Islam de France: ce qu’il faut savoir sur la Fondation présidée par Chevènement

By | août 28, 2016

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve l’a confirmé dimanche, Jean-Pierre Chevènement prendra la présidence de la Fondation pour l’islam de France. Un des trois piliers d’une structure dont les contours commencent à s’éclaircir.

« Selon l’Ined (Institut national d’études démographiques), il y a en France 4,1 millions de musulmans, la plupart sont français. Il faut créer les conditions qui feront qu’ils se reconnaîtront pleinement dans la communauté nationale ». C’est ainsi que l’ancien ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, a confirmé sa nomination à la tête de la Fondation pour l’islam de France ce lundi, sur France Inter.

L’occasion de revenir sur le fonctionnement de cette structure, dont les contours avaient déjà été esquissés dimanche, par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, lors d’une interview accordée au quotidien La Croix.

Pourquoi lancer cette fondation maintenant?

L’idée de créer une telle fondation d’utilité publique et laïque, notamment consacrée à des projets culturels liés à l’islam, a commencé à se dessiner en juin 2015, avec la réunion place Beauvau d’une « instance de dialogue avec le culte musulman ». Mais le processus s’est accéléré depuis l’attentat de Nice, qui a fait 86 morts le 14 juillet, puis le meurtre d’un prêtre, dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, le 26 juillet, deux attaques perpétrées par des djihadistes sur le sol français. La Fondation pour l’islam de France devrait voir le jour à l’automne.

Quel rôle le gouvernement souhaite donner à cette structure?

« L’objectif est de faire émerger de manière volontariste, dans le respect de la laïcité, dans le dialogue et le respect mutuel, un islam de France ancré dans les valeurs de la République », a indiqué Bernard Cazeneuve dans les pages de La Croix.

Pourquoi choisir Jean-Pierre Chevènement?

Bernard Cazeneuve a estimé dans son interview que cet ancien ministre de l’Intérieur, âgé de 77 ans « est un grand républicain, qui a été le premier à mettre sur le métier une déclaration commune entre l’État et les responsables musulmans, dès les années 1990 ». Le fait qu’il prenne la tête de cette instance « revêt une vraie dimension symbolique, puisque cette nouvelle structure sera le pont entre la République et les musulmans de France », a ajouté le locataire de la place Beauvau.

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Comment sera-t-elle organisée?

La Fondation pour l’islam de France n’est qu’un des trois piliers d’une structure plus générale, comme l’a détaillé ce lundi matin Jean-Pierre Chevènement. Le premier volet est effectivement cette fondation, « dont l’objet est profane », précise l’ancien ministre. Elle devrait devrait participer au financement et à l’élaboration de projets éducatifs, culturels ou encore sociaux.

« Elle pourra prendre en charge la formation profane des imams, le développement de la recherche en islamologie, être un acteur d’une meilleure connaissance de l’islam à travers ses productions littéraires et artistiques », a détaillé Bernard Cazeneuve dans La Croix.

Quels sont les deux autres piliers?

Parallèlement à cette fondation laïque, l’Etat compte également sur la création d’une association cultuelle, dirigée par des représentants musulmans et dans laquelle il n’aura aucun pouvoir, en vertu de la loi de 1905 concernant sa séparation avec l’Eglise. Cette association devrait majoritairement se charger de la construction des lieux de culte dont elle centralisera les financements et de la formation théologique des imams. Plus généralement, elle sera chargée de toutes les questions relatives à la religion. Les statuts et la composition de cette association devraient être prochainement déterminés par un groupe de travail.

Dernier pilier de cette structure, l’aspect éducatif. Bernard Cazeneuve a évoqué dimanche dans La Croix « la création de nouveaux départements d’islamologie au sein des universités, avec un très haut niveau d’exigence scientifique dans les matières profanes, qu’il s’agisse de l’histoire des religions ou de l’étude des courants d’idées s’y rattachant ». « Ils ne se substitueront pas aux instituts privés de théologie musulmane où se forment les futurs imams, mais ces derniers doivent pouvoir bénéficier en parallèle d’une formation universitaire dans les matières ‘non-confessantes' », a-t-il précisé. Cette initiative a pour dessein d’empêcher la progression les imams autoproclamés et souvent radicalisés, ou qui ne parlent pas français.

Comment seront financées ces trois branches?

Le ministère de l’Intérieur a indiqué à l’AFP qu’aucun des piliers de cette structure ne sera autorisé à recevoir des financements de l’étranger, jugés trop opaques et souvent éloignés d’un projet d’islam républicain. La fondation laïque devrait « bénéficier de fonds publics pour son démarrage, à côté du financement des entreprises et des particuliers », a indiqué Bernard Cazeneuve à La Croix. Concernant l’association cultuelle, il évoque « non pas une taxe mais une contribution -volontaire et négociée- des acteurs de la filière halal, ainsi que les dons des fidèles. »

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Qui composera cette fondation laïque?

Outre Jean-Pierre Chevènement, le ministère de l’Intérieur a annoncé que quatre personnes de confession ou culture musulmane, prendront place au conseil d’administration. Il s’agit de l’écrivain Tahar Ben Jelloun, qui siègera en qualité de personnalité culturelle, Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon, Najoua Arduini-Elatfani, une cadre supérieure d’entreprise et Ghaleb Bencheikh, un islamologue réformateur. Dans ce conseil d’administration, on trouvera également Anouar Kbibech, membre de droit en tant que président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et trois représentants des ministères de l’Intérieur, de la Culture et de l’Education. Siégeront aussi deux autres membres qui seront désignés par le « comité des donateurs » de la fondation.

Un conseil d’orientation, dont le but sera de déterminer les projets à financer, devrait aussi voir le jour avec une vingtaine de membres. « Par la suite, la fondation -nous en avons parlé ensemble- a vocation à prendre son envol et avoir à sa tête à terme d’autres personnalités. Il y a beaucoup de talents parmi les Français de confession musulmane qui ont la volonté de s’engager et de contribuer au succès de la fondation », a indiqué le ministre de l’Intérieur dans La Croix.