Guo Pei n’a rien d’une débutante; pourtant, chacune de ses apparitions et shows en Europe sont attendus avec l’excitation des premières fois. Hier soir, Guo Pei nous a faits rêver. Dans le cadre étonnant du Cirque d’Hiver Bouglione, l’ôcre des tenues des ouvreuses se mariait à la perfection avec les références rouges d’une Chine fantasmée. Au milieu de la scène, suspendue, une racine d’arbre de 8 mètres de diamètre flottait au-dessus du podium. Symbole de la source de la vie, les mannequins devenus muses et créatures légendaires s’animaient avec douceur. La collection bien nommée « Elysium » regroupe 23 pièces; avec comme fil rouge certes la fleur, mais surtout une étonnante interprétation de l’énergie de la vie. Les matériaux utilisés (comme le bambou en provenance d’Huangsan, dans la province d’Anhui en Chine) rencontrent un savoir-faire local : les broderies sont sublimées par des pierres naturelles ou autres cristaux; c’est aussi ça la force de Guo Pei : disposer d’un réseau d’artisans, de petites-mains, qui permettent à Guo Pei d’explorer sa créativité sans limite. L’impression de doux rêve se confirme dans une interview que Guo Pei avait donné à Futur404 : quand elle avait 4 ou 5 ans, sa grand-mère lui narrait le temps d’avant, quand la dynastie Qing règnait et que les dames rivalisaient d’élégance. Un immense sentiment de légèreté et de liberté restait à la fin de la performance; un sol devenu miroir qui nous rappelle sans doûte que viser les étoiles est la meilleure façon de défier toutes les gravités.