« Extrême », « anti-gaulliste »: toutes ces fois où Dupont-Aignan abhorrait le FN

By | avril 28, 2017

Le président de Debout la France, aujourd’hui rallié à Marine Le Pen, a passé des années à critiquer son mouvement et à s’en démarquer: revue de détail de ces piques qu’il doit aujourd’hui regretter…

Il est jusqu’ici la plus belle « prise de guerre » de Marine Le Pen. Si Nicolas Dupont-Aignan a annoncé hier sur France 2 soutenir la candidate du Front national pour les élections présidentielles, il a longtemps tenu un discours plutôt hostile envers ce qu’il considère comme un parti extrémiste. Jugeant Marine Le Pen plus modérée que son père mais « prisonnière » d’un cadre idéologique hérité de ce dernier, il refusait jusqu’à hier toute alliance avec le Front national, au motif que le mouvement lepéniste a gardé une tendance qu’il juge peu en accord avec sa ligne gaulliste et républicaine.

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Mais ça, c’était avant. Ce samedi, le président de Debout la France va détailler avec Marine Le Pen son « accord de gouvernement », précisant que le projet de la dirigeante frontiste serait « amendé » afin que des éléments programmatiques du député de l’Essonne y soient ajoutés.

« Je suis le seul à proposer une rupture dans le calme »

C’est « un choix très courageux, mais pas un chèque en blanc. Un choix contre des garanties programmatiques solides qu’il détaillera sûrement dès demain. Notamment sur le volet humaniste de notre projet présidentiel », a précisé Damien Lempereur, délégué national de Debout la France. Ce soutien a toutefois divisé le propre mouvement de l’ancien candidat: en désaccord, Dominique Jamet, vice-président et principale figure du parti, a indiqué qu’il quittait le parti, de même que Éric Anceau, responsable du projet.

Il est vrai qu’au vu des anciennes déclarations de Nicolas Dupont-Aignan, pour la plupart encore visibles sur son compte Twitter, l’annonce peut surprendre. En novembre 2016, sur RTL, il expliquait: « Je suis le seul à proposer une rupture dans le calme. Je suis gaulliste. Je pense que le FN n’a pas les bonnes solutions. Il est le meilleur allié du système », disait-il, appelant à ne pas céder à « l’impasse du Front national », à « l’aventure d’un saut sans parachute ».

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En 2013, Nicolas Dupont-Aignan s’opposait au Front national au nom des valeurs du « gaullisme ». Alors que Marion Maréchal-Le Pen défend le parcours de son grand-père Jean-Marie Le Pen et ses dérapages, jugeant qu’il avait eu « raison trop tôt », le député de l’Essonne s’emporte: « Marion Maréchal-Le Pen: l’anti-gaullisme en héritage! »

Plusieurs fois, il s’exprime à l’encontre de Florian Philippot, porte-parole du Rassemblement Bleu Marine: « Nous sommes gaullistes, nous ne pouvons aller avec l’extrême droite » ou « Il ne suffit pas de fleurir la tombe du général De Gaulle pour se dire gaulliste ».

L’une des thématiques qui revenait dans la bouche du président de Debout la France est d’associer le FN à l’extrême droite, pour mieux s’en démarquer. Ainsi, le mois dernier encore, il disait sur CNews: « La France est prisonnière d’un dilemme: soit on va vers l’échec avec les mêmes. Soit on risque les extrêmes. »

Et de dénoncer « l’arrière boutique d’extrême droite » au FN. Extrême droite qui est, au mois de mars 2017 encore, « le meilleur allié du système »:

Dénonçant « les excès » ou « les extrêmes » du FN », lui se voit comme « un gaulliste: pour un beau patriotisme républicain ».

Les Français ne lui font pas confiance

« Amateurisme »

La hantise de Nicolas Dupont-Aignan, c’est le spectre de Jean-Marie Le Pen, qui reste président d’honneur du FN. « Comment voulez-vous qu’un gaulliste puisse l’accepter? » demande-t-il en 2015. « Est-ce que vous avez envie de donner les clés du pays à la famille Le Pen? » Le député, qui dit ressentir « un malaise », analyse: « Le FN joue sur tous les tableaux avec Jean-Marie Le Pen qui vante Vichy ».

Plus globalement, Nicolas Dupont-Aignan estimait encore tout récemment que le Front national n’inspire pas confiance. « On peut protester avec le FN, on ne peut pas gouverner avec le FN! » disait-il dans Paris Match, en octobre 2015. Et de stigmatiser « l’amateurisme » de Marine Le Pen, qui émet d’ailleurs « des propos odieux » sur l’éradication de « l’immigration bactérienne ».

Bref, selon lui, les Français ne veulent plus de ceux qui les ont gouvernés depuis 30 ans »… et « Ils ne veulent pas plus du Front national ».

C’était avant le premier tour de l’élection présidentielle, avant que Nicolas Dupont-Aignan échoue à atteindre les 5% nécessaires au remboursement de sa campagne. Reste à savoir comment Marine Le Pen a réussi à le convaincre de faire campagne avec elle pour le second tour. Premiers éléments de réponse aujourd’hui, alors que les deux personnalités vont « s’afficher ensemble » pour la première fois.

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