Syrie: Ayrault veut « négocier » avec Assad, mais dénonce le « cynisme » de Fillon

By | décembre 15, 2016

Quelques jours après la victoire décisive du régime syrien à Alep, le ministre des Affaires étrangères se dit favorable à une discussion avec les représentants de Bachar el-Assad. Une position semblable à celle de François Fillon.

Sans l’admettre, Jean-Marc Ayrault vient de faire prendre un tournant symbolique à la diplomatie française. Trois jours après la reprise d’Alep par les forces de Bachar el-Assad, le ministre des Affaires étrangères a annoncé ce vendredi sur RTL qu’il était urgent de « relancer le processus de paix à Genève ». Pour cela, le proche de François Hollande souhaite convier des représentants de l’opposition syrienne, mais aussi ceux du régime. Ce qui ne l’a pas empêcher de lui reprocher son cynisme et sa stratégie de « guerre totale ».

LIRE AUSSI >> Alep: Poutine annonce un prochain « cessez-le feu sur l’ensemble du territoire »

Le changement de pied n’en demeure pas moins considérable. Alors même que jeudi, à Bruxelles, François Hollande assumait son souhait (jusqu’à maintenant) d' »écarter » Bachar el-Assad de la table des négociations, le chef de sa diplomatie reconnaît aujourd’hui à demi-mot qu’une solution concrète n’est pas envisageable sans une discussion quelconque avec le président syrien.

Ayrault tance le « cynisme glacial » de Fillon

Par ailleurs, la position exprimée par Jean-Marc Ayrault ressemble à s’y méprendre à celle de François Fillon, qui défend de longue date une réinsertion de Bachar el-Assad et de son principal soutien, la Russie de Vladimir Poutine, dans le jeu diplomatique mondial.

Réfutant un alignement sur l’argumentaire de l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a d’abord remis en question son expertise. « François Fillon découvre la réalité du dossier ou quoi? Je ne comprends pas ce qu’il dit. Qu’est ce que nous avons dit depuis le début? Arrêtons la guerre et commençons la négociation », a-t-il tonné.

INTERVIEW >> Alep: « L’armée de Bachar ne va rien gagner »

Le ministre des Affaires étrangères en a d’ailleurs profité pour tacler, sur le principe, la philosophie diplomatique du candidat Les Républicains à l’élection présidentielle. Citant la phrase prononcée par François Fillon à Bruxelles jeudi, « l’indignation (…) n’a jamais sauvé une vie », Jean-Marc Ayrault a fustigé le « cynisme glacial » de son prédécesseur à Matignon. « Je suis désolé: c’est l’indifférence qui tue. Heureusement qu’il y a de l’indignation dans l’Histoire. (…) Je ne comprends pas François Fillon », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que, d’après lui, le candidat se faisait « beaucoup de mal » en défendant de telles positions.