Monthly Archives: mars 2016

Aventure tout confort

Arrivé au terme de ma vie de pauvre pécheur, désormais chenu et vieilli comme le monde : voilà comment je suis désormais. Et pour ceux qui argueraient que j’ai à peine quarante printemps passés, je leur répondrai ceci : le mois dernier, ma femme et moi avons réalisé un voyage de groupe à Helsinki. Un sacré choc, pour nous qui avons toujours été persuadés que les voyages de groupe ne nous correspondaient pas. Jusque-là, nous avions toujours voyagé en nous débrouillant par nous-mêmes, préparant notre voyage sans aide des mois durant, réservant nos billets de train, planifiant notre programme de visite (qu’on respectait rarement, cela dit, mais cela semble être une constante universelle)… Alors pourquoi ce revirement soudain ? Parce que ma chère et tendre, voyez-vous, a eu cette fois la flemme. Elle a souhaité qu’une agence se charge des réservations, histoire de voir ce que ça faisait. Et comme je savais qu’elle ne changerait pas d’avis, j’ai fini par faire appel à une agence. Cela m’incite du coup à parler aujourd’hui des principaux mérites et désavantages de cette façon de voyager. Côté avantage, j’ai beaucoup apprécié de laisser le staff se charger du planning. Pour la première fois, nous n’avions qu’à nous laisser porter et profiter sans le moindre stress. Et c’est vraiment appréciable de découvrir un lieu inconnu sans avoir à penser aux problèmes éventuels ! L’inconvénient, c’est qu’on est quand même moins libre de se déplacer comme on veut. Mais ça ne m’a pas réellement posé problème, au final. Notre guide a en effet compris que l’on a beau être sociable, l’on n’a pas nécessairement envie de rester en permanence avec les autres. A plusieurs reprises, mon épouse et moi sommes donc partis sans personne pour nous accompagner. Ces moments de récréations ont fait que nous n’avons pas été oppressés par la proximité avec les autres participants, le reste du séjour. Bref, malgré mes doutes sur le sujet, ce voyage de groupe à Helsinki s’est avéré très plaisant. D’ailleurs, je vous mets le lien vers le site de l’agence, pour ceux qui, comme nous, hésitent à se lancer dans une telle aventure. Comme je l’ai découvert : le confort, parfois, ça a du bon. Toutes les infos du voyage groupe en Finlande se trouvent sur le site de l’organisateur. Suivez le lien.

Le mystère de la momie de l’Elysée

le-president-francois-hollande-a-lyon-le-23-mars-2016_5572963Le Château est en émoi!  L’on y fit tout récemment une stupéfiante découverte: une momie!  Une momie à gésir tout benoitement… sur le lit du roi!

Selon les savants les plus réputés, tout exprès dépêchés par le comte Cazeneuve, cette étrange momie, plutôt rondelette, serait celle d’un pharaon de la IVème ou de la Vème dynastie: ainsi que le veut la coutume, les avis divergent en ce sanhédrin. D’aucuns en pincent pour la IVème, d’autres n’en démordent point et affirment qu’il s’agit bien de la Vème, et donc que cette momie serait celle de son dernier roi.

Ils expliquent doctement que ce roi fut déchu de son autorité à la suite d’une palanquée d’échecs et de revers qui le conduisirent à se dépouiller de son Ka, et à choisir la momification à des fins de se concilier les bonnes grâces de cette peau de vache d’Osiris. Qui, selon ces mêmes experts, ne manqua point faire peser son coeur, selon la procédure en vigueur. L’affaire fut classée « secret défense » par le comte du Drian: l’organe se devait en effet d’être pesé dans le dessein de savoir si le défunt était ou non digne d’être sauvé.

Manque de bol, le soufflant se révéla trop léger: le roi fut donc condamné à la relégation éternelle, au grand désespoir du grand prêtre en charge de l’ordonnancement des rites, Ayrault de Nantes, vétilleux gardien de la Chambre des morts, à présent portier de nuit au musée du Caire.

L’histoire de ce pharaon qui causa lui-même sa propre malédiction est assez bien rapportée par les gazetiers de Cour. Mais, selon les savants confinés en conclave à des fins d’en dissiper les derniers mystères, l’on raconte que cet étrange roi avait été victime, sur la fin de son règne, d’une singulière affliction qui lui avait fait perdre son flair.

Il avait subi force revers personnels pour s’être commis en des réformes trop tardives et très emberlificotées, propres à susciter l’hostilité d’un peuple déjà très tourmenté.

indexA la veille de l’Echéance suprême, celle qui vaut, à la carte ou au menu, décheance ou éternité, ce roi que l’on disait mou et habité de cette lubie tudesque du « finassieren », finit par sombrer dans l’apathie au point que ses derniers féaux entreprirent de l’envelopper de ces bandelettes qui avaient causé son irrémissible descente aux enfers.

Le comte Valls, pour une fois aidé du jeune Macron, désormais dévolu aux basses oeuvres, s’y collèrent avec l’aide d’un taxidermiste réputé.

A des fins de faciliter la tâche des archéologues qui, dans les siècles à venir, seraient en charge d’élucider l’énigme de ce roi si peu aimé, les deux brigands, qui avaient dûment comploté contre leur monarque, prirent grand soin d’inscrire les griefs de la vulgate sur ces mêmes bandelettes.

Dans un inventaire digne d’un boutiquier cairote, l’on y déchiffra la loi El-Khomri, du nom d’une malheureuse courtisane de Haute Egypte, l’échec encore sur la réforme constitutionnelle, échec qui, selon les historiens du palais, causèrent la perte de ce pauvre pharaon, victime de l’implacable bafouement de son autorité.

Pour renfort de potage, le défunt roi fut condamné par Osiris à écrire son autobiographie idéale, en vertu du rite funéraire en vigueur en ce royaume de mauvais peplum.

Il s’y colla, mais sécha lamentablement sur le chapitre des vertus. En revanche, question défauts, il se montra remarquablement prolixe.

Verdict d’Osiris: « Dégage! ».

Laurence Rossignol parle de « nègres américains » puis avoue une « faute de langage »

Interrogée ce mercredi matin sur la mode islamique, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes a risqué une comparaison entre esclavage et burqa. Avant de reconnaitre une erreur.

La phrase n’est pas passée inaperçue. Interrogée sur la mode islamique sur RMC, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol a lâché qu’il y avait bien « des nègres américains qui étaient pour l’esclavage ». Elle répondait à une question de Jean-Jacques Bourdin qui l’interrogeait sur les femmes qui choisissent de porter le voile.

« J’ai employé le mot ‘nègre’ dans le seul usage qu’on puisse en faire pour parler de l’esclavage en Amérique et des négriers », s’est-elle ensuite expliquée auprès de l’Agence France-Presse. « Mais je n’ai pas mesuré la perception la plus répandue, précise la ministre. Et qu’on ne dit pas ‘nègre’ même quand c’est autorisé à propos de l’esclavage. » Reste que, « en dehors de cette faute de langage, je ne retire pas un mot de ce que j’ai dit » sur les lignes de vêtements, a-t-elle poursuivi.

Fustigée sur les réseaux sociaux

Sa comparaison a réveillé Twitter, où certains internautes estiment que la ministre a « raté la formation du gouvernement contre le racisme », en pleine campagne « Tous unis contre la haine ».

Dans l’entourage de Laurence Rossignol, contacté par L’Express, on réfute toute volonté de « provocation de la part de la ministre, ni volonté de choquer ».

« Référence pas évidente »

« Le mot nègre est un mot péjoratif, qui ne s’emploie plus que pour évoquer l’esclavage en référence à l’ouvrage de Montesquieu. C’est un mot que la ministre n’emploie en aucune autre circonstance. Elle a sous-estimé le fait que la référence n’était pas évidente », explique-t-on.

Lors de cet interview, la ministre a par ailleurs fustigé les marques vendant des vêtements islamiques estimant qu’elles étaient « irresponsables » et faisaient « d’un certain point de vue la promotion de l’enfermement du corps des femmes ».

Déchéance de nationalité enterrée: Cambadélis « s’excuse auprès des Français »

Après quatre mois de débats agités, François Hollande a enterré jeudi la révision constitutionnelle qu’il avait lui-même initiée après les attentats de novembre et qui s’est abîmée sur la déchéance de nationalité.

C’est la fin du débat sur la déchéance de nationalité. Après quatre mois de débats agités, François Hollande a enterré ce mercredi la révision constitutionnelle qu’il avait lui-même initiée après les attentats de novembre.

Dans la foulée, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a présenté les « excuses » de la majorité aux Français, pour n’avoir pas « convaincu la droite en générale et la droite sénatoriale en particulier » de voter le projet de révision constitutionnelle. Au-delà de ces excuses, la droite est bien pour Cambadélis la principale responsable du « triste spectacle » offert aux Français d’une « représentation parlementaire incapable de faire la paix, même pour combattre efficacement le terrorisme ».

Chez les Républicains, l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a évoqué un « camouflet » pour François Hollande. Pour Marine Le Pen, présidente du FN, le chef de l’Etat est « seul responsable » de cet « échec historique ».

A gauche, du côté des frondeurs, si on se réjouit de cette décision, les députés pointent également un « gâchis » et un « fiasco politique ».

Des Molenbeek en France? Patrick Kanner trouve des soutiens à droite

Dimanche, le ministre de la Ville Patrick Kanner avait affirmé que certains quartiers français présentaient des « similitudes » avec Molenbeek. Des propos « lucides » saluent plusieurs responsables des Républicains, mais aussi le vice-président du Front national Florian Philippot.

Une nouvelle fois, un ministre du gouvernement de Manuel Valls trouve des soutiens à droite et des critiques à gauche. Cette fois, il s’agit de Patrick Kanner, le ministre de la Ville qui affirmait ce dimanche qu’une « centaine de quartiers en France » pouvait avoir des similitudes avec Molenbeek, commune bruxelloise frappée par la pauvreté et le communautarisme.

Des propos jugés lucides ce lundi par les Républicains Eric Ciotti et Hervé Mariton, ou par le frontiste Florian Philippot.

« Un diagnostic lucide »

« Je ne peux que me réjouir, quoiqu’elle soit tardive, de cette prise de conscience exprimée par un nouveau membre du gouvernement. La montée du communautarisme dans nos quartiers et les reculs continus de la laïcité font le lit de la radicalisation de la jeunesse et constituent un terreau favorable à la propagation des thèses salafistes », écrit ainsi dans un communiqué le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, l’un des spécialistes des questions de sécurité chez les Républicains.

Hervé Mariton, candidat Les Républicains à la primaire de la droite en vue de 2017, va dans le même sens. Il a jugé ce lundi sur France Info que Patrick Kanner avait « le mérite d’un diagnostic lucide sur une situation réellement dangereuse ». « Il ne faut pas faire d’amalgame », mais « les quartiers sortis de tout contrôle existent », a ajouté le député de la Drôme.

Même constat au FN

Une constat qui a aussi convaincu des responsables de l’extrême droite, dont le vice-président du Front national, Florian Philippot qui a salué « la lucidité » de Patrick Kanner. « Pour une fois qu’on a un ministre, M. Kanner, qui enlève le voile d’aveuglement qu’il a devant les yeux et la bouche, qu’il dit une vérité un peu lucide, il faut au PS qu’on lui tombe dessus », a ajouté le conseiller régional d’Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne sur RMC.

Car au centre et à gauche, les propos du ministre ont été largement rejetés. Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti socialiste, a affirmé dimanche sur France 5, ne pas être « pour ce discours » ni « ces formules sur les quartiers ». « Je ne suis pas pour la stigmatisation, je suis pour montrer ce qui réussit plutôt que de dire qu’il faut rejeter ».

LIRE AUSSI >> Des Molenbeek français? Le PS se déchire

Le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde est allée plus loin dans la critique, en se disant « très agacé » par les propos du ministre de la Ville, « parce que c’est le genre de formule qui débilise, qui mutile le débat politique français ».

Dans ONPC, Daniel Cohn-Bendit fustige « l’immaturité » des Français

« Les Français quand ils votent, ils aiment qu’on leur mente », a affirmé samedi Daniel Cohn-Bendit sur le plateau de l’émission On n’est pas couché. Selon lui, le pays « se ridiculise par les faux débats ».

Les Français en prennent pour leur grade. Invité samedi de Laurent Ruquiersur France 2 dans l’émission On n’est pas couché, Daniel Cohn-Bendit qui publie un essai sur l’état de la France Et si on arrêtait les conneries* a évoqué « une logique politique immature en France ».

Questionné par Léa Salamé sur la « passion du débat politique en France », il s’est insurgé: « où est le débat politique? C’est ridicule le débat en France. Vous allez me dire que la grande passion, le vrai débat: c’est la déchéance nationale. Vous allez me dire que le grand débat, c’est la condamnation à perpétuité incompressible. C’estfascinant comme débat », lâche-t-il ironiquement. « C’est un pays qui se ridiculise par les faux débats. »

(A partir de la 6e minute)

« Il faut que la France change »

Prenant l’Allemagne en exemple, Daniel Cohn-Bendit a appelé à plus de négociations, plus de souplesse dans le processus électoral. Le problème selon lui: une confusion des électeurs entre promesses et propositions. « Qu’on arrête de croire que les candidats font des promesses. Ils font des propositions, a-t-il expliqué. Et puis, ça marche ou ça ne marche pas. »

« Les Français quand ils votent, ils aiment qu’on leur mente. Si on leur disait la vérité, ils diraient « ah bah non, ça on ne veut pas » », a conclu Daniel Cohn-Bendit. « La France n’est pas immature génétiquement, a-t-il ensuite nuancé. il y a aujourd’hui, une logique politique qui est immature. Changeons la logique politique ».

LIRE AUSSI >> VIDEO. Mélanie Thierry tacle Yann Moix dans ONPC

* aux éditions Fayard

Le chômage est plus fort que le gouvernement – L’édito de Christophe Barbier

Par Christophe Barbier, publié le 25/03/2016 à 14:54

François Hollande n’arrivera pas à faire baisser le chômage en France. Même avec toutes ses réformes, cela ne marche pas. Autre sujet: les attentats de Bruxelles nous donnent l’impression que les djihadistes peuvent frapper quand et où ils veulent. Enfin, Nicolas Sarkozy aura-t-il droit à un procès avant la primaire pour l’affaire des écoutes? L’édito de Christophe Barbier.

Loi Travail et religion: cinq questions sur une polémique

Du FN au Medef, des voix accusent le projet de loi Travail d’ouvrir la porte aux revendications communautaires dans les entreprises. Pourtant, la laïcité ne s’applique pas au secteur privé et le texte de Myriam El Khomri n’y change rien. Explications.

Décidément, le projet de loi Travail n’en finit plus de créer des remous. Après avoir essuyé pendant des semaines les reproches d’une partie de la gauche, des syndicats et des étudiants, il subit désormais les foudres de la droite et du patronat. Les débats sont cette fois bien loin de la précarité des salariés et de la flexibilité du marché du travail. Le texte présenté ce jeudi en Conseil des ministres serait désormais coupable d’ouvrir la porte au « communautarisme » religieux en entreprise.

LIRE AUSSI >> Loi Travail en Conseil des ministres: ce qui a changé, ce qui coince encore

1. Qui nourrit la controverse?

Le 9 mars, Malika Sorel, ex-membre du Haut conseil à l’intégration, était l’une des premières à inaugurer la polémique, dans une tribune du Figaro. Selon l’essayiste, « le projet de loi Travail pose comme principe essentiel le respect des commandements religieux. La liberté de pratique est totale et c’est à l’entreprise qu’il revient de motiver toute limitation ou restriction en la matière ». Une crainte aussitôt reprise par le Front national.

Quelques jours plus tard, Jean-François Copé saute dans le train en marche. Il lance une pétition contre le « communautarisme dans la loi Travail ». Ce jeudi, le patron du Medef Pierre Gattaz – pourtant au fait des moutures successives du texte – semble à son tour découvrir un point controversé: le projet de loi ferait courir le « risque que tout le monde puisse venir pratiquer des faits religieux en entreprise ». Et ce quelques jours après une alerte similaire du Parti radical.

Chaque fois, le même fantasme resurgit. Cette disposition serait « grave », « inquiétante », mais « passée sous silence ». Concrètement, ses détracteurs sous-entendent qu’elle autoriserait les salariés à pratiquer leur religion sous toutes ses formes – vêtements ou signes confessionnels, prières, absence lors de fêtes, refus de certaines tâches ou de la mixité, etc. -, sans que l’employeur puisse s’y opposer, ou presque.

2. Que dit l’article en question?

L’emballement trouve son origine dans un article issu du rapport de la commission Badinter, remis au gouvernement fin janvier et repris tel quel dans le projet de loi El Khomri. L’ancien ministre de la Justice et ses experts ont retenu 61 droits élémentaires, initialement destinés à former le préambule d’un code du travail nouvelle génération. Des principes « formulés à droit constant », c’est-à-dire rédigés à partir du seul recensement de textes existants.

L’article au coeur de la polémique, le sixième, indique que « la liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions que si elles sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché ». Il devrait figurer dans la future loi, mais finalement pas dans le code du travail.

3. Que change vraiment le projet de loi Travail?

Selon ses nouveaux opposants, la loi Travail faciliterait par cet article la manifestation des convictions religieuses en entreprise. Or Franck Morel, avocat associé au cabinet Barthélémy, spécialisé dans le droit social, est catégorique. « Elle ne change rien à l’état actuel du droit, ni dans le sens d’une plus grande liberté des salariés, ni dans celui de restrictions par les employeurs », affirme l’expert.

Certes, la liberté religieuse ne figure aujourd’hui pas noir sur blanc dans le code du travail. Mais cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. « C’est une liberté fondamentale garantie par plusieurs conventions internationales, dont la convention européenne des droits de l’homme », poursuit Franck Morel. Et l’article 1121-1 du code du travail prévoit que « nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché ». Soit quasi mot pour mot l’article du projet de loi El Khomri.

4. Quelles sont les limites à la liberté religieuse dans l’entreprise?

Les salariés ont donc le droit d’exprimer leurs convictions religieuses au travail, car il s’agit d’une liberté fondamentale. Mais celle-ci n’est pas « totale », n’en déplaise à Malika Sorel, ni aujourd’hui ni si le projet de loi Travail est adopté. « On peut tout à fait sanctionner quelqu’un qui refuse de travailler avec une femme ou ne veut pas accomplir une tâche pour des motifs religieux », expliquait récemment à L’Express Lionel Honoré, directeur de l’Observatoire du fait religieux en entreprise.

Le droit « ne protège pas n’importe quel comportement motivé par des considérations d’ordre religieux, résume le guide La gestion du fait religieux dans l’entreprise privée. (…) La liberté de manifester ses convictions peut faire l’objet de certaines limitations. » La jurisprudence française retient deux grands garde-fous, rappelle ce fascicule publié par le gouvernement en 2014: la protection des individus – par le respect des règles d’hygiène et de sécurité, notamment – et la « bonne marche de l’entreprise », soit son organisation, ses intérêts commerciaux ou encore son image.

Un maçon sikh peut ainsi être sanctionné s’il refuse de quitter son turban pour porter un casque, tout comme un machiniste musulman ou juif dont la barbe non-taillée risque de créer un accident. Mais aussi un salarié qui n’obéit pas à un collègue du sexe opposé au nom de sa religion. Un patron peut refuser – l’article de la commission Badinter le rappelle – tout comportement qui entre en conflit avec d’autres droits fondamentaux. L’égalité homme-femme en fait partie.

5. La « laïcité en entreprise » existe-t-elle?

La laïcité, dans le sens d’une séparation de l’Etat et des cultes qui impose une neutralité dans les services publics et les collectivités, ne s’applique pas, en toute logique, à l’entreprise privée. Mais la confusion est fréquente, y compris chez les responsables politiques. Pour défendre les travaux de la commission Badinter, puis le projet de loi Travail, Manuel Valls n’hésite pas à déclarer qu’ils réaffirment « le principe de laïcité dans l’entreprise ».

D’autres personnalités, comme François Fillon chez Les Républicains, plaident de leur côté pour l’extension de la laïcité au privé. Il s’agirait par exemple d’autoriser les patrons à bannir tous les signes religieux au travail, quel que soit le poste occupé, via un règlement intérieur. Le groupe Paprec s’y essaye depuis 2014 avec sa « charte de la laïcité ». Mais il s’expose aujourd’hui à des risques de contentieux, puisque son texte est contraire à la jurisprudence. De droite comme de gauche, plusieurs propositions de loi en faveur d’une laïcité du privé ont été soumises au vote ces dernières années, notamment après l’affaire Baby-Loup. Aucune n’a été adoptée.

Let us not allow them to shame us

No matter how you look at it, the Agreement between the European Union and Turkey on a joint action plan to address the migration crisis, and send back Syrian refugees, is a disgrace. It will go down in history at best as a temporary cowardice of the EU, at worst as the start of the moral meltdown for all Europeans, and will be followed by the demise of the European Union.

A priori, this agreement is clever, because it may lead refugees to prefer not to go ahead with their trip, that would only take them back to their original departure place. But on close inspection, this agreement is a disgrace, and this will result in nothing short of tragedies. Are we going to put back on boats women and children, in violation of all international conventions, by using force, in order to send them back to Turkey, to the Syrian border, deprived of all the resources they used to help finance their crossing of the Aegean sea? What will we do when some of the refugees will call on European Courts to assert their rights? What will we do when some will commit suicide rather than being sent back to hell? Which seamen will have the heart to get them into boats and transport them? Will they be left in the hands of the traffickers who brought them? Does anyone really believe that the refugees who are willing to put their lives on the line to leave their horrific situation will be dissuaded by the risk of being repatriated? They actually will avail themselves of the services of other smugglers to move across other European borders and avoid the return convoys.

Are we sure that Turkey will really use the money received from Europeans to house, clothe and feed the refugees? Or will Turkey assemble them at the Syrian border, at the mercy of their torturers?

Will we imitate the shameful European nations of the 1930s, who brought back the Jews to German ports, or ports bordering on Germany, soon to be occupied by their executioners? And do we not see, that those who will be humiliated in this manner, and abandoned, will become the worst enemies of the West, worse than those whose barbarity they are fleeing today?

How such an appalling idea ran through the minds of honorable people? No doubt they have lost their sense of history and have only thought about small tactics, losing their souls and preparing a horrific future for us tomorrow.

There is still time to wake up and avoid the worst. In deciding to:

1. Receive, in accordance with international and European law, that commits us, all political refugees who will come to us. On the assumption they represent an asset for our future.

2. Expel, by respecting their rights, all those who do not hold this status.

3. Establish a fierce border police force, not to stop the refugees but the traffickers.

4. Sign an agreement with Turkey, not to send refugees back to this country but to go after the smugglers and those who help them.

5. Use all means, including military, to help Syria find an order so peaceful that refugees will want to return home.

6. Then help rebuild the region.

All this is going to be less costly than the amount of money that we are about to give to the Turks without any control, based on the current plan of the European Union’s leaders. And also far more cost-effective than the bill we will have to pay when that plan will have failed.

There is still time to save our soul and secure our interests. Let’s demand it from our leaders!

j@attali.com

EN IMAGES. Il y a 20 ans, la crise de la vache folle provoquait un embargo

L’infection, transmissible sous une forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, a fait 224 victimes humaines et ébranlé l’agriculture. La France a adopté une position singulière face à cette crise internationale provoquée par les farines animales.

20 ans jour pour jour après la mise en place de l’embargo, la crise reste dans les mémoires. Une crise sanitaire, industrielle, économique et sociale, résumée en deux mots: la vache folle. Sous ce raccourci, la description d’un symptôme particulièrement visible, celui des tremblements provoqués par une maladie mortelle qui ronge le système nerveux central des bovins, l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Sa transmission à l’homme, sous la forme d’une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (VMCJ), a tué 224 personnes dans le monde, dont 25 en France.

Lors d'une manifestation d'agriculteurs à Rodez face à l'effondrement des prix.

Lors d’une manifestation d’agriculteurs à Rodez face à l’effondrement des prix.

AFP PHOTO JEAN-PHILIPPE KSIAZEK (27/04/96)

Cette longue crise prend toute son ampleur en 1996. Le 20 mars, le gouvernement britannique, qui compte des centaines de milliers de bêtes contaminées, alerte sur la possibilité et le risque de transmission de l’animal à l’humain. Dès le lendemain, la France est le premier pays européen à stopper totalement ses importations en provenance du Royaume-Uni.

Une douanière française contrôle un camion venant du Royaume-Uni, au lendemain de l'embargo.

Une douanière française contrôle un camion venant du Royaume-Uni, au lendemain de l’embargo.

REUTERS (22/03/96)

Psychose et chute de la consommation

Signe du début d’une peur très médiatisée qui va durablement affecter les habitudes de consommation et notamment susciter l’essor de l’agriculture bio, le thème devient le principal sujet des journaux télévisés: le 21 mars 1996, il représente tout le premier tiers du 20 heures de France 2.

La psychose fait chuter, en quelques mois, l’achat de viande de boeuf à -25% en France (-45% pour les abats) ce qui sinistre la filière bovine, mise à mal par les abattages massifs systématiques massifs des cheptels, le tout accentué par cet emballement médiatique.

Les Unes des quotidiens titrent en novembre 2000 sur les interdictions dans plusieurs cantines scolaires.

Les Unes des quotidiens titrent en novembre 2000 sur les interdictions dans plusieurs cantines scolaires.

AFP / ERIC CABANIS (08/11/00)

Entre Paris et Bruxelles, la « précaution »

Ce n’est qu’une semaine plus tard, le 27, que l’embargo sera décidé par la Commission européenne elle-même: elle interdit toutes les exportations de viandes bovines britanniques mais aussi de leurs produits dérivés. Ce n’est que trois ans plus tard, en août 1999, qu’elle le lève sous conditions, dans une décision respectée progressivement par tous les pays… Sauf la France.

A l'époque et pendant la plus grande partie de la crise, le ministre française de l'Agriculture était Jean Glavany, contre son homologue britannique, Nick Brown.

A l’époque et pendant la plus grande partie de la crise, le ministre française de l’Agriculture était Jean Glavany, contre son homologue britannique, Nick Brown.

REUTERS (02/11/99)

En mars 2000, après l’Allemagne, la France reste effectivement le dernier pays à refuser la levée de l’embargo. Le pays s’appuie sur l’avis défavorable de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Le bras de fer durera jusqu’au 2 octobre 2002, après la saisie de la Cour de justice européenne, et surtout une pré-action contentieuse. Pendant tout ce temps, Paris s’est réfugié derrière un concept: le principe de précaution.

Une scientifique allemande examine des tissus cérébraux bovins avant leur analyse.

Une scientifique allemande examine des tissus cérébraux bovins avant leur analyse.

REUTERS (22/11/00)

« L’absence de certitude scientifique ne doit pas servir de prétexte »: le principe juridique contesté mais brandi par la France s’explique en partie par les origines des maladies (ESB comme sa variante humaine VMCJ) et leur fonctionnement.

Chez l’homme, après une contamination, la période d’incubation -avant que n’apparaissent les premiers symptômes essentiels au diagnostic- se compte en années, voire en dizaine d’années.

La responsabilité des farines animales

Par ailleurs, lorsque l’Europe décide l’embargo en 1996, cela fait déjà dix ans que la maladie bovine est connue, avant qu’elle ne devienne une épizootie avec un pic d’infection de plus de 190 000 animaux diagnostiqués au Royaume-Uni. Le coupable est identifié et même interdit dans ce pays depuis 1988: les farines animales, nourriture largement utilisée par souci d’économie, ont contaminé des milliers de bovins.

Un éleveur montre une poignée de farine animale utilisée pour l'alimentation.

Un éleveur montre une poignée de farine animale utilisée pour l’alimentation.

REUTERS (12/11/00)

Popularisées par l’élevage hors-sol, ces farines sont en fait issues des sous-produits de la filière bovine elle-même, autrement dit ses déchets: des os et carcasses, des peaux et surtout des abats… Avant d’être réduits en poudre, ils sont cuits à très haute température. Sauf si une volonté d’abaisser les coûts abaisse la température à cette étape cruciale, comme cela s’est produit au Royaume-Uni au début des années 1980. Ce qui ne permettait plus de détruire le prion, protéine anormale provoquant la maladie, absorbée par les cheptels ensuite recyclés en farine, poursuivant ainsi le cycle de contamination.

Un stock de farine animale qui attend la destruction, à Auch en France, en 2000.

Un stock de farine animale qui attend la destruction, à Auch en France, en 2000.

AFP / PASCAL PAVANI (16/11/00)

Ces farines animales à base d’os font partie des produits dérivés interdits par l’embargo. Plus largement, la crise provoque une prise de conscience, chez les consommateurs français comme chez les politiques, de la nécessité d’une surveillance des produits destinés à la consommation humaine. C’est justement dans ce cadre que seront créés l’Institut de veille sanitaire (INVS) en 1998 puis l’Afssa, un an plus tard.

A Lingreville, un troupeau est mené à l'abattoir après découverte d'un cas de vache folle.

A Lingreville, un troupeau est mené à l’abattoir après découverte d’un cas de vache folle.

AFP / MYCHELE DANIAU

Mais entre-temps, la maladie s’est installée. En France, une première vache atteinte d’ESB est découverte le 2 mars 1991, dans les Côtes-d’Armor en Bretagne. Le premier mort en France, après une transmission à l’homme via la maladie VMCJ, est annoncé le 5 avril 1996 par la Direction générale de la santé. Moins de deux semaines plus tard, et à nouveau sous couvert du principe de précaution, décision est prise d’abattre tout un troupeau lorsqu’un cas de vache folle est décelé.

Des agriculteurs manifestent à La Roche sur Yon en juin 1996, avec un panneau "au chiotte les anglais" (sic).

Des agriculteurs manifestent à La Roche sur Yon en juin 1996, avec un panneau « au chiotte les anglais » (sic).

REUTERS (22/06/96)

Traçabilité, législation: les leçons tirées

La liste des produits déclarés impropres à la consommation s’allonge: après le retrait des abats s’ajoutent le ris de veau, les boyaux d’intestin utilisés en charcuterie… Pour la filière bovine en colère, l’impact est tel qu’un ensemble de mesures de soutien est dévoilé, ainsi qu’un plan à hauteur de trois milliards de francs, dont la moitié d’aides européennes. Ce ne sera pas la seule conséquence de la crise: la traçabilité va être largement améliorée avec une législation encore plus contraignante en France qu’en Europe, mise à l’épreuve par une autre crise sanitaire près de 20 ans plus tard, celle du scandale de la viande de cheval.

En 2014, après 17 ans de procédure judiciaire et d’enquête, quatre responsables d’usine d’aliments pour bétail ont bénéficié d’un non-lieu général, après avoir importés des lots suspects: le lien formel n’a pas pu être établi en raison des manques, à l’époque, de traçabilité. Dans une décision similaire le 15 mars dernier, un non-lieu a également été rendu dans l’affaire Buffalo Grill, du nom de la chaîne de restaurants accusée par plusieurs employés d’avoir écoulé du boeuf britannique en France malgré l’embargo.

Les tests ESB sur les bovins, obligatoires depuis 2001, ont été levés en 2014. Quant à l’utilisation controversée des farines dans l’alimentation animale, elle continue d’être mise sur la table. Leur réintroduction partielle sous conditions a été plusieurs fois examinée à Bruxelles: en février 2013, la Commission européenne a donné son feu vert aux farines de porc et de volaille pour les pisciculteurs… en oubliant les enseignements du passé?