Monthly Archives: janvier 2016

Le syndrome Tsipras

Rien de tel que l’épreuve du pouvoir pour mesurer la crédibilité des mouvements politiques adeptes de solutions radicales. En leur confiant le volant, la société civile mesure leur capacité à mieux conduire sur une route difficile : le test est infaillible. Il l’est même tellement qu’au vu d’expériences récentes, il n’est pas certain que les divers « alter » prodigues en propositions renversantes soient soudain si pressés de les mettre à exécution.

L’exemple grec a-t-il porté ses fruits et défini une sorte de syndrome Tsipras? Qu’on se souvienne, il y a juste un an, la victoire électorale de Syriza était présentée comme l’annonce d’un bouleversement, les exigences européennes consécutives à la gabegie financière en Grèce allaient être non seulement contestées, mais les nouveaux dirigeants grecs allaient, par leur action déterminée, « renverser la table » et imposer des règles nouvelles. Alexis Tsipras devenait le héros des « gauches de gauche », pour un peu, c’était le début de « la lutte finale »…

Certes, pendant plusieurs mois, nous avons eu droit à un festival de politique-spectacle à Bruxelles, les délégués ostensiblement sans cravate, le ministre Varoufakis, sa grosse moto et ses foucades, les déclarations définitives suivies de négociations ressemblant à un dialogue de sourds et Tsipras a fini par se faire plébisciter chez lui par un référendum qui lui laissait pratiquement les mains libres.

C’est alors que tout a basculé et de concession en concession, Alexis Tsipras a fini par mettre en oeuvre les mesures qu’il avait naguère dénoncées avec véhémence. Certes, il y a eu quelques remous, mais moins qu’aurait pu le laisser supposer un tel retournement, comme si l’opinion grecque se réveillait de la sorte de transe hypnotique qui lui avait fait croire que le programme que proposait Syriza était vraiment possible. Parvenu au pouvoir, Tsipras a découvert ce que Jacques Prévert nommait « les terrifiants pépins de la réalité », que nul discours idéologique n’escamote comme par enchantement. Il le reconnaissait implicitement le 24 janvier 2016 face à 4000 militants de Syriza célébrant le premier anniversaire de leur gouvernement : « Le changement ne vient pas avec la théorie des livres mais dans l’action quotidienne ». Au vu de ce qu’est cette dernière, il est difficile de parler de succès.

Est-ce que cela n’aurait pas rendu circonspects les émules de Syriza? En Espagne, le mouvement « Podemos » se déclare sur la même ligne, sa dénomination même (« nous pouvons ») laisse entendre que tout ça est affaire de volonté, comme le dit l’adage « si l’on veut, l’on peut » Oui, mais c’est un adage et sans même invoquer l’histoire, l’expérience quotidienne montre qu’il est plus facile de régler les questions quand on n’est pas en charge de responsabilité que d’apporter une solution quand on se trouve aux commandes. Surtout si l’on a promis de tout transformer et de bouleverser intégralement la donne. N’est-ce pas précisément un homme décidé à changer le monde, Lénine, qui a reconnu que « les faits sont têtus »?

Alors, quand exaltés par des envolées de tribune qui leur ont donné l’espoir de voir leurs problèmes résolus, les électeurs promeuvent un mouvement radical et le mettent soudainement en état d’agir concrètement, un doute assaille peut-être ses dirigeants et cette hypothèse expliquerait alors l’actuelle équation espagnole.

Suite aux élections du 20 décembre 2015, aucun grand parti n’a obtenu une majorité absolue et Podemos a fait entrer 69 députés, de quoi jouer les arbitres. Le chef du gouvernement sortant de droite libérale, Mariano Rajoy, a envisagé une coalition avec les centristes et le parti socialiste espagnol (PSOE). Ce dernier ayant refusé, Rajoy a renoncé. C’est alors que le leader de Podemos, Pablo Iglesias, a proposé aux socialistes une combinaison les associant dans une coalition de gauche apparemment viable. Mais il a assorti cette offre d’exigences telles (une vice-présidence pour lui-même et quatre ministères-clés) que de toute évidence, le PSOE ne pouvait accepter. Cela ressemble fort à une manœuvre visant à se faire récuser par l’autre et à échapper ainsi de facto à une prise de responsabilité concrète, ce qui s’appelle en d’autres termes une dérobade. Podemos va ainsi se retrouver dans le confort d’une attitude d’opposition autorisant les options radicales, ce qui lui évitera évidemment d’avoir à cautionner, tel Tsipras en Grèce, des décisions absolument contraires à ce qu’il prônait en campagne.

Parfait, mais l’exercice n’est pas sans risque. Il ne reste aux partis espagnols que l’alternative d’une incertaine coalition socialistes-centristes. Si elle ne fonctionne pas d’ici début avril, il y aura de nouvelles élections et si Podemos est demeuré fidèle à sa même ligne radicale, rien ne dit qu’il ne gagnera pas de nouveaux électeurs et qu’il ne risquera pas de se trouver alors en situation de gouverner. Iglesias ne deviendrait-il pas alors un second Tsipras?

A vrai dire, il n’est pas que les promoteurs des solutions les plus radicales à devoir se soucier de la confrontation au réel. La tentation est grande de promettre un avenir radieux et le grand changement quand on est dans l’opposition. Relisons le discours du Bourget du candidat Hollande en 2012 ; réécoutons la célèbre anaphore « Moi, président », qui laissa face aux téléspectateurs son compétiteur éberlué ; comparons à ce qu’a été (et à ce que va être) la politique réellement conduite par le président Hollande.

Mais là, le syndrome Tsipras est parfaitement assumé, l’intéressé n’a ni à s’excuser, ni moins encore à se dérober : à la rigueur, il pourra dire « vous m’aviez mal compris ». Il semble même avoir l’intention de solliciter un second mandat.

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Standing ovation à New York pour Christiane Taubira

Accueillie en star par les tudiants de l’universit de New York, l’ex-garde des Sceaux Christiane Taubira a refus de se prsenter comme une future candidate et affirm sa loyaut Franois Hollande.

Elle goûte des jours meilleurs que ceux qu’elle a connus au gouvernement. Invitée de longue date par l’université de New York (NYU), l’ex-garde des Sceaux Christiane Taubira a été triomphalement accueillie par les étudiants en droit. L’auditorium qui la recevait affichait complet et le public a salué son entrée par une ovation debout, qui l’a visiblement émue.

Christiane Taubira a gratifié les étudiants d’un long exposé sur l’importance du droit et de l’Etat dans la préservation de l’égalité entre les citoyens et de leurs libertés. « On vous aime ! », « 2017 ! », ont lancé certains spectateurs à la fin de son intervention. Pendant une séance de questions, plusieurs personnes l’ont pressée de rester impliquée dans la vie politique et de se présenter à l’élection présidentielle de 2017. Mais elle a refusé de répondre.

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« Je ne réponds pas à cette question parce qu’elle est nulle et non avenue », a-t-elle répondu un peu plus tard au cours d’un court point de presse, en réponse à une nouvelle interrogation sur 2017. « Je participerai à la campagne ». Comment ? « Vous verrez bien », a-t-elle affirmé, visiblement agacée par ce feu de questions sur son avenir politique. « Il y a autre chose d’important que ma destinée », a-t-elle insisté.

Evoquant les difficultés actuelles que connaît la société française, Christiane Taubira a estimé « il y (aurait) du travail pour les candidats de 2017 ». Interrogée sur son attitude vis-à-vis de François Hollande une fois sortie du gouvernement, elle a haussé le ton : « Je suis loyale au président de la République et je le demeurerai ! »

Faut-il avoir peur du virus Zika ? – L’édito de Christophe Barbier

Par Christophe Barbier, publié le 28/01/2016 à 18:19

Faut-il avoir peur de ce dangereux virus? Marisol Touraine a bien raison de déconseiller aux femmes enceintes de faire des voyages dans les pays touchés. Mais hors de question d’empêcher les délégations européennes de se rendre aux JO de Rio. Il faut que le principe de précaution soit remis en question. L’édito de Christophe Barbier.

Urvoas à la Justice, un « monsieur sécurité » sage comme « maître Yoda »

Aprs la dmission de Christiane Taubira ce mercredi, le prsident de la Rpublique a nomm pour la remplacer Jean-Jacques Urvoas, un proche de Manuel Valls. Aprs « madame droits de l’Homme » place « monsieur scurit »?

Il était jusqu’à mardi soir président de la commission des lois à l’Assemblée nationale et depuis une semaine rapporteur du projet de loi constitutionnel qui vise notamment à intégrer la déchéance de nationalité dans la Constitution. Jean-Jacques Urvoas, député de la première circonscription du Finistère, a été nommé ce mercredi au poste de ministre de la Justice, en remplacement de Christiane Taubira.

EN DIRECT >> Suivez en direct les réactions à l’annonce de la démission de Christiane Taubira

Dans un communiqué, l’Elysée a annoncé que c’est à ce breton de 56 ans, père de deux enfants, que va incomber la lourde tâche de défendre, « aux côtés du Premier ministre, la révision constitutionnelle et (la préparation du) projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale ».

Un « bosseur » affable défenseur de la ligne sécuritaire de Valls

Réputé travailleur et fin connaisseur des arcanes de l’Assemblée nationale où il siège depuis 2007, l’homme est affable et résiste rarement à un bon mot, tant dans les débats dans l’hémicycle que sur son compte Twitter. Proche du Premier ministre Manuel Valls et ancien strauss-kahnien, sa nomination au ministère de la Justice semble entériner la ligne sécuritaire mise en place par le gouvernement depuis les attentats de novembre.

Lorsqu’il était dans l’opposition, Jean-Jacques Urvoas n’hésitait pourtant pas à prendre position contre les lois comme Loppsi 2, qui développait la vidéosurveillance. Sa conversion à la logique sécuritaire du gouvernement actuel n’a pas manqué du surprendre plusieurs de ses soutiens, comme le notait un portrait de Libération, publié en mai dans lequel il se défendait: « On plaque sur moi le prisme de Manuel Valls parce que c’est un copain. Je ne suis pas un affidé de Valls, je suis loyal ».

Une loyauté qui pourrait être bien utile à l’exécutif dans cette dernière ligne droite du mandat de François Hollande, marquée notamment par les débats autour de la prolongation de l’état d’urgence. En 2011, Jean-Jacques Urvoas publiait 11 propositions chocs pour rétablir la sécurité, dans lequel il proposait la fusion des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Pas sûr que cela plaise aux magistrats.

En mars 2015, il avait été nommé rapporteur du projet de loi relatif au renseignement et avait réussi à faire plier le groupe socialiste à l’Assemblée, malgré les oppositions dans ses rangs.

Un choix cohérent

La nomination de Jean-Jacques Urvoas a été saluée à droite comme à gauche. Le sénateur Jean-Pierre Raffarin évoque sur Twitter un « homme de grande qualité ».

Pour de nombreux députés fidèles au gouvernement, la nomination de Jean-Jacques Urvoas, plutôt apprécié sur les bancs de l’Assemblée, est un choix cohérent. Christophe Castaner, député PS des Alpes de Haute-Provence, n’hésite pas à le comparer à « maître Yoda ».

Interrogé par L’Express, le député du parti Les RépublicainsJacques Myard confie: « C’est un socialiste, gauchiste, sympathique. Je l’ai félicité et je lui ai dit ‘Courage camarade!' ». Avant de, lui aussi, reconnaître les qualités du nouveau ministre: « C’est un homme responsable, intelligent, mais il connait la difficulté de la tâche. Nous avons travaillé ensemble sur la loi renseignement, il connaît les besoins et la difficulté de la police. Il mesure bien la menace ».

Longtemps pressenti -et appuyé par Valls- pour prendre le ministère de l’Intérieur, c’est finalement celui de la Justice que cet ancien maître de conférence en droit public obtient. Un spécialiste des questions de sécurité qui aura fort à faire au cours des prochains mois.

REACTIONS >> Ceux qui pleurent et ceux qui rient après la démission de Taubira

Baromètre Odoxa: Emmanuel Macron plus populaire à droite que Nicolas Sarkozy

Rejet gnralis y compris droite, peu de percussion auprs des lecteurs du Front national: dans le dernier baromtre Odoxa pour L’Express, France Inter et la presse rgionale, les chiffres sont mauvais pour Nicolas Sarkozy qui poursuit sa chute.

L’exercice d’écriture, plus précisément celui de la contrition, peut-il sauver le candidat Nicolas Sarkozy? La cote de l’ancien président de la République, qui vient de sortir le livre La France pour la vie aux éditions Plon, ne cesse de plonger. Dans le dernier baromètre pour L’Express, France Inter et la presse régionale, réalisé par l’institut Odoxa, 54% des Français déclarent ressentir du rejet à son égard. Seul Marine Le Pen fait « mieux ».

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Chez les sympathisants de droite, les résultats de l’étude sont encore plus troublants. En effet, ces électeurs de droite sont plus nombreux à trouver sympathique Alain Juppé, Valérie Pécresse, ou bien même… Emmanuel Macron, que le président des Républicains. Le positionnement régulièrement droitier de Nicolas Sarkozy ne paraît pas porter ses fruits auprès de la cible tacite: seuls 24% de ceux qui se sentent proches du FN l’apprécient. Un score d’autant plus compliqué à digérer que les sympathisants du Front national sont plus nombreux à apprécier le réputé modéré Alain Juppé (31%).

Tugdual DENIS

Baromètre Odoxa pour L’Express, France Inter et la presse régionale

Dans un climat de défiance généralisée à l’égard de la classe politique, l’exécutif ne pourra pas se consoler en regardant les sondages du président des Républicains. Dans l’édition de janvier du baromètre Odoxa, François Hollande et Manuel Valls connaissent des statistiques catastrophiques. Près de 8 Français sur 10 (78%) estiment que le locataire de l’Elysée n’est pas un bon Président. Un chiffre en progression de 7% par rapport au mois dernier, et de 19% en comparaison avec le mois de novembre, marqué par les attentats.

Rapport Badinter: remise du rapport à Manuel Valls

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 25/01/2016 à 14:39

L’ancien garde des Sceaux Robert Badinter a remis lundi 25 janvier au Premier ministre Manuel Valls son rapport sur le Code du travail, qui servira de base à la réforme du droit du travail que présentera la ministre Myriam El Khomri

Prolongation de trois mois de l’état d’urgence: projet de loi présenté le 3 février

L’Elyse confirme ce que le secrtaire national du parti communiste Pierre Laurent avait fait fuiter: l’excutif prsentera un projet de loi le 3 fvrier prochain en conseil des ministres.

L’Elysée confirme: le gouvernement présentera au conseil des ministres du 3 février 2016 un projet de loi prolongeant l’état d’urgence pour une durée de trois mois. A l’issue de sa rencontre ce vendredi avec le président de la République, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, avait déjà donné l’information.

Contacté par L’Express, l’entourage du chef de l’Etat avait pourtant démenti cette information. « La décision n’est pas prise et elle ne sera communiquée que dans les prochains jours », avait menti un conseiller.

La lutte contre le crime organisé également au menu

Le projet de loi sur la procédure pénale, « renforçant la lutte contre le crime organisé et son financement, l’efficacité et les garanties de la procédure pénale », sera également présenté le 3 février lors de ce même conseil, a précisé l’Élysée dans un communiqué. Les avant-projets de loi d’application de la révision constitutionnelle seront présentés mercredi prochain à l’Assemblée devant la Commission des Lois par le Premier ministre en personne.

Les consultations du chef de l’Etat ont permis de lever progressivement le voile sur la réforme constitutionnelle en préparation, qui comprendra bien, selon le président des Républicains Nicolas Sarkozy, outre l’introduction de l’état d’urgence dans la Constitution, la déchéance de la nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme.

Sarkozy fait connaître ses conditions

Nicolas Sarkozy a prévenu que son camp était prêt à voter la réforme annoncée le 16 novembre par François Hollande devant le Parlement réuni en Congrès, à condition qu’elle soit « clairement centrée sur la question de la constitutionnalisation de l’état d’urgence et sur la question du retrait de la nationalité pour les binationaux ». « Le président Hollande nous a dit que c’était bien son intention », a ajouté l’ancien chef de l’Etat après son entretien.

Nicolas Sarkozy a ajouté plusieurs conditions pour que son parti soutienne la révision constitutionnelle, comme il l’avait déjà fait le 6 janvier au sein du bureau politique de son parti: « Nous (…) avons demandé (…) qu’on se rapproche le plus possible de l’article 25 du Code civil, c’est-à-dire pour embrasser à la fois les crimes et les délits » liés au terrorisme, qui pourraient donc les uns comme les autres entraîner la déchéance. Il souhaite aussi qu' »il puisse être fait état de la possibilité pour le pouvoir administratif d’assigner à résidence des individus réputés dangereux ».

Examen à partir du 5 février

Vingt parlementaires LR, dont Nathalie Kosciukso-Morizet et le juppéiste Edouard Philippe, ont cependant fait savoir vendredi dans une tribune publiée par Le Figaro qu’ils ne voteraient pas cette réforme constitutionnelle, dénonçant un projet « inutile et dangereux » et une « manipulation politique ». Cette réforme, qui doit être examinée à compter du 5 février par les députés, exigera pour être votée définitivement une majorité des trois cinquièmes du Congrès.

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a indiqué pour sa part être « favorable » à une prolongation de l’état d’urgence, ainsi qu’à l’introduction de l’état d’urgence dans la Constitution. Mais sur la question de la déchéance de la nationalité, il a déclaré, sans développer, que « pour toute déchéance, il était nécessaire que celle-ci ne pose pas le problème d’une séparation entre les Français et qu’il n’y ait point d’apatridie ».

Aucun visiteur de l’Elysée n’a révélé toutefois la formule miracle de l’exécutif qui permettrait de réconcilier tout le monde au sujet de la déchéance, question qui hérisse beaucoup au sein du PS. Dernier exemple en date: le Conseil fédéral de la Fédération PS du Nord a voté vendredi une motion demandant au premier Secrétaire du PS de « s’opposer à toute mesure de déchéance de nationalité qui aurait pour effet de créer deux catégories de français ou de créer des apatrides, au profit d’une peine de déchéance nationale ou citoyenne privant de leurs droits civiques les français condamnés pour terrorisme ».

Valls: « L’état d’urgence sera maintenu jusqu’à la défaite de Daech »

Interrog par la BBC, le Premier ministre franais a dclar que l’tat d’urgence ne prendra fin qu’avec la dfaite de l’organisation terroriste tat islamique, repoussant potentiellement sa leve plusieurs mois, voire annes.

Et si l’état d’urgence devenait permanent? Interrogé ce vendredi par la BBC sur cette mesure d’exception et sa durée estimée, le Premier ministre Manuel Valls, a expliqué qu’elle resterait en place « le temps nécessaire ». « Aussi longtemps que la menace est présente, nous devons utiliser tous les moyens nécessaires », a-t-il ajouté, précisant « jusqu’à ce que nous nous débarrassions de Daech ». L’état d’urgence, mis en place après les attentats du 13 novembre à Paris, a déjà été prolongé de trois mois.

Le Premier ministre a ensuite estimé que l’afflux de migrants mettait l’Europe en danger. « Nous ne pouvons pas dire, nous ne pouvons pas accepter que tous les réfugiés, tous ceux qui fuient -c’est terrible- la guerre en Irak ou en Syrie, seront accueillis en Europe (…) Sinon nos sociétés vont être totalement déstabilisées ».

« Il faut un contrôle aux frontières extérieures de l’UE »

Selon lui, l’Europe doit prendre des mesures d’urgence pour mieux contrôler ses frontières extérieures. « Si L’Europe n’est pas capable de protéger ses propres frontières, c’est l’idée même de l’Europe qui sera remise en question », a-t-il estimé. Interrogé ensuite sur le contrôle des frontières à l’intérieur de l’UE, qui fait craindre à de nombreux observateurs la fin de l’espace Schengen, Manuel Valls a estimé que le concept même de l’Europe était désormais en très grand danger.

Plus d’un million de migrants, la plupart réfugiés, sont arrivés en Europe en 2015. Parfois en voyageant de manière périlleuse. Encore aujourd’hui, vendredi 22 janvier, au moins 21 personnes sont mortes dans deux naufrages en mer Égée, au large des îles grecques, rappelle la BBC.

>> Plus d’informations dans quelques minutes

L’état d’urgence, quel bilan?

Franois Hollande a jug mercredi « tout fait probable » la prolongation de l’tat d’urgence, qui doit normalement expirer le 26 fvrier. Quel est le bilan de ce dispositif exceptionnel?

Approuvé par les Français massivement après les attentats du 13 novembre mais contestée par les défenseurs des droits de l’Homme, l’état d’urgence pourrait être prolongé après le 26 février. La décision sera prise « dans les prochains jours », a indiqué l’entourage du chef de l’État. L’Express fait le point sur cette mesure.

En chiffres

Selon les sources des ministères de la justice et de l’intérieur, depuis l’instauration de l’état d’urgence, 3099 perquisitions administratives ont eu lieu. Par ailleurs, 542 procédures judiciaires ont été ouvertes. Et 382 assignations à résidence ont été décidées.

De manière plus anecdotique, trois fermetures provisoires des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion ont été déclarées. De plus, un couvre-feu a été ordonné, sans oublier que trois zones de protection de sécurité ont été annoncées. En tout, le bilan s’élève à 366 personnes interpellées, 316 gardées à vues et 500 armes découvertes. Ce schéma donne un aperçu de ces chiffres à la date du 7 janvier 2016.

Des interventions dans les grandes villes

Des perquisitions ont eu lieu entre le 14 novembre et le 15 décembre principalement dans les grandes agglomérations, selon Francetvinfo: Paris, Rennes, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Rennes, Toulouse mais aussi Orléans, Grenoble, Agen, Pau, Nîmes, Angers, Bastia, Grenoble, Dijon, Besançon, Colmar, Nancy, Reims, Douai, Amiens, Rouen, Caen, Versailles, Metz, Nancy et Besançon.

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Un régime contesté

En janvier, selon les Décodeurs du Monde, la plupart des infractions n’ont aucun rapport avec le terrorisme. Sur les 464 infractions répertoriées, seules 25 infractions sont en liens avec le terrorisme et 4 concernent les procédures antiterroristes.

Les 21 infractions restantes concernent le délit d’apologie du terrorisme, inscrit depuis novembre 2014 dans le Code pénal. Les procédures s’appuient alors sur les tracts, les documents divers, ou encore sur des posts sur Facebook ou sur des sites de rencontres, découverts lors des fouilles physiques et informatiques.

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Devant le tribunal administratif, 63 assignations à résidence, deux interdictions de manifester, deux restrictions de la liberté de culte, deux interdictions de vente, une fermeture de restaurants et deux perquisitions administratives ont été contestées. Sur ces recours, 49 recours ont été rejetés, 23 procédures ont en revanche été annulées ou suspendues.

Selon France inter, six mesures d’assignation à résidence ont été annulées totalement ou partiellement. Un cas reste emblématique, celui de militants écologistes qui ont fait l’objet d’une telle procédure.

Des policiers français en patrouille à Saint-Denis le 18 novembre 2015 (illustration).

Des policiers français en patrouille à Saint-Denis le 18 novembre 2015 (illustration).

AFP/KENZO TRIBOUILLARD

Les opposants à la prolongation

Alors que la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 26 février avait été votée à la quasi-unanimité par le Parlement en novembre, sa prolongation fait aujourd’hui débat. La Ligue des droits de l’Homme a annoncé avoir saisi le Conseil d’Etat pour mettre fin, totalement ou en partie, aux mesures contraignantes de l’état d’urgence, qui ne sont selon elle plus justifiées et portent « une atteinte grave et manifeste aux libertés publiques ». La plus haute juridiction administrative examinera dès mardi 26 janvier un « recours en référé liberté » en ce sens, a annoncé l’un de ses représentants, l’avocat Patrice Spinosi.

Par ailleurs, la Ligue des droits de l’homme (LDH) et le Syndicat des avocats de France (SAF) ont annoncé mardi la création à Lyon, comme dans tous les départements, d’un « observatoire des dérives de l’état d’urgence » mis en oeuvre après les attentats du 13 novembre. Concrètement, a expliqué Thomas Fourrey, président de la section lyonnaise du SAF, l’observatoire aura pour but de donner « une vue globale de ce qu’il se passe. Les gens ont peur, et ont honte, c’est un tabou », notamment quand « on vient casser votre porte à 2h du matin, vis-à-vis des voisins ».

Certains institutions judiciaires ont également exprimé leur souci d’être écartées de nombreuses procédures judiciaires. « Nous sommes inquiets. Car un Etat démocratique ne sort jamais renforcé de l’affaiblissement de sa Justice ni de l’accroissement de pouvoirs policiers sans contrôle », avait notamment déclaré le premier président de la cour d’appel de Caen Jean-Paul Roughol.

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L’avocat de Balkany dénonce un « acharnement qui n’a plus rien de juridique »

Le maire de Levallois-Perret, souponn d’avoir omis de dclarer plusieurs biens immobiliers, parmi lesquels une grande proprit situe Giverny, est mis en examen pour dclaration mensongre de patrimoine.

Les ennuis judiciaires se poursuivent pour les époux Balkany. Le maire (LR) de Levallois-Perret Patrick Balkany a été mis en examen vendredi 15 janvier pour déclarations mensongères sur son patrimoine, a-t-on appris ce lundi. Les soupçons portent notamment sur l’omission ou la sous-évaluation de plusieurs biens immobiliers.

Dans ce dossier, Patrick Balkany est déjà mis en examen, notamment pour fraude fiscale, corruption passive et blanchiment de fraude fiscale. En mai, après un signalement de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), l’enquête avait été étendue aux déclarations de patrimoine du couple Balkany. Dans son communiqué, l’autorité faisait part de doutes sérieux « quant à l’exhaustivité, l’exactitude et la sincérité de leurs déclarations de situation patrimoniale, du fait de la sous-évaluation manifeste de certains actifs et de l’omission de biens immobiliers et immobiliers ».

« Ils ont organisé leur insolvabilité »

Sollicité, Me Grégoire Lafarge, a dénoncé « une violation réitérée du secret de l’instruction » et « un acharnement qui n’a plus rien de juridique ». Dans ce dossier, Patrick Balkany est déjà mis en examen, notamment pour fraude fiscale, corruption passive et blanchiment de fraude fiscale. Son épouse, Isabelle Balkany, est également poursuivie pour blanchiment de fraude fiscale. Jointe par L’Express, celle-ci n’a pas souhaité s’exprimer.

L’enquête menée par les magistrats financiers Renaud van Ruymbeke et Patricia Simon concerne la propriété où vit le couple à Giverny (Eure), mais donnée à leurs enfants en nue-propriété, et trois villas, deux situées sur l’île antillaise de Saint-Martin et une autre à Marrakech, Dar Gyucy. Concernant la propriétaire de la villa Pamplemousse de Saint-Martin, Isabelle Balkany a reconnu en être la propriétaire, assurant que son mari n’était pas concerné et qu’elle avait été acquise après un héritage.

Quant au riad de Marrakech, le couple affirme s’y être rendu régulièrement en tant que locataire. Mais, au cours d’une perquisition en juin menée par la juge Patricia Simon, les enquêteurs y ont retrouvé des livres dédicacés au nom des Balkany, un cahier de la « Ville de Levallois », des peignoirs siglés « PB », des polos de la ville, ou des caisses de vin annotées « Balkany » et « PB ».

Une photo du Moulin de Giverny prise le 12 août 2015, où vit le couple Balkany.

Une photo du Moulin de Giverny prise le 12 août 2015, où vit le couple Balkany.

AFP/MIGUEL MEDINA

Donation « dans des conditions frauduleuses »

Autant de biens immobiliers qui ont été saisis par la justice, à l’exception d’une des deux maisons antillaises, depuis revendue. « Le patrimoine des époux Balkany est important. Pourtant aucun bien n’est à leur nom », relève une ordonnance de saisie des juges, selon une source proche du dossier. « Ils ne disposaient pas de revenus leur permettant d’acquérir un tel patrimoine. Ils ont organisé leur insolvabilité », soupçonnent les juges, selon la même source. Les magistrats sont convaincus que le couple a eu recours à des sociétés du Liechtenstein, de Singapour ou de Panama, afin d’éviter d’apparaître comme propriétaires.

Quant au moulin de l’Eure, la donation à leurs enfants a été consentie « dans des conditions frauduleuses » avec comme but « de mettre cette propriété financée dans des conditions suspectes, à l’abri des poursuites », d’après l’ordonnance.