Monthly Archives: avril 2017

Mélenchon président: le salarié y gagne, l’entreprise beaucoup moins…

Abrogation de la loi El Khomri, baisse du temps de travail, interdiction de certains licenciements, nouveau statut pour les travailleurs indépendants… Le candidat de la France insoumise veut bouleverser les règles.

Baptisé l’Avenir en commun, le programme de Jean-Luc Mélenchon s’articule autour de sept grands axes (l’urgence sociale, l’urgence économique ou encore le VIe République…), complétés par des livrets détaillant ses propositions. Sur le plan économique, il promet de nombreux changements pour le monde du travail. Passage en revue de ses mesures fortes pour l’entreprise, et surtout les salariés.

1. Un code du travail plus protecteur

Jean-Luc Mélenchon n’a jamais retenu ses coups contre la loi El Khomri. Il propose donc, sans surprise, de l’abroger une fois élu. Il compte également « supprimer toutes les dispositions des lois antérieures permettant aux accords d’entreprise, ainsi qu’aux accords de branche, de déroger aux règles plus favorables prévues par la loi ».

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Les lois de 2004 et 2008 ont déjà introduits des dérogations à la hiérarchie des normes. Remontera-t-il jusque là? Visiblement oui.

2. Un nouveau statut pour les indépendants

Le candidat de la France insoumise propose de permettre aux indépendants affiliés au RSI de rejoindre le régime général afin « d’harmoniser les protections et les garanties de l’ensemble des travailleurs. » Il n’est pas le seul candidat à proposer de modifier ce régime tant décrié. (Emmanuel Macron ou Marine Le Pen souhaitent eux aussi permettre aux affiliés de rejoindre le régime général, en affirmant qu’il supprimeront le RSI.)

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Jean-Luc Mélenchon veut créer une « Sécurité sociale professionnelle » pour tous les indépendants. Tous les droits personnels comme ceux liés à la formation ou l’ancienneté seraient conservés par la personne elle même, un peu comme le préconise le compte personnel d’activité (CPA), qui sera accessible aux travailleurs non salariés le 1er janvier 2018. Les droits à cette sécurité sociale s’ouvriraient dès le premier jour de fin du contrat de travail.

Il souhaite également revoir le lien unissant employeur et indépendant et inscrire dans le code du travail une « présomption de salariat ». Tout travailleur réalisant une prestation et se retrouvant en situation de dépendance économique (client unique ou personne sous le contrôle d’une plateforme) devrait donc être « présumé salarié ».

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Il suggère également d’aller vers des schémas « vraiment coopératifs » pour les entreprises du numérique afin de permettre aux travailleurs « de contrôler collectivement les plates-formes qui les mettent en relation avec les clients et de cesser d’être ponctionnés par celles et ceux qui en détiennent actuellement les clefs. »

3. Favoriser l’égalitéhommes-femmes et encadrer les salaires

Jean-Luc Mélenchon veut étendre aux entreprises de moins de 50 salariés l’obligation d’adopter un plan contre les inégalités salariales (qui concerne aujourd’hui seulement les plus de 50 salariés). Les sanctions contre les employeurs ne respectant pas cette égalité seraient durcies: il menace par exemple de les priver d’accès aux marchés publics.

Les métiers majoritairement occupés par des femmes seraient revalorisés, promet aussi Jean-Luc Mélenchon. Les grilles salariales seraient ainsi relevées. Et il entend lutter également contre le « temps partiel contraint » (subi à 80% par des femmes).

Le candidat préconise aussi des congés parentaux « de durée identique entre les pères et les mères ». Mais il ne détaille pas plus cette proposition. Pour rappel, la loi du 4 août 2014 a été faite afin d’inciter les pères à prendre un congé parental, en général et quasi exclusivement celui-ci est pris par les mères.

Enfin, en matière de salaire, il souhaite fixer un « salaire maximum autorisé » afin de limiter l’écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et le salaire le plus haut dans une entreprise.

4. Réduire le temps de travail et chasser les contrats courts

Jean-Luc Mélenchon entend « appliquer réellement et immédiatement les 35 heures ». Une ambition qui implique de majorer les heures supplémentaire (de 25% à 50% et plus au-delà de 4 heures), de revenir sur le forfait-jour et le limiter aux seuls cadres dirigeants. Il assure également qu’il « reviendra sur les élargissements du travail du dimanche. »

Il souhaite également aller vers les 32 heures hebdomadaires et la semaine de quatre jours notamment pour les salariés en travail de nuit et exerçant des métiers pénibles. Une « grande conférence nationale sur le partage du temps de travail et l’impact du progrès technologique » serait convoquée et une « vaste réflexion » serait lancée sur les enjeux de l’équilibre entre des différents temps sociaux (horaires de travail et de garde d’enfant, par exemple…).

En matière de contrat de travail, le CDI serait « la norme » et un quota de contrats courts serait introduit dans les entreprises: pas plus de 5% des contrats signés ne devraient être contrats précaires dans les grandes entreprises et pas plus de 10% dans les PME.

5. Revoir les règles des licenciements

Si Jean-Luc Mélenchon était élu, les licenciements boursiers seraient interdits. Une entreprise « en bonne santé financière avec un niveau de trésorerie d’endettement et d’autofinancement ne remettant pas en cause sa viabilité à court terme » ne pourrait ainsi pas procéder à des licenciements de nature économique.

La France insoumise rappelle ainsi que la nouvelle définition du licenciement économique de la loi El Khomri prévoit « qu’une baisse de commandes ou de chiffres d’affaire ou tout élément de nature à justifier des difficultés » peut donner lieu à des licenciements économiques. Ceci serait donc annulé.

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Enfin, la procédure de contestation des licenciements économiques sera revue. Ces derniers ne pourraient être effectifs que si « toutes les voies de recours » ont bel et bien été épuisées.

Le licenciement sans cause réelle et sérieuse d’un salarié qui serait reconnu par les prud’hommes donnerait lieu à la réintégration effective de la personne dans l’emploi et au versement des rémunérations dues entre le renvoi et cette réintégration.

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Les délais de prescription prévus pour l’ensemble des actions devant les prud’hommes serait également étendu à 5 ans après la rupture du contrat de travail.

6. Suppression de la rupture conventionnelle

Jean-Luc Mélenchon entend supprimer la rupture conventionnelle, souvent utilisée pour recourir à des licenciements déguisés, affirme le candidat.

Enfin, il veut créer un « droit opposable à l’emploi » en cas de chômage de longue durée.

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L’Etat devra propose un emploi au chômeur en lien avec sa qualification. Un salarié démissionnaire aura droit aux allocations chômage. Cela viendra s’inscrire dans la grande politique de Sécurité sociale professionnelle que défend Jean-Luc Mélenchon.

7. Revoir les règles du dialogue social

Jean Luc Mélenchon souhaite renforcer les droits du comité d’entreprise (CE). Il veut notamment qu’aucune procédure de restructuration et de réorganisation (qu’il y ait des licenciements économiques ou non) ne soit mise en oeuvre tant que le CE n’aura pas donné son avis conforme, ce qui assurerait donc un pouvoir de veto suspensif au comité d’entreprise. Pour le moment, le CE n’a pas son mot à dire et rendre un avis est un geste de pure forme.

Par ailleurs, le périmètre juridique sur lequel les CE ont leur attribution doit être étendu vers les sociétés sous-traitantes et d’intérim auxquelles leur entreprise a recours. Dans les grands groupes, Le CE devrait pouvoir s’entretenir avec les dirigeants des groupes et les actionnaires majoritaires directement et non avec les responsables de filiale seulement.

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Le candidat espère aussi créer « un droit de reprise de l’entreprise » pour les salariés y compris en cas de fermeture liée à d’autres causes que des difficultés économiques. Pour cela, les employeurs devront communiquer aux représentants des salariés des informations sur une éventuelle fermeture de l’entreprise. Une mesure similaire à ce qu’avait établi Benoit Hamon dans sa loi sur la cession d’entreprise.

En cas de projets de reprise multiples, il faudrait donner aux salariés un vrai « droit de préemption ». Le juge devrait ainsi favoriser tout projet de Scop ou de reprises par les salariés si celui-ci est jugé viable.

8. Privilégier les PME

Jean-Luc Mélenchon propose de créer un fonds de solidarité interentreprises dans lequel la contribution sociale (qui assure le paiement des salaires en cas de problème) payées par toutes les entreprises serait mutualisée. Les grands groupes fourniraient un effort supplémentaire (selon un barème progressif) pour soulager les PME. Cela permettrait « d’assurer la solidarité financière entre donneurs d’ordre et sous-traitants. »

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Le candidat de la France insoumise veut moduler le montant de l’impôt sur les sociétés en fonction de la taille des entreprises. Il serait ainsi plus faible pour les PME (25%) et augmenterait au fur et à mesure.

Le prochain président français sera-t-il élu par les trolls d’Internet?

La question vous paraît excessive? Les Américains en débattent depuis l’élection de Donald Trump, l’équipe d' »Ali » Juppé depuis sa défaite aux primaires de la droite. Internet fait souffler un vent de populisme sur le monde. À qui le tour, se demande notre contributeur, Arnaud Dassier?

Depuis les débuts d’Internet, on débat de son impact sur la vie politique, la démocratie et les campagnes électorales. Après les illusions perdues de la démocratie directe et après la rénovation du militantisme – dont l’exemple le plus abouti a été donné par la campagne de Barack Obama – voici venu le temps de l’information « alternative » et de la propagande diffusés par les réseaux sociaux.

Back in the USSR

Les Russes sont incontestablement ceux qui exploitent le plus l’influence des médias Web. Depuis l’URSS, ils connaissent la puissance de la propagande. L’art de la guerre de l’information est toujours enseigné dans les écoles diplomatiques et militaires russes.

Ancien du KGB, Vladimir Poutine est le premier soutien de la stratégie d’influence déployée par la Russie sur les médias internationaux. L’investissement de la Russie est à la hauteur de ses ambitions géopolitiques: des centaines de millions dépensés chaque année et des milliers d’employés qui se consacrent à inonder quotidiennement le monde de contenus produits par des médias comme Russia Today ou Sputnik. Des centaines de jeunes « trolls du Kremlin » inondent les réseaux sociaux, 7/7, 24/24, de milliers d’articles, photos trafiquées, posts, commentaires, et intimident les adversaires – « How much the CIA paid you? »

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Les Russes sont passés maître dans l’art de la guerre hybride mêlant rapport de force armé, opérations spéciales sur le terrain et guerre de l’information. Avec un succès certain, malgré des contenus de qualité souvent grossière. Ils ont ainsi réussi à faire avaler l’invasion de la Crimée et de l’Ukraine, et même la destruction d’un avion de ligne et ses 298 victimes. On a commencé des guerres pour moins que ça.

Cette stratégie hybride est si puissante que le monde débat aujourd’hui pour savoir si la Russie domine la géopolitique mondiale, alors que ce pays est 10 fois moins riche et puissant militairement que les Etats-Unis.

Fake news

La propagande procède d’abord d’une manipulation de l’information: la présentation des faits est biaisée, des histoires sont inventées, des visuels « photoshopés », etc. dans le but d’hystériser l’opinion par des images et des mots à fort impact émotionnel. L’objectif est de créer la confusion dans les esprits en présentant une réalité virtuelle qui entre en concurrence avec la réalité. Même les médias traditionnels, soucieux de balancer le traitement de l’information et de donner la parole à toutes les parties, se font prendre au piège.

A l'origine, une photo de l'ambassadeur des Etats-Unis en Russie, s'adressant à la presse après l'assassinat de Boris Nemtsov. Elle a été détournée à de nombreuses reprises, notamment pour "démontrer" le soutien des Etats-Unis à l'opposition russe.

A l’origine, une photo de l’ambassadeur des Etats-Unis en Russie, s’adressant à la presse après l’assassinat de Boris Nemtsov. Elle a été détournée à de nombreuses reprises, notamment pour « démontrer » le soutien des Etats-Unis à l’opposition russe.

Twitter

La propagande permet aussi de polariser les débats, de maîtriser son opinion publique à domicile, d’alimenter ses partisans idéologiques avec des contenus à partager sur les réseaux sociaux et de créer l’apparence d’un enthousiasme populaire.

Ubérisation de la politique

Le levier d’influence du Web est utilisé depuis longtemps par les courants politiques minoritaires, radicaux ou marginaux, qui n’ont pas accès aux médias traditionnels. Ils compensent leur manque de moyens par l’attractivité et la viralité de leur discours décomplexé et sans filtre, qui provoque la curiosité des internautes et un engagement constant et durable de leurs sympathisants au service de la cause, et permet d’accumuler les soutiens en permanence (là où les militants des partis politiques traditionnels ne s’engagent et se recrutent que le temps d’une campagne).

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Ce constat est presque aussi vieux qu’Internet. Ce qui est plus nouveau, c’est que cette influence a été décuplée par l’émergence des médias partisans (comme Breitbart.com aux Etats-Unis, fdesouche.com ou Boulevard Voltaire en France) et leur articulation avec la capacité de diffusion virale et d’audience universelle de réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter qui sont devenus dominants dans la consommation de l’information.

Jour après jour, les idées portées par ces contenus percolent dans l’opinion. C’est ainsi que Daech est parvenu, avec des moyens réduits et artisanaux, à séduire des millions de musulmans partout dans le monde et à exporter le Djihad au sein des populations des pays occidentaux.

Le succès des canaux alternatifs d’information sur le Web fait souffler un vent de populisme

Avec les victoires surprises du Brexit et de Donald Trump, l’influence de ces médias Web militants et alternatifs explose à la figure des médias traditionnels et de la classe politique qui, jusque-là, maîtrisaient de concert le débat politique et le jeu électoral. A leur tour, la politique est en cours d’ubérisation, mais pas comme on l’avait imaginé (la démocratie liquide est encore une utopie), et pas au service des idées libertaires portées par les élites numériques.

Aux Etats-Unis, un grand débat a lieu actuellement pour déterminer si les « fake news » et les médias partisans, relayés sur les réseaux sociaux par les militants de l' »Alt Right » et les trolls du Kremlin, ont permis l’élection surprise de Donald Trump. A l’occasion de la campagne électorale allemande, le même phénomène est actuellement à l’oeuvre contre Angela Merkel. La France n’est pas épargnée, loin s’en faut.

La campagne présidentielle française sous l’influence des trolls du web?

L’un des meilleurs exemples de média partisan est le blog fdesouche, devenu l’un des acteurs les plus influents de la politique française en distillant depuis plus de 10 ans, avec un succès d’audience croissant (3 millions de visites par mois), une sélection anxiogène de l’actualité, qui vient appuyer des thèses identitaires énoncées dans les commentaires des articles.

La diffusion de ces informations sur les réseaux sociaux a progressivement permis l’apparition, puis la domination, des idées identitaires dans le débat public, contribuant à la popularité croissante de Marine Le Pen et du FN.

En les rendant incontournables sur le Web et dans l’opinion, la « fachosphère » a réussi à imposer ces thèmes aux médias et aux responsables politiques. De la même manière, avec l’aide de relais médias Web comme Riposte Laïque ou Boulevard Voltaire, la droite dite « hors les murs » a mené la bataille contre « Ali » Juppé lors des primaires de la droite, avec le succès que l’on sait.

De son côté, la « gauchosphère » a favorisé l’émergence de Benoît Hamon lors des primaires du PS et de Jean-Luc Mélenchon, qui a fait une percée remarquée sur Youtube. Ce succès a été préparé indirectement par des youtubeurs politiques puissants – comme Osons Causer – qui ont créé un climat idéologique favorable auprès d’une jeunesse accro aux vidéos sur internet.

La conjonction de ces réseaux influents sur le Web réussira-t-elle à faire trébucher les favoris du « cercle de la raison »?

Face à ces machines de guérilla idéologique numérique, les candidats des partis traditionnels font pâle figure. Ainsi François Fillon est relativement faible sur les réseaux sociaux pour un ancien Premier ministre qui a gagné une Primaire avec 4,3 millions de participants – il n’a que 330 000 abonnés sur Facebook, contre 830 000 pour Jean Luc Mélenchon et 1,3 million pour Marine Le Pen. Cela témoigne-t-il d’une tendance de fond qui se traduira par des surprises lors du premier tour de l’élection présidentielle?

Quoique beaucoup moins nombreux et moins bien financés, les médias Web partisans, relayés par les réseaux sociaux, parviennent à concurrencer les médias traditionnels et à influencer efficacement le climat idéologique et le débat politique.

Ils sont devenus la voix du peuple face aux élites. Ils révèlent des vérités cachées et des complots imaginaires et brisent les limites imposées au débat politique par le politiquement correct. Le résultat de cette nouvelle donne médiatique, c’est un ouragan populiste et géopolitique. Après le Poutinisme, le djihadisme importé à domicile, le Brexit, Donald Trump et Ali Juppé… à qui le tour?

Arnaud Dassier est entrepreneur Internet, business angel, président d’@eclypsiaCOM, co-fondateur d’@allomedia. Il a participé à une vingtaine de campagnes électorales sur Internet depuis 1997 (dont celles de Jacques Chirac en 2002 et de Nicolas Sarkozy en 2007). Il est un spécialiste de l’influence et de la réputation en ligne.

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Pour 70% des Français, Hollande a été un « mauvais président »

À un mois de la fin de son mandat, le président de la République bénéficie d’un satisfecit mitigé. Si les Français sont une majorité à juger positivement son bilan sécuritaire, ils ne sont que trois sur dix à s’estimer satisfaits de l’ensemble de son oeuvre.

De bout en bout, le quinquennat de François Hollande n’aura pas su déchaîner les enthousiasmes ou les vivats. Selon un sondage Odoxa publié par FranceInfo ce jeudi, plus de deux Français sur trois (70%) estiment que François Hollande, qui quittera l’Elysée mi-mai, a été un « mauvais président ».

À l’inverse, 29% jugent qu’il a été, globalement, un bon chef de l’Etat. Ils sont 43% chez l’ensemble des sympathisants de gauche et même 76% chez les seuls sympathisants du Parti socialiste à saluer sa façon d’avoir présidé la France.

La loi Taubira, l’événement du quinquennat

Si 54% des Français jugent positivement son bilan en matière de lutte contre le terrorisme et l’insécurité ou de réformes sociétales comme le mariage pour tous, ils sont majoritaires à déplorer son bilan sur la politique étrangère (58% contre 41%), la moralisation de la vie politique (69% contre 30%) mais surtout sa politique économique et sociale (83% contre 16%).

Ils sont 48% à juger la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels comme l’événement le plus marquant de son quinquennat, devant la loi Travail (39%).

Enquête réalisée en ligne le 5 avril auprès de 1001 personnes inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. Marge d’erreur de 1,4 à 3,1 points.

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Sexisme en politique: des ex-candidates à la présidentielle se souviennent

Dans un documentaire réalisé pour Canal+, Moi, candidat, Arlette Laguiller, Dominique Voynet et Marie-George Buffet racontent leur confrontation au machisme pendant leurs campagnes respectives.

Dans l’univers de la politique, le sexisme est un débat de plus en plus récurrent, notamment dans le milieu parlementaire. L’élection présidentielle, en revanche, est une autre histoire. Hormis le cas de Ségolène Royal, qui en marge du scrutin de 2007 a fait l’objet d’attaques sexistes parfois brutales, le sujet est moins abordé. Le documentaire Moi, candidat, diffusé sur Canal+ ce mercredi, est l’occasion pour d’anciennes candidates de partager leurs expériences.

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Entrent en scène Arlette Laguiller, représentante de Lutte ouvrière (LO) aux six élections présidentielles entre 1974 à 2007, Dominique Voynet, candidate écologiste en 1995 et 2007, et Marie-George Buffet, qui a porté la bannière communiste en 2007. Les trois relatent, dans le documentaire qu’a pu visionner Le Lab, des scènes de machisme ordinaire, notamment à la télévision.

« C’est votre type d’homme, Fidel Castro? »

Instantanément identifiable au mantra entonné à chacune de ses six déclarations de candidature -« Travailleuses, travailleurs », clamait-elle en ouverture-, Arlette Laguiller se rappelle notamment d’un échange avec la journaliste Christine Clerc, à l’occasion de L’Heure de vérité du 12 mars 1995. De son propre aveu, celle qui travaillait à l’époque pour Le Figaro Magazine avait pour but d’interroger l’invitée en tant que « femme », en laissant à ses confrères masculins le soin de lui poser des questions plus politiques. « C’est quand même bizarre », avait réagi d’emblée Arlette Laguiller.

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Au bout d’un quart d’heure, Christine Clerc achève son interview avec cette question: « En sortant d’ici, vous allez enlever ce très léger maquillage qu’on vous voit pour la première fois ou vous allez le garder? » Ce à quoi la candidate LO répond, interloquée, qu’elle aurait espéré parlé d’autre chose. Dans la foulée, l’animateur François-Henri de Virieu enchaîne de façon curieuse. « Bien, merci Christine Clerc. Monsieur Fidel Castro est actuellement à Paris. C’est votre type d’homme, monsieur Castro? », demande-t-il à l’invitée.

Autre souvenir, celui d’une remarque du général Bigeard en marge de la campagne de 1974. Alors qu’elle était la première femme de l’histoire à être candidate à la présidence de la République, le haut gradé militaire avait raillé son score à l’élection, avant d’ajouter: « La petite Laguiller, faut la marier à un second maître ou un parachutiste et on n’en parlera plus ».

Le « paternalisme » des journalistes

Dominique Voynet et Marie-George Buffet, concurrentes en 2007 -élection qui, avec celle de 2002, affiche le record du nombre de candidatures féminines, à savoir quatre-, évoquent également leur ressenti. Se référant à sa campagne de 1995, l’écologiste déplore dans Moi, candidat « la tendance au paternalisme d’un certain nombre de journalistes masculins ». Et l’ancienne ministre de Lionel Jospin de citer l’exemple de Daniel Bilalian, qui a longtemps officié au 20H de France 2 et qui, en fin de journal, l’aurait appelée par son prénom: « Dominique, que pensez-vous, etc. »

Une familiarité qui, d’après l’ex-maire de Montreuil, s’accompagnait d’articles « écrits par des femmes qui étaient peut-être encore pire, qui consacraient pas mal de lignes à la description de [ses] cheveux, de [sa] façon de me tenir ». Egalement ministre sous le gouvernement Jospin, la communiste Marie-George Buffet dénonce plus globalement la misogynie « extrêmement présente dans la société française ».

Dans l’histoire récente, l’ex-candidate à la primaire à droite Nathalie Kosciusko-Morizet a eu l’occasion de s’indigner, en direct, à une question de journaliste portant sur son apparence physique. C’était en 2013, à l’occasion de la campagne des élections municipales à Paris.

Lorsque Yves Thréard du Figaro l’interroge sur sa nouvelle coiffure, la députée Les Républicains de l’Essonne fulmine: « Je trouve ça déplacé que vous preniez du temps de parole (…) pour me parler de sujets que vous n’aborderiez pas avec des hommes ».

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Rapports confidentiels d’Air Cocaïne: Nicolas Sarkozy va déposer plainte

L’ancien chef de l’Etat a demandé à consulter des documents en marge de l’enquête sur le trafic de drogue: son nom est apparu dans plusieurs rapports non accessibles au public. Vendredi, le Conseil d’Etat l’a débouté. Une plainte contre X pour « violation du secret de l’instruction et recel » va être déposée.

Nicolas Sarkozy veut toujours accéder aux rapports confidentiels de l’affaire Air Cocaïne. Vendredi, le Conseil d’Etat a débouté l’ancien président de la République, alors qu’il demande à consulter des documents judiciaires le concernant, dans le cadre de l’enquête sur ce vaste trafic international de drogue passée par la République dominicaine.

Ce dimanche, Me Thierry Herzog, l’avocat de l’ancien chef de l’Etat, revient à la charge. Il a annoncé dans le Journal du Dimancheson intention de déposer plainte contre X pour « violation du secret de l’instruction et recel », visant implicitement l’ancien procureur général d’Aix-en-Provence et le ministère de la Justice.

Des documents administratifs particuliers

Au coeur de l’affaire, il y a les rapports du parquet général aixois à la chancellerie concernant Air Cocaïne. Estimant que dans ce dossier, des investigations ont été indûment réalisées sur son téléphone, Nicolas Sarkozy réclame la communication de ces rapports adressés à Christiane Taubira, et vraisemblablement ensuite à l’Élysée et à Matignon.

Vendredi, le Conseil d’Etat a estimé, selon un communiqué, que ces documents ne « constituaient pas des documents administratifs » éventuellement communicables.

Dans ces rapports qui transitent par la Direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la Justice, les magistrats « prennent position sur la conduite des dossiers » et mentionnent les instructions qu’ils donnent éventuellement, explique la plus haute juridiction administrative. Or, ces caractéristiques empêchent de les ranger dans la catégorie des documents administratifs consultables par le public.

« Nous ne lâcherons jamais »

Le nom de l’ancien président est apparu en marge du dossier Air Cocaïne. Lors d’une perquisition dans les locaux de la société de transport aérien SNTHS, impliquée dans ce trafic, les enquêteurs avaient découvert des factures adressées à Lov Group, dont trois concernaient des vols en jet privé de Nicolas Sarkozy, fin 2012 et début 2013. Mais l’ancien chef de file des Républicains veut savoir précisément de quoi il retourne.

« Cette affaire est un parcours du combattant mais nous ne lâcherons jamais », confie Me Herzog au JDD. Cela fait maintenant deux ans que Nicolas Sarkozy demande à accéder à ces dossiers.

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