Airbus et Dassault Aviation ont réalisé « un accord industriel historique » pour développer le futur avion de combat franco-allemand afin d’assurer « la souveraineté européenne ».
Un tournant « historique » : les deux rivaux de toujours, Airbus et Dassault Aviation, développeront ensemble le futur avion de combat franco-allemand, pièce maîtresse dans la stratégie de Paris et Berlin pour assurer la souveraineté européenne en matière de défense. Les deux avionneurs ont annoncé avoir « regroupé leurs forces pour le développement et la production du Système de combat aérien du futur européen (Scaf) » à l’horizon 2040, à l’occasion du salon aéronautique de Berlin (ILA).
« Ce partenariat représente un accord industriel historique pour assurer l’autonomie stratégique et le leadership technologique de l’Europe dans le secteur de l’aviation militaire au cours des décennies à venir », selon leur communiqué. Airbus et Dassault ont mis au point une « feuille de route commune » qui comprendra des propositions pour le développement de « démonstrateurs » à partir de 2025.
Les deux industriels, aujourd’hui concurrents avec leurs avions de combat respectifs, l’Eurofighter et le Rafale, relèvent le défi politique lancé par Paris et Berlin, tout en joignant leurs forces face à une concurrence américaine extrêmement agressive.
« Le premier message est de dire « oui, nous sommes prêts » », a déclaré le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, lors d’une conférence de presse avec le patron d’Airbus Defence and Space, Dirk Hoke, dans la capitale allemande. « C’est un moment historique pour l’industrie » européenne, a complété Dirk Hoke, « un grand pas en avant pour développer les compétences en Europe et assurer la souveraineté européenne. » Les deux capitales s’étaient entendues l’été dernier sur le principe d’un « système de combat aérien européen ».
Une première étape doit être formalisée jeudi lors du salon. Il s’agit de la signature par les chefs d’état-major des armées de l’air des deux pays, sous la férule de la ministre des Armées Florence Parly et de son homologue Ursula von der Leyen, d’un document d’une trentaine de pages, « très structurant pour exposer les besoins des militaires pour un système de combat aérien à l’horizon 2040 », indique-t-on dans l’entourage de Florence Parly.
Le Scaf est conçu comme un système complet associant un avion de combat de nouvelle génération, des drones MALE (moyenne altitude, longue endurance), des avions existants qui seront encore en service après 2040, de futurs missiles de croisière et des drones évoluant en essaim. Il sera connecté à des avions, des satellites, des systèmes de l’OTAN et des systèmes de combat terrestres et navals.
« Il y a une volonté politique très forte de faire un système de combat aérien en coopération avec l’Allemagne », souligne l’entourage de la ministre française, qui parle d’une « première brique » pour un « projet qui va structurer notre industrie de défense aéronautique européenne pour des décennies. »
En inaugurant le salon mercredi, la chancelière Angela Merkel a confirmé que la coopération franco-allemande « dans le domaine de la Défense, est évidente ». Elle « stimule toujours la coopération européenne et c’est ainsi que nous donnons de plus en plus vie à l’Union européenne de la Défense. »
Le programme d’avion militaire franco-allemand doit assurer l’autonomie stratégique européenne face aux États-Unis, vol L-39 Dijon mais aussi à l’Asie. Le calendrier prévoit un deuxième jalon en 2021 sur l’architecture du système, l’avion lui-même, l’armement, etc. D’ici là, de premiers contrats aux industriels fin 2018 début 2019. Outre Airbus et Dassault, il s’agit de Thales, Safran, MBDA, l’allemand MTU.
Les deux capitales se disent ouvertes à l’accueil d’autres pays, mais sans tomber dans les travers de certains programmes internationaux d’armement passés, dont les coûts et les calendriers ont déraillé en raison du grand nombre de partenaires impliqués. La Grande-Bretagne, qui s’était associée à la France pour développer un drone de combat en 2014, n’est pas dans l’équation pour l’heure, notamment en raison du Brexit. Mais Paris laisse entendre qu’elle pourrait la rejoindre plus tard.