Samedi, quelque 37 personnes ont été interpellées après les violences qui ont éclaté en marge du rassemblement en soutien à Théo à Bobigny. La classe politique n’a pas manqué de pointer la responsabilité du gouvernement.
Des vitrines brisées, quatre voitures incendiées… Les violences qui ont suivi la manifestation qui s’est tenue samedi en soutien du jeune Théo, gravement blessé lors de son interpellation par la police le 2 février n’ont pas manqué d’alimenter le débat politique. Quelque 37 personnes ont été interpellées au total.
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François Fillon, qui tente un retour en campagne après deux semaines de polémique liée au Penelopegate, n’a pas hésité à pointer la responsabilité du gouvernement. « Pourquoi le ministre de l’Intérieur a-t-il autorisé » la manifestation de Bobigny « alors que les risques de violence étaient évidents? », s’est interrogé François Fillon, s’étonnant du « silence » de Bruno Le Roux.
« Toute la vérité » doit être faite sur les circonstances de l’interpellation de Théo le 2 février à Aulnay-sous-Bois, rappelle-t-il, mais « le gouvernement ne doit pas laisser s’exprimer la violence dont les premières victimes sont toujours les habitants des banlieues ».
« C’est facile d’émettre un jugement a posteriori »
« Les manifestations font l’objet d’une simple déclaration à la préfecture, fait valoir à L’Express une source policière. Sur les rassemblements, la règle veut que les gens puissent s’exprimer. C’est en fonction des circonstances, et des éléments disponibles qu’une éventuelle décision d’interdiction peut-être prise. »
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Autrement dit, la manifestation de samedi n’a pas été jugée comme étant à risque. « Il y a eu des rassemblements en Seine-Saint-Denis la semaine dernière qui n’ont posé aucun problème, notamment avec des mères de famille. Samedi, les actes de violence ont été causés par des éléments perturbateurs extérieurs, qui sont venus se greffer. C’est toujours facile d’émettre un jugement a posteriori. »
Pour autant, il est probable que les dégradations et les interpellations du week-end risquent de jouer dans le traitement de futures demandes de manifestations. « Très clairement, si une nouvelle déclaration est déposée, les autorités devraient regarder ce qu’il s’est passé, c’est quelque chose qui peut être pris en compte », poursuit notre interlocuteur, ajoutant que les échanges avec le ministère de l’Intérieur sont « quotidiens ».
Une position « opportuniste » de François Fillon
Contacté par L’Express, l’entourage de Bruno Le Roux, ministre de l’Intérieur, assume lui sa décision. A ce stade, les prochaines manifestations ne semblent pas particulièrement menacées. « L’interdiction est soumise à des principes de droit et de proportionnalité. Cela peut-être le cas si un rassemblement menace gravement l’ordre public. Notre position, dans ce cas, était de laisser la possibilité aux gens de s’exprimer. On sait que lorsqu’un petit groupe décide d’aller dans une manifestation pour casser, il le fait. »
Quand aux critiques de François Fillon, on explique ne même pas vouloir en tenir compte. « Cela fait un petit moment qu’il nous cherche. Notamment sur les affaires, puisqu’il parle d’un complot en sous-entendant une implication au sommet de l’Etat. Nous ne voulons pas rentrer dans ce jeu-là. Il y a une forme d’opportunisme, du moins c’est ce que l’on ressent. »
D’autres candidats à l’élection présidentielle se sont également engouffrés dans la brèche. Pour Marine Le Pen, ces incidents sont « la conséquence du laxisme qui diffuse dans la société française, qui est la responsabilité des politiques qui nous ont gouvernés pendant des années ». Jean-Luc Mélenchon a usé de sous-entendus en faisant valoir que « certains ont l’air de souhaiter des émeutes de banlieue ». Pour le candidat de la France insoumise, « il y a une volonté de je ne sais qui de multiplier les provocations ».