Monthly Archives: février 2018

Ceux qui nous suivent dans les airs

Dernièrement, j’ai fait quelque chose sortant un peu de l’ordinaire : j’ai expérimenté un vol en avion de chasse. Ca a eu lieu aux abords de Reims et je dois dire que c’était franchement fabuleux. Bien plus que je ne le pensais, en fait. Et bien plus violent, aussi. Je pensais pourtant être fin prêt pour ressentir les sensations d’un tel vol. C’est que j’avais lu plein de retours d’expérience sur le sujet : je savais donc clairement ce que j’allais vivre. Mais vous savez quoi ? J’ai redécouvert à cette occasion qu’il y a une grosse différence entre voir une vidéo et le fait de vivre les choses en vrai. C’est quelque chose dont nous sommes tous conscients mais que nous avons au fond tendance à oublier. Nous passons maintenant tellement de temps agrippés à nos écrans que nous en négligeons tout à fait le monde réel et le fait de vivre les choses. C’est à tel point que lorsque nous vivons une expérience, nous ne la vivons plus vraiment pour elle-même : notre premier geste est de la partager sur le web. Les exemples ne manquent pas. Nous rencontrons une personne célèbre ? Et hop, un selfie avec elle qu’on pourra publier sur Facebook. Une assiette appétissante ? Cela vaut bien un food porn vite partagé. Nous n’évoluons plus du tout dans l’instant, mais dans l’instant d’après, celui où une population virtuelle va féliciter et commenter cet instant. Au fond, depuis l’avènement des réseaux sociaux et l’importance qu’ils ont pris dans nos vies, nous sommes tous des mordus demandant leur ration de likes et de retweets. Ce qui est le plus attristant, finalement, c’est que tout ce temps consacré à cette vie d’octets, c’est autant de temps que nous passons à ne pas vivre totalement. Les délices de l’autisme du web. On vit clairement une époque démente, car plus personne n’est tout à fait seul dans sa tête : il vit en permanence avec la communauté, et d’une certaine manière, pour cette communauté. Sinon, j’ai été complètement séduit par ce vol en avion de chasse. Je vous mets d’ailleurs en lien le site où j’ai dégoté ce vol, si vous habitez du côté de Reims. :-) Retrouvez plus de renseignements sur l’organisateur de cette activité de vol en avion de chasse.

Un peu de haute couture

Guo Pei n’a rien d’une débutante; pourtant, chacune de ses apparitions et shows en Europe sont attendus avec l’excitation des premières fois. Hier soir, Guo Pei nous a faits rêver. Dans le cadre étonnant du Cirque d’Hiver Bouglione, l’ôcre des tenues des ouvreuses se mariait à la perfection avec les références rouges d’une Chine fantasmée. Au milieu de la scène, suspendue, une racine d’arbre de 8 mètres de diamètre flottait au-dessus du podium. Symbole de la source de la vie, les mannequins devenus muses et créatures légendaires s’animaient avec douceur. La collection bien nommée « Elysium » regroupe 23 pièces; avec comme fil rouge certes la fleur, mais surtout une étonnante interprétation de l’énergie de la vie. Les matériaux utilisés (comme le bambou en provenance d’Huangsan, dans la province d’Anhui en Chine) rencontrent un savoir-faire local : les broderies sont sublimées par des pierres naturelles ou autres cristaux; c’est aussi ça la force de Guo Pei : disposer d’un réseau d’artisans, de petites-mains, qui permettent à Guo Pei d’explorer sa créativité sans limite. L’impression de doux rêve se confirme dans une interview que Guo Pei avait donné à Futur404 : quand elle avait 4 ou 5 ans, sa grand-mère lui narrait le temps d’avant, quand la dynastie Qing règnait et que les dames rivalisaient d’élégance. Un immense sentiment de légèreté et de liberté restait à la fin de la performance; un sol devenu miroir qui nous rappelle sans doûte que viser les étoiles est la meilleure façon de défier toutes les gravités.