Monthly Archives: février 2016

L’Elysée, ce château des maléfices

le-president-francois-hollande-le-31-octobre-2014-au-palais-de-l-elysee-a-paris_5142353Pschitt! Le roi serait à bouder, vexé comme pou de n’avoir su emporter la ferveur de ses sujets: referendum, remaniement, rien n’y fit. La Cour se peint d’un moral de baudruche crevée.

Les bonnes fées ont pris leurs cliques et leurs claques, fuyant à toutes baguettes l’atmosphère délétère de cette fin de règne: s’étaient-elles jamais penchées sur les fonts du sacre d’un monarque promis à l’échec? Avaient-elles seulement conjuré les maléfices qui pullulent dans une baraque hantée par les spectres et les fantômes les plus malveillants?

La bise aigre qui siffle en les coursives vient à rappeler que l’hiver est là qui glace les sangs et hérisse les échines, en l’attente fébrile d’un printemps qui ordonnera la débâcle.

Depuis quelques lustres, les fins de règne se suivent et se ressemblent, en une intimité toute gémellaire: leur dramaturgie se reproduit à l’envi, ainsi qu’une vieille série pour maison de retraite.

L’Elysée serait-il le château des maléfices? Le château-scoumoune, le château-la loose?

L’étiquette à présent en vigueur commande de ne point s’y faire trop voir. Et même de se glorifier d’en être banni. Ainsi de Madame Butterfly, l’ancienne ministre des Beaux-Arts, chassée sans le moindre égard par le roi, surprise à guincher avec le comte de Catalogne, à quelques encablures de l’Elysée-Sigmaringen, déserté par les ministres chevronnés et capés qui s’enfuient comme étourneaux craignant la dent du chat.

Seuls les béjaunes, les bizuths, feignent déployer le zèle propre à leur état.

Satrape cassoulet et bonnets tricotés pour les zadistes

Le satrape cassoulet, le baron Baylet, hante les coursives, l’air entendu, la mine froncée conférée par une charge aussi harassante que l’épluchage des écrevisses.

La Mère Cosse, qui a largué ses mômes mal mouchés sans même un regard de compassion, tricote avec frénésie les bonnets rouges qu’elle a promis aux zadistes de Notre Dame des Landes. Nul ne s’enquiert de son état: recluse en une soupente, elle fait figure de trophée, posée sur la cheminée aux côtés du shogun Placé, le visage sculpté dans l’ivoire de la béatitude.

Sérieux, compassé, amidonné, toujours à trier les lentilles, le comte Ayrault de Nantes inonde le roi de notes et de libelles: le Flou, gagné par forte migraine, s’en viendrait-il à regretter d’avoir relevé cet enfileur de diptères? La Cour se moque et raille ce fidèle serviteur, pétri de cautèle à qui, toute vouée à sa méchanceté, elle a collé le sobriquet de porte-coton.

Toujours à courber l’échine, ce butler tout droit sorti de Downton Abbey se voit, pour renfort de potage, contraint de lamper la cigüe en siégeant aux côtés de la Mère Cosse qui n’a cessé, jusques à ce que le roi la fasse ministre, de flétrir le projet de Notre Dame des Landes, si cher au coeur meurtri du comte Ayrault.

Le roi n’en a cure: le prix de l’élévation, TVA comprise, inclut le reniement et proscrit toute observance à des convictions qui, de par la magie du pouvoir, deviennent fort encombrantes et tout à fait saugrenues.

Scalps mités et faveurs de Mademoiselle

En cet aréopage tricoté de chevaux de retour et scalps mités, tranche une accorte ministre: Madame d’Azoulay, à présent en charge des Beaux-Arts. Déjà conseillère du roi, et protégée de l’influente Mademoiselle de Maintenant, son ascension fulgurante fait grincer les dents des jaloux qui invoquent la bienveillance de Mademoiselle pour expliquer sa grâce.

Ce cabinet de boutiquier cairote prête à sourire, mais plonge le comte de Catalogne en les transes les plus bouillantes qui soient. Claquemuré en son hôtel de Matignon, il pourfend, sabre au clair, oreillers et édredons, fracasse lustres et vases, massacre vaisselle et candélabres, sans cesse aucune de morigéner ses gens, bottant culs et portes sans nul discernement.

A l’entendre, le roi, frappé d’aboulie, se garderait trop d’édicter les réformes qui remettraient le rafiot à flots. Pis encore, le comte Valls n’aurait point digéré la nomination du comte Ayrault à la charge de ministre des Affaires du dehors. Le Catalan le tient pour un cafteur, une balance, et ne rêve que l’envoyer en de périlleuses ambassades, en Assyrie par exemple, d’où il ne reviendrait jamais que ceint du linceul des morts pour la France. L’ire du Catalan est à son comble, contraint qu’il se voit de composer avec la caillera des khmers verts qu’il abhorre encore davantage que le jeune Macron à qui il se targue d’avoir limé les crocs.

Le roi s’amuse-t-il seulement d’avoir cousu en même vessie de cochon d’aussi irréductibles ennemis?

L’on mande qu’il s’enferme durant de longues journées, entouré de ses seuls imagiers et maîtres à penser. De ces conclaves aurait transpiré le rumeur suivante: le Flou se prendrait de laisser croire qu’il renoncerait à remonter sur le trône à des fins de provoquer le désir de ses sujets, apeurés de se voir privés de la bienveillante protection du Père de la Nation.

– L’on ne sait trop dans quelle cervelle a pu germer cette idée à la con, tranche notre ami Artois, toujours empreint de cette indulgence qui nous transporte.

– Ce qui est certain, s’amuse-t-il, c’est que ce plan pourri est promis à foirer ainsi que tous les autres.

Fleur Pellerin évincée: Jack Lang « choqué » par l’attitude de François Hollande

L’ancien ministre de la Culture a estim ce lundi sur France Inter que Franois Hollande avait « peut-tre manqu de sens de l’humain », regrettant que Fleur Pellerin l’ait appris  » la dernire minute ». Il a galement dnonc le remaniement, qu’il qualifie de « repltrage immoral ».

Ce week-end, Fleur Pellerin a dansé sur Respect, la chanson d’Aretha Franklin. Un message à peine voilé après son éviction sans ménagement la semaine dernière du ministère de la Culture. Ce lundi matin, c’est un ancien ministre de la Culture qui a volé à son secours sur France Inter.

« Ce qui me choque un peu c’est qu’on vire quelqu’un comme ça, sans aucun préavis d’aucune sorte. Elle a appris ça à la dernière minute », a critiqué Jack Lang. « Je pense que les rapports humains ça compte aussi, le respect des personnes. Je n’ai pas trouvé très correcte la façon dont elle a été éjectée », a poursuivi le président de l’Institut du Monde arabe (IMA).

François Hollande « est un homme qui montre le plus souvent un sens de l’humain, un sens des personnes, un respect des autres », a-t-il dit. « Il me semble que ce jour-là il a peut-être manqué de ce sens de l’humain », a conclu l’ex-ministre.

« Immoralité »

L’ancien ministre a éreinté, plus globalement, la méthode suivie pour mener ce remaniement. « En France, il faut remarquer d’abord une chose, on a un génie particulier: en quelques heures, entre deux portes, on change un gouvernement, d’où le sentiment de replâtrage », a-t-il critiqué.

« Plus grave encore, l’instabilité ministérielle: trois ministres de l’Education en trois ans, trois ministres de la Culture en trois ans, trois ministres du Logement en trois ans… Comment conduire des politiques de changement, de transformation alors que les responsables sont sur des sièges éjectables? », a fustigé Jack Lang. Selon lui, « on pouvait très bien aménager à la marge ».

« Plus grave encore, c’est l’immoralité de certaines personnalités qui hier étaient les contempteurs les plus durs du président de la République, notamment sur la déchéance de nationalité, et aujourd’hui s’installent dans leur fonction comme si de rien n’était », a dénoncé Jack Lang, visant notamment Emmanuelle Cosse, nouvelle ministre du Logement et ancienne dirigeante écologiste opposée à l’extension de la déchéance de nationalité.

Peut-on rétablir le service militaire? 1. D’abord un historique.

Depuis les attentats de novembre, on entend régulièrement des voix s’élever pour demander le rétablissement du service militaire obligatoire. Les arguments varient, de la nécessité de réorganiser une défense territoriale au thème souvent repris d’une éducation civique des jeunes liée à un prétendu brassage social.

Hors les réticences (le mot est faible) des responsables de l’armée, conscients des problèmes insolubles d’encadrement et de financement que suppose l’incorporation d’une classe d’âge (comprenant en plus les deux sexes), et convaincus non sans raison qu’une armée moderne n’a que faire d’une masse de recrues sans réelle formation, l’idée même d’un retour à la conscription révèle une profonde ignorance de ses réalités et de son histoire.

Commençons donc par celle-ci.

L’armée royale d’Ancien Régime était une armée de métier recrutée par engagement (en 1775, elle comprenait 20% d’étrangers). Il avait bien été entrepris sous Louis XIV de créer une proto-conscription, la « milice provinciale », recrutée par tirage au sort et propre à augmenter en cas de besoin les effectifs. En fait, elle n’avait été que fort rarement sollicitée au XVIII° siècle, ce qui ne l’empêchait pas d’être très impopulaire. Les Cahiers de doléances de 1788 en demandent l’abolition (ce que fait promptement l’Assemblée nationale au nom de la liberté des citoyens).

Mais en 1792, la France révolutionnaire s’engage imprudemment dans une guerre contre les puissances monarchiques. Face à l’invasion, elle a d’abord recours à l’appel aux volontaires. Celui-ci s’avérant nettement insuffisant, la Convention ordonne le 25 août 1793 la « levée en masse » de 300.000 hommes, mesure (contrairement aux légendes) fort mal reçue et qui entraîne non seulement la multiplication des réfractaires, mais même des insurrections dont la plus conséquente sera celle de Vendée.

On reste encore dans l’improvisation ; cependant la guerre dure et s’étend. Le pas est alors franchi : la loi Jourdan du 19 Fructidor an VI (5 septembre 1798) crée la vraie conscription. Au nom du principe « tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie », tous les hommes de 21 à 25 ans sont requis. Ce n’est évidemment pas Napoléon qui reviendra sur la mesure. Il se contente de l’aménager, introduisant la pratique du tirage au sort et la possibilité pour les mauvais numéros de se payer un remplaçant, ce qui fait reposer le poids du service militaire sur les catégories populaires. Ce sont ces pratiques qui offriront à la Révolution et à l’Empire ces énormes armées assurant longtemps la supériorité du nombre.

La conscription ne sera pas plus populaire que ne l’avaient été la milice d’Ancien Régime ou la levée en masse. Elle est largement la cause de l’impopularité de Napoléon en 1814. Le premier soin de Louis XVIII restauré est donc de l’abolir et de revenir au principe de l’armée de métier. Mais les engagements ne suffisent pas, le 10 mars 1818, la loi Gouvion-Saint-Cyr rétablit donc l’ancien système : inscription des jeunes hommes, tirage au sort et possibilité de remplacement. Avec des variantes, le dispositif sera maintenu au XIX° siècle jusqu’à la IIIème République. Il ne mobilise pas la totalité d’une classe d’âge, loin de là, mais la longueur du temps de service (six à sept ans) conduit à la fréquence des réengagements et à une armée qui, de la Restauration au Second Empire, ressemble beaucoup à une armée de métier.

La défaite de 1870 est à l’origine d’un retour théorique au principe d’une conscription généralisée. La loi du 21 juillet 1872, amendée en 1889, élargit la possibilité de recrutement, conserve le tirage au sort, supprime le remplacement, mais multiplie les dispenses, en particulier pour les étudiants et diplômés. On commence à signaler que le service peut être un facteur d’intégration sociale, d’apprentissage du français mais encore à la fin du XIX° siècle, il ne mobilise qu’un tiers de la classe d’âge.

Tout change avec la prise de conscience de la montée de la puissance de l’Empire allemand. Le 21 mars 1905, le service militaire est étendu à la totalité de la classe requise ; tirage au sort et dispenses sont abolis, seul un sursis temporaire est accordé en cas d’études longues. Le principe de la loi Jourdan « tout Français est soldat » devient réalité puisque après son service, tout citoyen devenu réserviste peut-être appelé en cas de guerre jusqu’à 45 ans. Ce système permettra, pendant le premier conflit mondial, de lever 8 millions d’hommes, soit 20% de la population!

Ce dispositif restera en place dans les deux premiers tiers du XX° siècle, donnant lieu à la mobilisation générale de septembre 1939 ou aux rappels de classe du gouvernement Guy Mollet pendant la guerre d’Algérie. Celle-ci terminée, et en plus de réductions successives de la durée du temps de service, une évolution sera sensible à partir de 1965. Cette année-là, le service militaire deviendra le « service national », ouvrant la possibilité d’une incorporation à l’armée, mais aussi à l’éventualité, en fonction des compétences acquises, d’un engagement au titre de la coopération, dans le cadre de l’aide aux pays en voie de développement ou dans certains domaines techniques. De nouveau, ce n’est qu’une fraction de la classe d’âge qui intègre réellement l’appareil militaire. La reconnaissance et l’élargissement du statut d’objecteur de conscience (1983) augmentent encore le nombre de jeunes citoyens qui n’entreront jamais dans une caserne.

Entre temps, la nature même des armées s’est profondément modifiée. Une technicité croissante, la transformation que celle-ci impose aux règles stratégiques rendent obsolètes le recours aux gros bataillons qui avait encore caractérisé les deux guerres mondiales. L’entretien d’importants effectifs est perçu comme une charge inutile des budgets de défense. En France, le président Chirac en tire la conclusion : fin 1997, presque exactement deux siècles après la loi Jourdan fondatrice de la conscription, il annonce la suspension du service proprement militaire et le retour à la professionnalisation de l’armée.

La mesure deviendra effective en 2003.

Voilà pour l’historique, la prochaine fois, nous examinerons ce qu’était en fait la réalité.

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INFOGRAPHIE. Livres: Sarkozy et Taubira écrasent Valls

Trois figures majeures du paysage politique franais ont sorti un livre quelques semaines d’cart, pour des rsultats trs diffrents. Nicolas Sarkozy fait un carton, Manuel Valls un flop et Christiane Taubira dmarre fort.

Quand un Premier ministre, une tout juste ex-ministre de la Justice et un ancien président de la République publient un livre à quelques semaines d’écart, il est d’autant plus tentant de comparer leurs chiffres de ventes que leurs personnalités -et leurs convictions- sont différentes. Ca tombe bien, Edistat, qui fournit les principales statistiques du monde de l’édition (avec l’insitut Gfk), a mis à jour ses chiffres ce vendredi.

Manuel Valls: le flop

Pour Manuel Valls, qui a sorti L’Exigence le premier, le 6 janvier, chez Grasset et Fasquelle, c’est un véritable flop. L’actuel Premier ministre n’a vendu que 3051 exemplaires en cinq semaines, malgré un passage dans l’émission On n’est pas couché, traditionnel trampoline vers le succès. Du 1er au 7 février, il n’a écoulé que 428 exemplaires de son recueil de discours post-attentat, qui ne coûte pourtant que 5 euros, le moins cher des trois.

Sauf incroyable retournement de situation, le livre de Manuel Valls ne restera pas dans les annales des ventes.

Sauf incroyable retournement de situation, le livre de Manuel Valls ne restera pas dans les annales des ventes.

Edistat/L’Express

Nicolas Sarkozy: le carton

Pour Nicolas Sarkozy, c’est exactement le contraire. L’ancien président de la République a pourtant sorti La France pour la vie presque 20 jours plus tard, le 25 janvier, chez Plon, mais a déjà écoulé 98 316 exemplaire. Ses ventes sont en baisse, mais il en a tout de même vendu plus de 31 000 la semaine dernière, soit 10 fois plus que le total de Manuel Valls. Il paraît plus que probable que Nicolas Sarkozy dépassera finalement les 150 000 exemplaires, voire les 200 000. A 18,90 euros le livre, c’est le jackpot.

Même si les ventes de Nicolas Sarkozy s'écroulaient du jour au lendemain, ce qui semble peu probable, son livre est déjà un succès.

Même si les ventes de Nicolas Sarkozy s’écroulaient du jour au lendemain, ce qui semble peu probable, son livre est déjà un succès.

Edistat/L’Express

Taubira: l’excellent départ

Murmures à la jeunesse, de Christiane Taubira, publié le 2 février chez Philippe Rey et vendu 7 euros, a été le livre le plus vendu en France du 1er au 7 février: 35 539 exemplaires. Soit bien mieux que la première semaine de vente de Nicolas Sarkozy – seulement 1464 exemplaires, puis 64 997 la suivante.

Difficile néanmoins d’affirmer que l’ex-ministre de la Justice pourra rattraper l’ex-président de la République, sinon le dépasser. Une telle performance est certes rare en première semaine, même pour une personnalité connue, mais il faudra attendre la suite pour se faire une idée juste. On saura notamment si son passage à elle dans l’émission de Laurent Ruquier a eu un impact, ou non.

Victor Garcia

Edistat/L’Express

Le livre de Christiane Taubira s’est très majoritairement vendu, à 67%, en librairies « traditionnelles » (jaune), à 26% en grandes surfaces spécialisées en littérature (vert) et seulement à 7% en grande surface alimentaire (bleu). Pour Manuel Valls, les pourcentages sont respectivement de 44, 37 et 20%, pour Nicolas Sarkozy de 40, 31 et 29% (!) en grande surface alimentaire.

Malgré ses erreurs historiques, le livre de l’ex-président de la République serait-il plus « digeste »?

Ce qu’il faut retenir de l’interview de François Hollande après le remaniement

Le prsident de la Rpublique a annonc la tenue d’un rfrendum local sur le projet d’aroport Notre-Dame-de-Landes. Il a galement dfendu la rforme du travail en projet. Le point sur son intervention.

L’intervention n’a duré qu’une trentaine de minutes. François Hollande a répondu aux questions de Gilles Bouleau (TF1) et David Pujadas (France 2) aux journaux de 20 heures de ce jeudi, quelques heures après un remaniement ministériel et au terme de semaines portées par le débat sur la déchéance de la nationalité. Après avoir assuré mettre la priorité sur la sécurité l’emploi et l’environnement, le président a balayé les principaux sujets de préoccupation actuels.

1. Un référendum pour Notre-Dame-des-Landes

C’est la pomme de discorde principale entre EELV et le gouvernement: Notre-Dame-des-Landes. Or, le président a fait entrer dans son dernier gouvernement trois élus écolos en rupture de ban qui l’aident à se repositionner à gauche. Et si Hollande assure qu’il n’y a pas eu de négociations avec eux, il annonce tout de même un grand changement dans sa façon d’aborder le dossier NNDL. « D’ici le mois d’octobre, je demande au gouvernement, avec les élus locaux qui partagent cette vision-là, d’organiser un référendum local pour que l’on sache exactement ce que veut la population », a dit François Hollande.

2. Primaire à gauche, non à ce stade

« Il y a ce que font les partis, c’est leur rôle, et il y a ce que j’ai à faire. Ce que j’ai à faire, c’est à avancer, à réformer jusqu’au bout. A quatorze mois de l’élection présidentielle, je ne vais pas entrer dans ce débat de primaire, a répondu le président. J’ai dit qu’il fallait avoir des résultats pour être candidat. Je serai président jusqu’au bout. »

3. Fermeté sur la Syrie

Bachar el-Assad doit partir et la Russie doit cesser ses bombardements qui protègent le régime dans le conflit. Le président a été très ferme et reste sur une ligne intransigeante en Syrie alors que la communauté internationale est parfois tentée par plus de consensus pour tenter de trouver une issue à cette guerre.

4. Déchéance de nationalité: passer à autre chose

Le projet de révision de la constitution concernant la déchéance de nationalité a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale mercredi. Il « va maintenant aller au Sénat. Des débats vont avoir lieu, c’est légitime, des corrections vont sans doute se faire. Mais je ne souhaite que la navette (entre les deux chambres, ndlr) dure trop longtemps, a-t-il déclaré François Hollande. Les Français veulent que ça se termine et moi aussi, parce qu’il y a d’autres textes, d’autres réformes. »

5. Baisse de cotisations pour les agriculteurs

« Le Premier ministre va annoncer avant le 17 février une nouvelle baisse des cotisations sociales, tout de suite, pour l’ensemble des agriculteurs, a dit le président. Elles vont baisser, on a déjà fait baisser. » Les agriculteurs, confrontés à une forte baisse des cours du marchés, ont mené de nombreuses actions de blocages ces derniers jours. « Il faut alléger les normes, mais pas au détriment de la sécurité et de la santé des consommateurs », a précisé le président.

6. Macron trublion

Si le président a fait entrer au gouvernement de nombreuses personnalités politiques qui ont ouvertement manifesté leur désaccord avec sa politique, il reste un ministre qui continue d’attirer l’attention. Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé cette semaine son « inconfort philosophique » sur la question de la déchéance de la nationalité, François Hollande a une nouvelle tenue a assuré qu’il avait sa place dans le gouvernement. Macron « a son tempérament et ce n’est pas un personnage politique classique », a dit le président en vantant son talent.

Remaniement imminent: Ayrault au Quai d’Orsay, Le Foll sur le départ?

Le remaniement du gouvernement est attendu ce jeudi dans les prochaines heures, vraisemblablement avant l’intervention de Franois Hollande au JT de 20 heures de TF1 et France 2.

Le remaniement, c’est maintenant? Après l’annonce du départ de Laurent Fabius, qui a un peu grillé la politesse à François Hollande mercredi, le chef de l’Etat devrait annoncer la recomposition de son gouvernement dans les prochaines heures, très probablement avant son intervention aux JT de 20h de TF1 et de France 2, voire même avant 18h15, son agenda de la journée étant libre jusque-là. Par ailleurs, Manuel Valls a également libéré son agenda ce jour.

LIRE AUSSI >> EN DIRECT. Remaniement: Ayrault, Cosse, Royal… Les spéculations font rage

Depuis plusieurs jours, rumeurs et hypothèses s’accumulent pour imaginer quel pourrait être le futur et le dernier gouvernement de François Hollande avant l’élection présidentielle de 2017. L’Express fait le point sur les possibles départs et arrivées.

Pellerin à la Culture et la Jeunesse?

L’hypothèse est évoquée ce jeudi par Adrien Gindre, journaliste à BFMTV, qui explique que l’actuelle ministre de la Culture Fleur Pellerin pourrait prendre la tête d’un ministère aux compétences élargies.

Ayrault ou Royal au Quai d’Orsay?

Depuis l’annonce du départ du ministre des Affaires étrangères, aucun remplaçant n’a été encore officiellement désigné. Mais plusieurs noms sont évoqués pour remplacer Laurent Fabius au Quai d’Orsay. En premier lieu, celui de Ségolène Royal, actuelle ministre de l’Ecologie. Le nom de Jean-Marc Ayrault, son ancien Premier ministre, revient également avec insistance. Problème: sa nomination entraînerait une législative partielle dans une circonscription minée par le débat de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Un risque que l’exécutif ne serait pas prêt à prendre selon Libération.fr.

Les noms d’Elisabeth Guigou, actuelle présidente de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, ou du jeune secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur Matthias Fekl ont également été avancés.

Martine Aubry a également été pressentie en début de semaine pour faire son entrée au gouvernement à ce poste. Une arrivée qu’elle a démenti dans la foulée.

Le Drian et Le Foll sur le départ?

D’après bfmtv.com, plusieurs départs pourraient intervenir, notamment celui de Jean-Yves Le Drian, actuellement ministre de la Défense et élu en décembre dernier président de la région Bretagne, fonction qu’il avait déjà occupée. Un départ le mettrait ainsi en règle avec le non-cumul des mandats voulu par François Hollande. Un départ auquel ne croit pas Le Figaro, alors que la France est toujours en Etat d’urgence et que la guerre en Syrie continue.

Autre départ annoncé, celui de Stéphane Le Foll. Ce fidèle du chef de l’Etat, qui fut son directeur de campagne en 2012, pourrait quitter le ministère de l’Agriculture et se préparer activement pour la campagne de 2017. Mercredi, il a refusé de confirmer ou d’infirmer sa présence lors du prochain presse qu’il anime à l’issue du conseil des ministres en tant que porte-parole du gouvernement.

Dixit Le Télégramme, la ministre de la fonction publique Marylise Lebranchu figurerait sur la liste des partants du gouvernement. « Son ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique a été dépouillé et elle n’a pas de réformes à mettre en place », explique son entourage au quotidien local.

Hulot à l’Ecologie?

La rumeur aura duré moins de 36 heures. La semaine dernière, le nom de Nicolas Hulot, l’envoyé spécial de François Hollande pour la planète, a circulé comme probable remplaçant au ministère de l’Ecologie. Une hypothèse démentie le 4 février par le principal intéressé.

Le retour des Verts ?

C’est un serpent de mer. Après leur départ avec fracas en 2014, François Hollande va-t-il faire entrer les écologistes au gouvernement? Et si oui, lesquels? Le parti, en crise permanente, est divisé sur le sujet. Le nom d’Emmanuelle Cosse, la patronne d’EELV, est bien évoqué mais elle n’avait encore reçu aucune proposition de l’Elysée mercredi, rapporte RTL.fr. Par ailleurs, le parti qu’elle dirige est largement opposé à l’idée. Autres noms évoqués: le sénateur de l’Essonne, Jean-Vincent Placé et la députée de la Somme, Barbara Pompili, tous deux en rupture avec EELV.

Selon plusieurs journalistes, dont celui de RTL Benjamin Sportouch, François Hollande bousculerait le protocole et annoncerait la composition du futur gouvernement par un communiqué, délaissant la traditionnelle cérémonie du micro sur le perron de l’Elysée, où les noms des ministres ainsi que leurs fonctions, sont égrainés par le secrétaire général.

LIRE AUSSI >> Hollande invité des JT de TF1 et France 2 ce soir, à 20h

??Getting rid of negative ideologies!

Throughout history, mankind oscillated between a negative vision of the world and a negative view of history in which the human project amounts to organizing a response to a threat, real or imagined, and positive visions based on utopias that then must be translated into real projects. Negative ideologies always end using threats as an excuse to undermine freedoms. Sometimes positive visions become negative when opponents put them at risk.

In the recent past, as a negative ideology, we may mention National Socialism that is built on the imaginary threat of the Jews; as a positive ideology misdirected towards the negative, communism in a single country, that has become totalitarian, in response to class enemies, more or less imaginary. And as positive ideologies, that one can accept or reject, liberalism and social-democracy.

Today, two dangers are building two new negative ideologies and are giving birth to projects sowing the seeds of totalitarianism. The threat of fundamentalism, blending with that of an uncontrolled flood of refugees is leading to an ideology denying both, and intending to set up institutional and physical barriers. We see it everywhere, for example in the speeches of Donald Trump in the United States and in those of extremist parties in Europe. The climate threat also suggests a closed ideology, with a ban on production and use, or the total avoidance of all risks. We also see it everywhere, in the most radical speeches of environmentalists, in the United States, Europe or Japan. The dynamics are just as totalitarian, as is shown by the behavior of those who violently oppose certain infrastructure projects, in defiance of democratic procedures that have made them possible.

In the absence of positive ideologies, both negative ideologies rub off on the dominant political parties: the far-right’s proposals on immigration are found in the right-wing programs, and also in those of social democracy when they are in power; and the most vocal proposals of environmentalists, such as the precautionary principle, are also echoed in the platforms of the left wing, and then in those of the so-called « government right. »

All in all, contrary to what is claimed all too easily, the monolithic way of thinking is not one that would bring together liberals and social democrats. It is a juxtaposition, in all projects of all parties, of the ideas of the most radical environmentalists and the most vocal xenophobes. In France, thus the dominant ideology is ‘écolo-frontiste’ and everywhere, if we are not careful, a kind of brown-green dictatorship will emerge.

Nothing would be worse, in the United States and Europe, particularly in France, than to let government parties simply become Trojans of the worst totalitarian dogmas. Democracy would not survive. This is not a theoretical discourse: from what we see happening in the United States, the pre-requisite conditions of a coup d’Etat have never been closer. After all, this country is the last of the democracies arising from the Age of Enlightenment which has not yet suffered a coup d’Etat.

The answer, for the governing parties, is not in an extremist outbidding: voters will always prefer originals to copies though they may face the abandonment of freedoms. Rather it is in the construction of one or many new positive ideologies. Speaking at least for myself, the answer is clear: to be of service to the next generations; it is the key to our own happiness, and it is through this rational altruism that we need to come up with an idea of society based on empathy, collaboration, the pleasure of being of service. Such positive ideology gives a much more attractive answer to the threats of climate change and terrorism than negative ideologies: it is in taking actions in the interest of future generations that the necessary energy resources changes will be made, without needing totalitarian prohibitions. And it is by helping in their country those who are currently arriving and will soon arrive in numbers to our shores, and by receiving with dignity those we must host, that we will prevent frustrations that create a feeling of humiliation in some, and an impression of invasion in others. And this is how the conditions for a balanced, sustainable and democratic world will be created, respectful of life, in all its forms.

j@attali.com

Un remaniement, ça rend fou – L’édito de Christophe Barbier

Par Christophe Barbier, publié le 09/02/2016 à 16:04, mis à jour à 16:08

Oui, un remaniement du gouvernement, ça rend fou. D’un côté, il y a ceux qui sont en place et qui ne veulent pas se faire éjecter, de l’autre ceux qui veulent rentrer au gouvernement, sans oublier les journalistes et leurs pronostics. Dans ce jeu-là, un seul gagnant: le Président de la République. L’édito de Christophe Barbier

Montebourg cible le « sarkhollandisme économique »

L’ex-ministre de l’conomie, en retrait officiellement de la vie politique, se montre particulirement critique sur le bilan conomique de Franois Hollande.

Arnaud Montebourg ne s’éloigne jamais bien longtemps de la politique. L’ancien ministre socialiste dénonce, dans un livre à paraître jeudi, le « sarkhollandisme économique ». Il y accuse le PS de « devenir à la fois un parti libéral et conservateur ». Pour le candidat malheureux à la primaire PS de 2011, officiellement retiré de la vie politique depuis août 2014, le PS et Les Républicains appliquent « la même politique économique », la « même politique fiscale aussi, qui consiste à faire payer les classes moyennes ».

Des partis dirigés par une « bourgeoisie d’Etat »

Montebourg renvoie dos à dos les deux formations, « des partis dirigés par une sorte de bourgeoisie d’État, haut fonctionnarisée, qui mènent exactement les mêmes politiques, en connivence avec Bruxelles ». Selon l’auteur du livre, Antonio Rodriguez, journaliste économique à l’AFP, Montebourg est « prêt à remonter sur le ring » et n’exclurait pas d’être candidat à la présidentielle de 2017. L’ex-ministre ne « confirme (…) rien de tout cela ». « Je suis bien loin de tout cela, et suis impliqué dans un certain nombre de projets et de développements privés importants », a-t-il réagi par SMS.

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L’Alternative Arnaud Montebourg (éd. Le Cherche Midi) retrace l’action d’Arnaud Montebourg au ministère du Redressement productif, puis au ministère de l’Économie, du Redressement productif, et du Numérique. Après avoir quitté le gouvernement, il est devenu vice-président en charge de l’innovation chez le distributeur de meubles Habitat.

Stéphane Richard conservé pour gérer l’affaire Tapie?

Antonio Rodriguez raconte notamment dans son livre comment Arnaud Montebourg aurait cherché à trouver un successeur au PDG d’Orange Stéphane Richard, après l’avoir empêché de vendre la plateforme de vidéos Dailymotion, et aurait été « stoppé net dans son élan » par le président de la République.

« ‘Le président m’a dit qu’il fallait que Stéphane Richard parle’, dans l’affaire de l’arbitrage controversé du litige entre le Crédit lyonnais et Bernard Tapie », écrit le journaliste, citant Montebourg. « Le président aurait-il empêché son ministre de toucher au PDG d’Orange pour qu’il témoigne dans cette affaire dans laquelle apparaît le nom de (l’ancien président) Nicolas Sarkozy' », se demande Antonio Rodriguez. « On m’a fait comprendre qu’il y avait un échange de bonnes volontés. Ce dont je doute d’ailleurs », lui aurait répondu l’ancien ministre.

Déni.

« Refus de reconnaître une réalité traumatisante ». C’est la définition que le Robert donne du mot déni. Nous l’avons évoqué indirectement la semaine dernière à propos des solutions illusoires que proposent les mouvements politiques radicaux et qui se fracassent à la réalité dès qu’il s’agit d’action concrète. Il se révèle avec plus d’ampleur encore face aux questions que soulève le djihadisme.

Déni que l’affirmation cent fois répétée face aux exactions que « ce n’est pas l’islam ». D’abord parce que « l’islam » est une notion trop générale et qu’il en existe (comme du christianisme) de multiples versions : la haine farouche qui oppose en Orient sunnisme à chiisme suffirait à en convaincre. L’islamisme radical, le salafisme, le djihadisme agressif procèdent de l’islam et s’y réfèrent. Dire le contraire est une contre-vérité comme ne pas reconnaître qu’il y a dans le Coran des appels à la violence, de la cruauté et un rejet de l’autre qu’une lecture littérale peut très facilement intégrer.

Déni que d’attribuer à toute critique, de forme ou de fond, des conduites musulmanes l’épithète dévalorisant d’islamophobe. C’est exactement la réplique de l’accusation d’antisémitisme que lancent certains dès qu’on se permet de contester la politique d’Israël et Elisabeth Badinter, tenant compte de ce schématisme réducteur, a raison de revendiquer dans ces conditions le droit à cette prétendue islamophobie.

Déni que le refus de considérer le socle idéologique d’organisations que l’on traite en partenaires jusqu’à accepter qu’elles soient représentatives de la communauté toute entière et à solliciter leurs signatures au bas de déclarations de défense de la laïcité. Qui s’est penché sur les textes fondateurs et la doctrine basique des Frères musulmans? Qui s’est interrogé sur le rapport à la démocratie d’une confrérie dont le maître à penser, Sayyed Qotb, écrivait que « tout régime qui fonde la souveraineté sur la volonté des hommes est un régime qui déifie l’homme au lieu de Dieu » et dont actuellement l’un des plus écoutés porte-parole, le prédicateur de la chaîne qatarie Al-Jazeera Yusuf al-Qaradawi, affirme que « les élections sont une hérésie », ce qui revient à faire de la démocratie un péché? Qui reconnaît que l’objectif final des Frères est l’islamisation totale du monde et l’instauration d’une théocratie imposant la charia? Entre Daech et les Frères poursuivant l’un et l’autre la même utopie, il n’existe qu’une différence de méthode, « hard » pour les premiers, « soft » pour les seconds.

Déni également que les explications sociologiques des difficultés d’intégration des populations d’origine immigrée ramenées à l’unique motif de la précarité sociale, l’idée de la persistance intergénérationnelle d’une imprégnation culturelle étant d’emblée rejetée comme ethniciste et stigmatisante. Un chercheur lucide (et évidemment dénoncé), Hugues Lagrange, a d’ailleurs nommé avec raison le résultat de ses travaux « le déni des cultures ».

Un exemple type en est l’enquête « Trajectoires et origines » diligentée par l’Institut national d’études démographiques (INED) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) : il vise à comprendre pourquoi les filles issues de l’immigration réussissent mieux à l’école que les garçons. Les raisons invoquées ne manquent pas de pertinence ; mais quand ont surgi, pour expliquer l’important échec d’une majorité de garçons, les allusions à l’observance religieuse, au poids de normes morales infériorisant les filles et postulant la supériorité masculine, (ce qui pourrait induire l’idée d’une stratégie des filles à l’émancipation grâce à la réussite scolaire), un retrait s’est aussitôt imposé : la religion n’était pas retenue comme critère dans l’étude.

Le plus étonnant est que les chercheurs ont noté de grandes disparités entre immigrés d’origine maghrébine ou africaine et ressortissants de l’Extrême-Orient asiatique et personne, apparemment, n’a essayé de voir en quoi les traditions familiales bouddhiques ou confucéennes avaient pu fonctionner différemment de celles marquées par l’islam. Sans doute redoutait-on d’être étiqueté islamophobe et stigmatiseur…

Et pour revenir aux questions que posent le djihadisme, comment ne pas découvrir cette autre forme de déni qu’est la culpabilisation systématique de l’histoire occidentale. Pas de problème, tout ce qui se passe, tout ce qui risque d’arriver n’a qu’une seule et unique cause : l’arrogance occidentale et son corollaire, le colonialisme.

Cela a commencé dès 2001 lors de l’élaboration de la loi Taubira qui faisait de l’esclavage un crime contre l’humanité. Oui certes, mais quel esclavage ? La traite négrière atlantique, autrement dit, celle des Européens. Pas un mot condamnant la traite interafricaine ni celle conduite par le monde arabe pendant plus d’un millénaire et jusqu’au XX° siècle (l’Arabie Saoudite n’a aboli l’esclavage qu’en 1962). L’Occident a commis un crime contre l’humanité, mais pas l’Orient.

Le filon est loin d’être épuisé. Il vient de paraître aux éditions du CNRS le livre d’un universitaire aixois, Raphaël Liogier, spécialiste reconnu des religions, contestant non sans raison la thèse du « choc des civilisations ». Mais pourquoi cet auteur fait-il préférentiellement du djihad le produit d’une « singularité historique » : la colonisation? Comme si le djihad, consubstantiel à l’islam depuis ses origines, n’avait jamais existé avant ses formes actuelles ; comme si l’impérialisme européen était un événement unique et (lui seul) terriblement condamnable alors que l’histoire est faite de constitution d’empires par la conquête, à commencer par l’empire califal arabe du VII° au IX° siècle. Il est vrai que M. Liogier trouve aussi que le port du voile est une démarche « hypermoderne » et que manger hallal n’est pas plus singulier que manger bio.

Mais le record dans l’explication univoque est atteint (comment s’en étonner) par Alain Badiou. Dans une très récente publication (« Notre mal vient de plus loin »), les vrais responsables des tueries parisiennes du 13 novembre 2015 sont dénoncés : « la vacuité aveugle du capitalisme mondialisé » et l’Etat français qui, manipulé par les multinationales, s’occupe trop de ce qui ne le regarde pas. Aller plus loin dans le déni du réel semble inimaginable.

Le déni de ce qui paraît à juste titre des évidences à la majorité de l’opinion n’est pas sans danger. Il coupe un peu plus de cette dernière une certaine élite intello-médiatique. Inutile d’insister pour imaginer qui en tire aussitôt un immédiat profit politique.

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