tenté d’atteindre le visage de l’ancien Premier ministre socialiste, Nolan, 18 ans, est saisi au cou et jeté à terre puis immobilisé par un fonctionnaire de police. Une réaction normale et habituelle selon Fouad El Rharraz, le délégué du syndicat de police Alliance, chargé du service de la protection des personnalités (SDLP) joint par L’Express.

Manuel Valls a été touché au visage par ce jeune homme, n’y a-t-il pas eu une faille dans sa protection?

Non. La règle c’est que le VIP [Pour Very Important Person, c’est le nom donné par les fonctionnaires aux personnalités protégées] décide lui-même d’aller au contact du public. Notre service doit alors s’adapter à ses faits et gestes, il est formé pour ça. Ici, les policiers chargés de sa protection ont bien réagi, car ils ont tout de suite évacué Manuel Valls après l’incident.

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Sur les images, le jeune homme est pris au cou et projeté à terre, la réaction du policier n’a-t-elle pas été trop violente?

Il n’y a pas eu de geste déplacé et la réaction du fonctionnaire était normale. Si vous regardez bien la vidéo, le grillage derrière le jeune homme n’est pas fixe, il n’avait donc rien pour s’appuyer quand le policier lui prend le bras, c’est pour ça qu’il est tombé. S’il y avait eu un mur, le policier lui aurait fait simplement une clé de bras.

L’effectif autour de Manuel Valls -protégé au titre d’ancien chef de l’exécutif et non de candidat à la présidentielle- est-il suffisant?

Habituellement, lorsque quelqu’un quitte son poste de Premier ministre et mène une vie calme, on met à sa disposition quatre personnes, qui se relayent par binôme. Là, Manuel Valls est parti de Matignon avec 12 à 14 fonctionnaires qui travaillaient déjà pour lui.

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A mon sens et selon mon expérience, même si on à affaire à un ancien Premier ministre en campagne, il n’aurait dû y en avoir que 8.

Qui décide des personnalités à protéger et des effectifs qui leur sont attribués?

Tout est traité par l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT). Les décisions sont prises entres politiques et les policiers n’ont pas leur mot à dire. D’ailleurs, nous ne cessons de demander l’arrêt de nos missions de complaisance, car on veut recentrer les policiers sur leur corps de métier. Nos 450 officiers de sécurité et chauffeurs dépassent constamment leurs limites du temps de travail, mais notre requête est resté lettre morte.

Qu’appelez-vous « mission de complaisance »?

Certaines personnalités protégées confondent la protection et le prestige. Selon elles, ça fait bien d’avoir un chauffeur, un véhicule et un gyrophare. Je peux vous citer l’exemple d’un avocat, qui fait dépêcher deux personnes ainsi qu’un véhicule, à chaque fois qu’il va faire du sport, à 600 m de son domicile. On fait de la protection, pas de l’accompagnement!

Quel type de personnalités protégez-vous?

Nous avons deux types de missions. La première vise à protéger une personnalité de façon temporaire, parce qu’elle est menacée. On a aujourd’hui 110 à 130 missions de ce type. Actuellement, on assure notamment la protection de personnes menacées par le terrorisme, comme certains journalistes, dont une partie de l’équipe de Charlie Hebdo, et les représentants des cultes.

L’autre volet consiste à protéger quand elles le souhaitent les personnalités qui bénéficient d’une protection habituelle. Parmi elles on compte les chefs des institutions politiques, les membres du gouvernement… Tout cela mobilise une centaine de personnes, avec à chaque fois au moins un officier et un conducteur, et comme je vous le disais, on est largement en sous-effectif et les dispositions européennes du travail ne sont pas respectées.

Le recrutement est-il difficile?

La profession n’attire plus. On est en pleine période de recrutement, mais les effectifs ne viennent pas. A titre d’exemple, il y a 10 ans, lorsqu’on ouvrait 10 postes, on avait 500 à 600 demandes. Actuellement, on a ouvert 100 postes d’officiers et de conducteurs et nous n’avons eu qu’une quinzaine de demandes.

Tromelin, ce cailloux que l’Île Maurice et la France se disputent

C’est un texte qui aurait pu passer inaperçu, et qui a fini par faire des vagues. L’Assemblée était appelée à approuver un accord-cadre entre la France et l’Île Maurice sur l’île de Tromelin. En jeu : la « cogestion » de cette îlot de 1 km² (mais de 280 000 km² de zone économique exclusive).

Ce type d’accord-cadre, tout comme les traités internationaux, fait l’objet d’un rapport et d’une discussion en commission. Mais en séance, la procédure est le plus souvent celle de l’examen simplifié (un exemple ici). L’Assemblée se contente alors d’approuver ou de ratifier, en quelques secondes, sans discussion générale.

Le parcours du texte sur l’île de Tromelin est beaucoup moins simple. L’accord-cadre, signé en juin 2010, mettait fin à un long désaccord entre l’Ile Maurice et la France.

C’est le gouvernement socialiste qui avait lancé la procédure parlementaire, deux ans plus tard, sans encombre : adoption au Sénat (alors à gauche) en 2012, adoption en Commission des affaires étrangères à l’Assemblée en mars 2013, après une très brève discussion et l’exposé du rapporteur Hervé Gaymard (LR).

Naturellement, le texte avait ensuite été inscrit en séance en juillet 2013… avant d’être retiré, le ministre de l’Outre-mer Victorin Lurel n’y étant visiblement pas très favorable.

En cette fin de législature, le gouvernement décide alors de relancer la machine, en inscrivant à nouveau l’accord à l’ordre du jour de ce mercredi 18 janvier 2017 (mais pas en examen simplifié…).

C’était sans compter sur l’opposition de certains députés, notamment Philippe Folliot (UDI), qui sont montés au créneau dans la presse, dénonçant un abandon de souveraineté.

Alors que les points de vue continuent de se confronter entre députés de mêmes groupes, on a appris ce mardi matin que le texte avait finalement été retiré de l’ordre du jour par le gouvernement.

Est-ce en réaction à la pression médiatique (qui est montée ses derniers jours) ? Ou parce que le Ministère de la Défense a finalement obtenu gain de cause sur ce qui semble être un désaccord avec le Quai d’Orsay ?

Dans tous les cas, en l’absence d’approbation par le Parlement, l’accord n’est pas en vigueur. En laissant mourir la procédure, c’est surtout une belle patate chaude qui est transmise à la prochaine majorité…

Benoît Hamon propose le revenu universel pour 2017, mais pas seulement

2017. Les propositions de Benoît Hamon en matière sociale ont été phagocytées par son revenu universel d’existence. Le point sur ce sujet, mais aussi sur ses autres idées en matière de temps de travail, de protection sociale, de place du salarié dans l’entreprise…

« Il faut repenser la place qu’on accorde au travail dans l’épanouissement des individus. » Interrogé ce 13 janvier par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), au lendemain du 1er débat des primaires, Benoît Hamon a résumé ainsi ses ambitions pour repenser la société. Lesquelles vont selon lui bien au-delà du revenu universel d’existence figurant dans son programme. Ceux qui mettent le cap sur une croissance sans se préoccuper du coût environnemental et du coût social que cela représente se trompent, estime celui qui se place volontairement « hors cadre ».

Lui souhaite mettre à profit la transition numérique et écologique en cours pour changer de logiciel, revendique une société « post-croissance » où le travail, se faisant rare, devra être partagé. Et où les gens ne s’en porteront que mieux, libérés de leur asservissement à un travail susceptible de « coloniser des vies et broyer des personnes ». Ses propositions.

Le revenu universel en pratique

C’est la mesure phare. De quoi s’agit-il ? De lancer, en 2018, un revenu universel d’existence (RUE) correspondant à un RSA augmenté de 10%, et de le verser automatiquement à tous ceux pouvant y prétendre (ceux qui aujourd’hui bénéficient du RSA mais aussi ceux qui ne l’ont jamais réclamé). Ce RUE serait aussi distribué aux jeunes de 18 à 25 ans révolus. A la fin du quinquennat, il pourrait être étendu sous conditions de ressources (avec un plafond fixé autour du revenu médian des employés, soit 1600 euros).

La troisième étape de RUE généralisé à l’ensemble de la population ne pourra intervenir qu’au-delà de 2022. Pour entamer le chantier du RUE, Benoît Hamon lancera une grande « conférence sociale et citoyenne » (citoyens tirés au sort). C’est là que seront précisément défini le périmètre et le montant du subside, qui ne pourra en aucun cas venir remplacer droits au chômage, retraite ou couverture maladie.

La première étape de la mesure, dont le coût est estimé à 45 milliards d’euros, serait financée par un nouvel impôt sur le patrimoine issu de la fusion entre la taxe foncière et l’ISF. Benoît Hamon souligne que « c’est juste un peu plus que le CICE et le Pacte de responsabilité qui ont coûté 40 milliards d’euros ». Un flou total demeure sur le financement des phases ultérieures d’extension du revenu universel.

L’abrogation de la loi Travail

Comme son rival Arnaud Montebourg, Benoît Hamon a l’intention d’abroger la loi Travail dès sa prise de pouvoir. Non pas qu’il soit contre la négociation d’entreprise. « Myriam El Khomri et Manuel Valls font comme si la loi Travail avait accouché du dialogue social, mais on ne l’a pas attendu pour qu’il y ait des accords d’entreprise! », ironise-t-il. S’il est élu, le candidat rétablira la hiérarchie des normes pour que le code du travail continue de prévaloir sur les accords de branche ou d’entreprise, sauf si ces derniers apportent une protection supplémentaire aux salariés (pour rappel, ce n’est pas exemple plus le cas pour la majoration de la rémunération des heures supplémentaires, qui peut être abaissée par accord d’entreprise sous 25%, dans la limite de 10%).

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L’ex-ministre de l’Economie sociale et solidaire a aussi particulièrement dans son viseur les nouveaux critères pouvant justifier un licenciement pour motif économique. « C’est à cause d’eux que le plan social de La Voix du Nord, d’abord refusé par la Direccte, a finalement été validé », analyse-t-il. Myriam El Khomri, l’ayant entendu donner le même exemple lors du débat sur TF1, l’a interpellé sur Twitter pour nier en bloc l’accusation.

Benoît Hamon envisage d’initier une nouvelle loi Travail qui elle, sera issue « d’une vraie concertation avec les partenaires sociaux ». Elle instaurera notamment un droit de veto des élus au comité d’entreprise (dans les entreprises de plus de 2000 salariés), lorsque se poseront des questions de « délocalisation, de digitalisation, d’utilisation des fonds publics (Crédit d’impôt compétitivité emploi, crédit d’impôt recherche), de robotisation ou de fermeture d’usine ». « Les salariés ne doivent pas être des acteurs subalternes et périphériques des décisions stratégiques et il faut tendre au contraire vers une cogestion », juge-t-il.

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Sa loi Travail consacrera aussi un droit à la déconnexion effectif (les entreprises sont seulement contraintes aujourd’hui d’établir une charte) et visera à la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle (avec condamnation de l’entreprise responsable des souffrances). « On n’en fait pas assez sur les risques psycho-sociaux », martèle-t-il.

La baisse du temps de travail

La durée légale du travail – qui constitue le seuil de déclenchement des heures supplémentaires -, sera maintenue à 35 heures. Néanmoins, dans une logique de partage du travail, le temps de travail effectif devra être revu à la baisse. Benoit Hamon souhaite ainsi la création d’un « droit inconditionnel au temps partiel accompagné d’une compensation salariale ». Il y aura une carotte financière pour les entreprises, qui pourra notamment être financée par une réaffectation du CICE. « Elles seront incitées (à faire du temps partiel) selon des formes multiples: semaines de 4 jours, congé sabbatique, temps partiel… », indique-t-il.

A noter que le CICE ne sera pas seulement conditionné à la réduction du temps de travail des salariés. Il pourra l’être aussi à des créations de poste et des progrès écologiques.

Benoit Hamon n’a pas changé sa position sur le travail du dimanche, encouragé par la loi Macron. Il y est toujours « opposé pour des raisons philosophiques ». « Je n’entends pas l’argument selon lequel si le salarié a envie de travailler le dimanche, on ne peut le lui interdire, tranche-t-il. On ne peut pas donner au salarié la liberté de s’affranchir de tout. On pourrait finir par aboutir sur le modèle du contrat de travail britannique, qui permet à tout un chacun de renoncer volontairement à ses droits ».

Si les salariés travailleraient moins, ils seraient également encouragés à se bouger, au sens propre du terme. « Il manque une culture de l’activité physique dans notre pays, alors que celle-ci réduit les maladies chroniques, constate celui-ci qui compte lancer un grand plan sport-santé s’il devient président de la République. Sur le modèle du crédit d’impôt recherche, je créerai un crédit d’innovation sociale, dont les entreprises effectuant de la prévention pourront bénéficier. »

La protection sociale revue et corrigée

Benoît Hamon compte créer un statut social unique de l’actif, « dépassant la distinction entre salariat et travail indépendant ». « Je rendrai ce statut plus protecteur selon le degré de vulnérabilité des actifs, à partir du socle commun du droit du travail et de la protection sociale », détaille-t-il. Malgré la création de ce statut social unique, l’ex-membre du gouvernement compte faire la guerre aux salariés déguisés des entreprises « ubérisées ». « Je requalifierai ces ‘collaborateurs’ en salariés », s’engage-t-il. Ce qui leur offrira congés ou protection contre les licenciements abusifs.

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Dans le programme du candidat ne figure pas précisément de mention du Régime social des indépendants (RSI), mais quand même la promesse d’améliorer la couverture retraite complémentaire et la couverture accident du travail/maladie professionnelle (AT/MP) des indépendants. « J’équilibrerai les prélèvements sociaux afin qu’à revenus égaux, un indépendant et un salarié cotisent du même montant ».

Pour financer la protection sociale, le candidat souhaite, à l’instar des députés européens, instaurer une taxe sur les robots. « Lorsqu’un travailleur est remplacé par une machine, la richesse créée bénéficie essentiellement aux actionnaires, explicite-t-il. Je propose donc de taxer cette richesse – en appliquant les cotisations sociales sur l’ensemble de la valeur ajoutée et non plus seulement sur le travail – pour qu’elle finance prioritairement des mesures telles que le revenu universel plutôt que les dividendes. »

Revenu universel, travail… Les propositions sociales de Benoît Hamon pour 2017

2017. Les propositions de Benoît Hamon en matière sociale ont été phagocytées par son revenu universel d’existence. Le point sur ce sujet, mais aussi sur ses autres idées en matière de temps de travail, de protection sociale, de place du salarié dans l’entreprise…

« Il faut repenser la place qu’on accorde au travail dans l’épanouissement des individus. » Interrogé ce 13 janvier par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), au lendemain du 1er débat des primaires, Benoît Hamon a résumé ainsi ses ambitions pour repenser la société. Lesquelles vont selon lui bien au-delà du revenu universel d’existence figurant dans son programme. Ceux qui mettent le cap sur une croissance sans se préoccuper du coût environnemental et du coût social que cela représente se trompent, estime celui qui se place volontairement « hors cadre ».

Lui souhaite mettre à profit la transition numérique et écologique en cours pour changer de logiciel, revendique une société « post-croissance » où le travail, se faisant rare, devra être partagé. Et où les gens ne s’en porteront que mieux, libérés de leur asservissement à un travail susceptible de « coloniser des vies et broyer des personnes ». Ses propositions.

Le revenu universel en pratique

C’est la mesure phare. De quoi s’agit-il ? De lancer, en 2018, un revenu universel d’existence (RUE) correspondant à un RSA augmenté de 10%, et de le verser automatiquement à tous ceux pouvant y prétendre (ceux qui aujourd’hui bénéficient du RSA mais aussi ceux qui ne l’ont jamais réclamé). Ce RUE serait aussi distribué aux jeunes de 18 à 25 ans révolus. A la fin du quinquennat, il pourrait être étendu sous conditions de ressources (avec un plafond fixé autour du revenu médian des employés, soit 1600 euros).

La troisième étape de RUE généralisé à l’ensemble de la population ne pourra intervenir qu’au-delà de 2022. Pour entamer le chantier du RUE, Benoît Hamon lancera une grande « conférence sociale et citoyenne » (citoyens tirés au sort). C’est là que seront précisément défini le périmètre et le montant du subside, qui ne pourra en aucun cas venir remplacer droits au chômage, retraite ou couverture maladie.

La première étape de la mesure, dont le coût est estimé à 45 milliards d’euros, serait financée par un nouvel impôt sur le patrimoine issu de la fusion entre la taxe foncière et l’ISF. Benoît Hamon souligne que « c’est juste un peu plus que le CICE et le Pacte de responsabilité qui ont coûté 40 milliards d’euros ». Un flou total demeure sur le financement des phases ultérieures d’extension du revenu universel.

L’abrogation de la loi Travail

Comme son rival Arnaud Montebourg, Benoît Hamon a l’intention d’abroger la loi Travail dès sa prise de pouvoir. Non pas qu’il soit contre la négociation d’entreprise. « Myriam El Khomri et Manuel Valls font comme si la loi Travail avait accouché du dialogue social, mais on ne l’a pas attendu pour qu’il y ait des accords d’entreprise! », ironise-t-il. S’il est élu, le candidat rétablira la hiérarchie des normes pour que le code du travail continue de prévaloir sur les accords de branche ou d’entreprise, sauf si ces derniers apportent une protection supplémentaire aux salariés (pour rappel, ce n’est pas exemple plus le cas pour la majoration de la rémunération des heures supplémentaires, qui peut être abaissée par accord d’entreprise sous 25%, dans la limite de 10%).

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L’ex-ministre de l’Economie sociale et solidaire a aussi particulièrement dans son viseur les nouveaux critères pouvant justifier un licenciement pour motif économique. « C’est à cause d’eux que le plan social de La Voix du Nord, d’abord refusé par la Direccte, a finalement été validé », analyse-t-il. Myriam El Khomri, l’ayant entendu donner le même exemple lors du débat sur TF1, l’a interpellé sur Twitter pour nier en bloc l’accusation.

Benoît Hamon envisage d’initier une nouvelle loi Travail qui elle, sera issue « d’une vraie concertation avec les partenaires sociaux ». Elle instaurera notamment un droit de veto des élus au comité d’entreprise (dans les entreprises de plus de 2000 salariés), lorsque se poseront des questions de « délocalisation, de digitalisation, d’utilisation des fonds publics (Crédit d’impôt compétitivité emploi, crédit d’impôt recherche), de robotisation ou de fermeture d’usine ». « Les salariés ne doivent pas être des acteurs subalternes et périphériques des décisions stratégiques et il faut tendre au contraire vers une cogestion », juge-t-il.

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Sa loi Travail consacrera aussi un droit à la déconnexion effectif (les entreprises sont seulement contraintes aujourd’hui d’établir une charte) et visera à la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle (avec condamnation de l’entreprise responsable des souffrances). « On n’en fait pas assez sur les risques psycho-sociaux », martèle-t-il.

La baisse du temps de travail

La durée légale du travail – qui constitue le seuil de déclenchement des heures supplémentaires -, sera maintenue à 35 heures. Néanmoins, dans une logique de partage du travail, le temps de travail effectif devra être revu à la baisse. Benoit Hamon souhaite ainsi la création d’un « droit inconditionnel au temps partiel accompagné d’une compensation salariale ». Il y aura une carotte financière pour les entreprises, qui pourra notamment être financée par une réaffectation du CICE. « Elles seront incitées (à faire du temps partiel) selon des formes multiples: semaines de 4 jours, congé sabbatique, temps partiel… », indique-t-il.

A noter que le CICE ne sera pas seulement conditionné à la réduction du temps de travail des salariés. Il pourra l’être aussi à des créations de poste et des progrès écologiques.

Benoit Hamon n’a pas changé sa position sur le travail du dimanche, encouragé par la loi Macron. Il y est toujours « opposé pour des raisons philosophiques ». « Je n’entends pas l’argument selon lequel si le salarié a envie de travailler le dimanche, on ne peut le lui interdire, tranche-t-il. On ne peut pas donner au salarié la liberté de s’affranchir de tout. On pourrait finir par aboutir sur le modèle du contrat de travail britannique, qui permet à tout un chacun de renoncer volontairement à ses droits ».

Si les salariés travailleraient moins, ils seraient également encouragés à se bouger, au sens propre du terme. « Il manque une culture de l’activité physique dans notre pays, alors que celle-ci réduit les maladies chroniques, constate celui-ci qui compte lancer un grand plan sport-santé s’il devient président de la République. Sur le modèle du crédit d’impôt recherche, je créerai un crédit d’innovation sociale, dont les entreprises effectuant de la prévention pourront bénéficier. »

La protection sociale revue et corrigée

Benoît Hamon compte créer un statut social unique de l’actif, « dépassant la distinction entre salariat et travail indépendant ». « Je rendrai ce statut plus protecteur selon le degré de vulnérabilité des actifs, à partir du socle commun du droit du travail et de la protection sociale », détaille-t-il. Malgré la création de ce statut social unique, l’ex-membre du gouvernement compte faire la guerre aux salariés déguisés des entreprises « ubérisées ». « Je requalifierai ces ‘collaborateurs’ en salariés », s’engage-t-il. Ce qui leur offrira congés ou protection contre les licenciements abusifs.

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Dans le programme du candidat ne figure pas précisément de mention du Régime social des indépendants (RSI), mais quand même la promesse d’améliorer la couverture retraite complémentaire et la couverture accident du travail/maladie professionnelle (AT/MP) des indépendants. « J’équilibrerai les prélèvements sociaux afin qu’à revenus égaux, un indépendant et un salarié cotisent du même montant ».

Pour financer la protection sociale, le candidat souhaite, à l’instar des députés européens, instaurer une taxe sur les robots. « Lorsqu’un travailleur est remplacé par une machine, la richesse créée bénéficie essentiellement aux actionnaires, explicite-t-il. Je propose donc de taxer cette richesse – en appliquant les cotisations sociales sur l’ensemble de la valeur ajoutée et non plus seulement sur le travail – pour qu’elle finance prioritairement des mesures telles que le revenu universel plutôt que les dividendes. »