Monthly Archives: avril 2016

A quand les « London papers » ?

Depuis la révélation de l’existence d’un grand nombre de comptes cachés au Panama, on assiste à un débat d’une grande confusion. D’abord, on feint de découvrir que des richesses énormes échappent à l’impôt : on sait pourtant depuis longtemps que c’est le cas pour plus du tiers de la richesse produite mondialement chaque année et que ces ressources manquent cruellement partout, en particulier dans les pays les plus pauvres.

Ensuite, on feint de croire que seuls quelques lieux exotiques permettraient de dissimuler des fortunes au fisc, alors que bien des pays, parmi les plus respectés, en fournissent les moyens.

Enfin, parmi ceux qui les utilisent, on mélange trois sortes de personnes:

1. Des gens ayant commis des actes criminels et caché les revenus qu’ils en ont tirés dans un paradis fiscal. Ceux-là sont en situation inacceptable, au regard de la loi de leur propre pays.

2. Des gens ayant gagné honnêtement de l’argent, maisdécidé de le mettre à l’abri, soiten le dissimulant frauduleusement au fisc de leur pays, ce qui est illégal, soit en s’arrangeant légalement pour que ce revenu ne soit taxable que dans ce paradis fiscal, ce qui est moralement intolérable.

3. Enfin, d’autres, en toute légalité, et par souci de discrétion, ont choisi d’avoir un compte dans ce pays pour y déposer leur épargne, issue d’une activité légale, après avoir payé tous leurs impôts ailleurs et fait connaître au fisc de leur pays la localisation de leur patrimoine. A ceux-là, il n’y a rien à reprocher.

Il est clair aussi que Panama n’est pas le seul pays à offrir un tel havre de discrétion. Et encore moins à offrir des conditions fiscales avantageuses.

Il convient donc d’apporter des réponses différentes à ces divers cas de figure.

1. Les opérations criminelles doivent être démasquées et tout pays doit donc être tenu de faire connaître à tout autre (et pas seulement aux Etats-Unis, comme c’est le cas du Panama) les comptes d’un individu soupçonné d’activité illicite. Les États qui refusent, dits « non coopératifs », doivent être plus sévèrement sanctionnés qu’aujourd’hui et être exclus de la communauté internationale, jusqu’à perdre leur droit de vote aux Nations-Unies. Les criminels devraient même pouvoir être jugés hors de leur propre pays, un Tribunal Financier international ayant connaissance de leurs actes : en pillant les ressources des nations, ils ont autant de morts sur la conscience que ceux qu’on juge à La Haye pour crimes contre l’humanité.

2. Les pays offrant des avantages fiscaux démesurés en toute légalité doivent être combattus. C’est très difficile à imaginer quand on sait qu’au premier rang d’entre eux il y a plusieurs États des États-Unis, telle Delaware, et plusieurs pays européens, comme la Grande Bretagne ou le Luxembourg. J’attends avec gourmandise la publication, un jour, des « London Papers », qui dévoileront comment la si respectable City abrite bien des turpitudes financières et fiscales, au détriment des pays dans lesquelles les richesses sont créées. Ce sera infiniment plus important et signifiant que les quelques révélations de Panama.

3. Tout candidat à une élection, quelle qu’elle soit, doit présenter un quitus fiscal et déclarer sur l’honneur qu’il n’a pas placé son argent, ou celui d’une entreprise qu’il contrôle, en dehors du pays dont il est citoyen et où il sollicite les suffrages, dans le but d’échapper, même légalement, à l’impôt.

En politique, un acte immoral est aussi inacceptable qu’un acte criminel. Il serait temps de s’en souvenir.

j@attali.com

Parti socialiste: le principe d’une primaire à gauche approuvé à l’unanimité

Le conseil nationale du Parti socialiste, qui votait ce samedi, vient d’approuver à l’unanimité le principe d’une primaire à gauche en décembre dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017.

Le Conseil national du Parti socialiste a approuvé samedi à l’unanimité le principe d’une primaire de la gauche début décembre, pour choisir un candidat à l’élection présidentielle de 2017, ont indiqué à la presse des participants. EELV a également voté une motion favorable, mais prudente, à la primaire à gauche.

LIRE AUSSI >> Vote ou pas vote, la primaire à gauche n’aura probablement jamais lieu

Si le PS s’entend sur la tenue d’une primaire, ses modalités sont loin de faire consensus. Cette semaine, Jean-Christophe Cambadélis affirmait qu’il ne voulait voir qu’un seul candidat socialiste se présenter. Une proposition qui est loin de faire l’unanimité au sein de son parti. Déjà sur Twitter, des voix dissonantes se font entendre pour réclamer la présence de plusieurs candidats PS à la primaire.

Un ou plusieurs candidats PS ? Le parti a remis ce choix au mois de juin, a précisé à la presse Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine.

Les Français favorables à la primaire à gauche

Près de deux Français sur trois sont favorables à la tenue d’une primaire de la gauche, selon un sondage Opinionway pour Le Figaro publié samedi. Les sympathisants de gauche approuvent même à 75% cette idée d’une primaire organisée par le PS, y compris en présence de François Hollande.

Mais de l’aveu même de dirigeants du PS, il y a peu de chances à ce stade que cette primaire se tienne in fine. Une primaire supposant que le gagnant soit soutenu par tous les participants, EELV, le PCF et l’aile gauche du PS voudraient éviter de devoir faire campagne pour un François Hollande sur une ligne « social-libérale » qu’ils combattent.

Le secrétaire général du PCF, Pierre Laurent, a ainsi estimé samedi que le chef de l’État était « disqualifié » pour représenter la gauche l’année prochaine.

« Le péril jeune fait flipper le roi »

nuit-debout-place-de-la-republique-paris_5575027Par Saint Proudhon! Qu’ont-ils tous à se rassembler, la nuit venue, comme pour narguer la Cour, à brandir leur jeunesse tel l’étendard du désespoir?

Le roi s’en inquiète et s’enquiert de leurs tourments. Craint-il de subir à son tour le sort de Charles le Grand, viré de son trône par une clique d’énergumènes menés par un étrange ludion venu d’Outre Rhin, un rouquemoute effronté qui mit une belle pagaille en le royaume, voici quelques dix lustres?

Le comte Cazeneuve à dépêché tous ses indics. En vain. Ils revinrent tous bredouilles, sitôt repérés par ces indignés.

Fidèle à sa surprenante praxis du pouvoir, toujours aussi gourd à la manoeuvre, le Flou se prit donc de convoquer un conseil restreint en son Château. La date fut fort opportunément choisie en ce premier d’avril, jour des farces tout ainsi que des poissons. S’agissait-il de pécher les idées comme les poisseuses carpes du bassin de Fontainebleau? L’affaire se devait d’être tenue aussi secrète que conclave de malfrats en quête de casse.

Entre rillettes et pastaga, siégeaient donc le baron Dray, flanqué du comte Le Foll, Monsieur de Zarader, imagier du roi, surnommé Zalando, avec sa trogne de chevillard; Monsieur de Gantzer, Gaspard-la-gaffe; l’archiduchesse Marie-Ségolène; Monsieur de Macron, ainsi que Monsieur de Jouyet.

L’absence du comte Valls provoqua une certain émoi: le Catalan serait-il blacklisté de la dream-team de campagne? Car il n’était question que de cette lancinante interrogation: s’il est désormais acquit que le roi, faisant fi de son extraordinaire impopularité, entend conserver son sceptre, comment dès lors renflouer ce cétacé échoué sur la grève de ses échecs?

Le roi ouvrit ce conclave en sommant ses féaux d’apporter la quintessence de leur savoir aux questions qu’il daignerait leur poser.

Le roi-. Les jeunes nous boudent, nous dédaignent. Nous moquent impunément. L’épisode funeste de « Périscope » où nous fûmes cruellement raillé par les gamins débraillés d’une start-up nous a blessé. A ce propos, Monsieur de Gantzer, nous vous gardons chien de notre chienne: sachez, Monsieur, que les offenses faites au roi ne sont point solubles dans l’absolution.

Monsieur de Gantzer, regardant humblement le bout ses couteuses chopines vénitiennes -.

J’implore votre clémence, Sire, je me prosterne à vos pieds, misérable vermisseau que je suis.

Le roi-. La prochaine fois, c’est pan-pan cul-cul tout nu!

Le Foll et le baron Dray, en choeur-. Bien fait pour ta petite gueule de boloss!

Le roi-. Ces jeunes indignés qui se rassemblent la nuit venue telles des chauve-souris nous intriguent: comploteraient-ils contre nous? Seraient-ils gagnés par quelque séditieuse entreprise? Mettraient-ils le royaume en péril?

Le baron Dray-. J’ai trouvé la solution! Il nous faut organiser les Etats généraux de la jeunesse!

Le roi-. A des fins sans doute que notre tête échouât dans un seau de sciure… Nous connaissons cet épisode et savons que l’Histoire se prend quelques fois de repasser les plats, même congelés.

Le baron Dray-. Je n’y avais point pensé…

L’archiduchesse Marie-Ségolène-. Vos accortes rondeurs cèlent une cervelle d’étourneau.

Le baron Dray-. Je m’inquiétait seulement du Désir d’avenir de notre jeunesse…

L’archiduchesse-. Lorsqu’il s’agit d’exhumer les cadavres, votre mémoire, baron, est infaillible. Nous vous sommes gré de nous rappeler nos échecs.

Le ton tournait vinaigre lorsque, soudain, les studieux travaux du sanhédrin royal furent interrompus par l’apparition inopinée du comte Ayrault de Nantes.

Ayrault-. Sire! Sire! Une catastrophe, un désastre!

Le roi, agacé-. Parlez, fidèle Ayrault!

Ayrault-. Sire! Les Bataves refusent de convier les Ukrainiens…

Le Foll-. On s’en tape le cul au lustre! Que le cul leur pèle!

Le baron Dray, mezza voce-. Ce pauvre Ayrault, il est aussi con que l’évêque de Pontoise…

Le roi-. Si fait, mon bon Ayrault, nous vous verrons après que nous aurons fini d’entendre ces beaux esprits…

Ayrault-. Sire, puis-je me joindre à vous?

Le Foll-. Tu connais la chanson de Maître Gims?

Ayrault-. Point. Je n’ai guère le temps à consacrer aux ritournelles.

Le Foll-. Retiens celle-là.

Ayrault-. Laquelle?

Le Foll-. « J’me tire »

Le roi-. Par Saint-Blum, vos chamailleries ne font guère avancer le schmilblic!

Monsieur de Gantzer-. Schmilblic? Quésaco?

Monsieur de Jouyet-. Un jeu que votre jeune âge vous dispense de connaître. Un jeu qui passionna la vulgate voici bien longtemps…

Monsieur de Macron-. Voici donc la preuve vivante de notre échec: les jeunes nous boudent car ils ne nous entendent plus…

Le Foll-. On va tout de même pas y passer la nuit…

Macron-. Et pour renfort de potage, il nous faudra rester debout…

Le roi-. Monsieur de Macron, auriez-vous la bonté de nous dispenser vos lumières sur la façon de faire revenir ces jeunes à la raison?

Monsieur de Macron-. J’ai pensé fonder ma propre ligue, non point, Sire, à des fins de briguer la Couronne que je souhaite de tout coeur sceller ad aeternam sur votre tête. Mais dans le dessein de redonner espoir à ces desperados, ces indignés, ces jeunes à qui l’on ne promet rien, sevrés des rêves qui sont l’apanage de leur âge.

Le Foll-. Bâtard! Comment c’est trop abusé, comment tu te tapes l’affiche! C’est chelou ton truc, trop mortel!

Le roi-. Le Foll, votre sémantique, à tout le moins vernaculaire, nous échappe quelque peu…

Monsieur de Jouyet-. Quel charabia!

Ayrault de Nantes, tentant une nouvelle incruste-. Nous mêmes sommes perplexes…

Le Foll-. Comment je vais lui niquer sa race à ce bouffon!

Le roi-. Par Saint Mollet, comment restaurer ce sortilège qui nous porta jadis sur le trône?

Monsieur de Zarader-. Avec une chanson, Sire.

Le roi-. De grâce, renseignez-nous!

Zarader-. Une chanson de Louane…

Le roi-. Madame d’Azoulay n’a point daigné nous en entretenir.. Et quelle est-elle?

Zarader-. « Notre amour boit la tasse ».

Loi Travail: un amendement sacralise les 11 heures de repos quotidien

Les députés ont adopté cette nuit en commission un amendement écologiste sacralisant la durée quotidienne de repos de 11 heures. Elles pourront néanmoins être fractionnées par accord collectif.

Quels que soient les aménagements du temps de travail sur une semaine ou plusieurs mois, le battement de 11 heures entre deux journées de travail est incompressible. Les députés en commission ont décidé dans la nuit de mardi à mercredi de graver dans le marbre ce temps de repos quotidien, en restreignant les dérogations dans le cadre de la loi Travail. Toutefois, des accords collectifs prévoyant par exemple de fractionner ce temps de repos resteront possibles.

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« Un impératif sanitaire et de qualité de vie »

Avec un avis de « sagesse » du rapporteur Christophe Sirugue (PS), la commission des Affaires sociales a adopté un amendement des écologistes contestataires fixant le principe général qu’il ne peut être dérogé à ces 11 heures consécutives qu’en cas d’urgence, dans des conditions fixées par décret.

Par cet amendement, les 11 heures de repos sont « sacralisées », a salué Jean-Louis Roumégas (EELV), qui y voit « un impératif sanitaire et de qualité de vie ». « Sauf évidemment à l’Assemblée nationale…mais on peut estimer qu’il s’agit d’un cas d’urgence », s’est-il exclamé, alors que les parlementaires ont débattu jusqu’à 1H00 du matin et devaient reprendre l’examen du millier d’amendements au projet de loi à 9H30 mercredi.

Les députés ont adopté son article 2 sur la « nouvelle architecture des règles en matière de durée du travail et de congés », avec seulement quelques retouches, notamment de la part du rapporteur pour prévoir l’information ou la consultation des instances représentatives du personnel dans divers cas.

Possible de prendre des congés dès l’embauche

La commission a aussi adopté un amendement de Marie-Françoise Clergeau (PS) pour permettre explicitement aux salariés de prendre leurs congés « dès leur embauche », en assouplissant les effets de la période de référence.

Les amendements LR ont été rejetés, dont plusieurs visaient à revenir à la première mouture du texte gouvernemental, qui a ensuite été remanié après une semaine de concertation avec les partenaires sociaux à Matignon.

François Hollande: cinq raisons de ne pas se représenter en 2017

Après les échecs du quinquennat, une non-candidature de François Hollande en 2017 pourrait provoquer une onde de choc politique salvatrice. Une telle décision permettrait même au chef de l’État de conserver ses chances pour… 2022.

Comme une évidence, la décision s’impose: François Hollande ne doit pas se représenter. Mieux: il doit ne pas se représenter. Oui, cela relève désormais du devoir, le dernier de son quinquennat: annoncer qu’il n’en briguera pas un second, et provoquer ainsi une onde de choc politique. Tout, aujourd’hui, appelle François Hollande à agir ainsi. Tout, c’est cinq raisons, dont trois sont bonnes, une contestable et la cinquième mauvaise.

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Cet article a été publié dans le magazine L’Express.

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Plus d’un Français sur deux pour la mobilisation contre le projet de loi travail

56% des Français disent « approuver » la journée d’action de jeudi à l’appel de syndicats de salariés et organisations de jeunesse pour réclamer le retrait du projet de loi El Khomri.

Les Français soutiennent la mobilisation contre le projet de loi travail. 56% des Français disent « approuver » la journée d’action de jeudi à l’appel de syndicats de salariés et organisations de jeunesse pour réclamer le retrait du projet de loi El Khomri, contre 43% qui ne l’approuvent pas, d’après un sondage BVA pour Orange et iTÉLÉ publié ce dimanche.

LIRE AUSSI >> « Nuit Debout »: après l’évacuation, les manifestants réinvestissent la place de la République

51% des personnes interrogées souhaitent que le texte soit « retiré et entièrement réécrit », 29% révisé « partiellement », et 18% seulement « maintenu en l’état ». Le soutien au mouvement « décroît » toutefois « avec l’âge », note BVA: 72% des moins de 35 ans, contre 32% chez les 65 ans et plus.

Mobilisation soutenue à gauche

Les ouvriers (70%), les moins diplômés (65%) et les personnes issues des foyers les moins aisés (68%) y sont plus favorables que les cadres (55%), les plus diplômés (53%) et les ménages les plus aisés (40%), détaille le sondage.

La mobilisation est particulièrement soutenue à gauche: 95% d’approbation chez les partis à gauche du PS, mais aussi 53% chez les sympathisants socialistes. A droite, les sympathisants la rejettent à 66%. Enfin, les trois quarts des Français (77%) considèrent que François Hollande a « plus à perdre qu’à gagner » en proposant cette réforme.

Le PS affaibli par la lente désertion de ses militants

Le Parti socialiste a perdu entre 10 et 20% de ses adhérents depuis l’élection présidentielle de 2012. Une hémorragie qui concerne essentiellement les militants de l’aile gauche du PS, très critique envers l’action du gouvernement.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis 2012, plusieurs fédérations du Parti socialiste connaissent une baisse comprise entre 10 et 20% de baisse des effectifs militants. Une lente hémorragie constatée aux quatre coins du territoire.

C’est le cas à Paris, où la fédération du PS revendique 7800 adhérents, un recul de 10% depuis 2012, en Haute-Garonne (baisse de 4384 à 3760 en début d’année), ou encore en Isère (2400 à 2000) et en Loire-Atlantique (3311 à 2895). Et la situation s’aggrave dans les régions où le PS s’est retiré pour faire barrage au Front national aux régionales.

« Dans le Pas-de-Calais, on est dans l’ordre de 5 à 6000 militants contre 8000 », dit un élu socialiste, sans préciser toutefois la période de référence. Mais, ajoute-t-il, « dans le département du Nord, ils sont exsangues, ils ont tout perdu, la région, etc… »

Nord et Bouches-du-Rhône en perte de vitesse

La fédération PS du Nord, longtemps l’orgueil du PS, revendiquait 5500 adhérents à jour de cotisation en février, loin de la moyenne de 10 000 de ces dix dernières années. Dans les Bouches-du-Rhône, le secrétaire fédéral Jean-David Ciot attribue la baisse des effectifs « aux batailles internes au PS marseillais » aux municipales et aussi au départ de l’ex premier secrétaire, Jean-Noël Guérini.

Du côté de la rue de Solférino, on ne s’empresse pas de fournir des chiffres récents. Le Parti socialiste revendiquait en mai 2015, au moment du congrès de Poitiers, 131 000 militants « actifs », c’est-à-dire à jour de cotisation.

« Il y a davantage de gens qui partent mais il y a aussi des arrivées », assure un responsable socialiste, et les départs sont essentiellement des partisans de ‘la motion B’, autrement dit appartenant à l’aile gauche, très critique de la politique gouvernementale, jugée trop libérale.

Le phénomène « touche tous les partis »

Ce responsable estime d’ailleurs, sans trop cacher sa satisfaction, que cela peut « contribuer à changer le rapport de forces » au sein du Conseil national, le « parlement » du parti. Quant aux arrivées, il s’agit selon lui de personnes « qui en ont marre qu’on tape sur le gouvernement ».

« Je n’identifie pas de mouvements massifs », déclare Emmanuel Grégoire, le « premier fédéral » parisien, mais « on surveille cela de près ». Il fait remarquer toutefois que « les formes d’actions militantes et d’organisation que proposent les partis politiques sont totalement périmées par rapport aux attentes des citoyens » et que le phénomène « touche tous les partis ».

« Ne restent que les gens qui veulent faire carrière »

« Les départs se font peu à peu. Il y en a qui sont partis sans rien dire », constate une militante parisienne. Il s’agit d’un processus de « mort lente », évoluant « à bas bruit ». « Une érosion », abondent d’autres. « Vient un moment où les gens qui ne sont plus du tout d’accord s’en vont. On ne peut plus être à l’intérieur du parti en pensant à l’extérieur. Ce n’est plus possible », ajoute-t-elle.

Julien Jusforgues, trente ans au PS, a quitté le parti et rejoint La Nouvelle Gauche Socialiste. Il déplore que « ne restent au PS que les gens qui veulent y faire carrière et qui sont dépendants économiquement, ou salariés par le PS. On a perdu ce qui faisait sa force, les militants syndicalistes, étudiants, travailleurs ».

« Le PS se vide totalement de ses militants. Je me demande bien comment ils vont pouvoir mettre en place la campagne (de 2017) et pouvoir, sans militants » participer aux campagnes électorales, renchérit Franck Rey, un ancien de l’aile gauche du PS.