Il y a déjà deux ans, les ambitions d’indépendance de la Catalogne paraissaient insensées. Aujourd’hui, on voit bien à quel point, dans un contexte de terrorisme dont la violence vaut celles des organisations mafieuses, le désir de l’entre-soi est plus que jamais empreint de sottise et de vue bien courte. Il faut espérer que les événements « islamistes » de Catalogne, la découverte de l’implantation de cellules islamistes tranquillement installées dans la fière et glorieuse future république de Catalogne, qui n’avait de cesse de démontrer son esprit libéral et accueillant, auront raison des niaiseries indépendantistes et des romantismes de pacotille. Il faut dire et redire que dans le monde d’aujourd’hui, en « open source », avec Hacker et crypto monnaies insaisissables « parva non pulchra est ». C’est l’objet de cette chronique que de dénoncer les illusions de l’entre-soi, celui bêlant des « indépendantistes » qui ne tient pas la route face à l’entre-soi hurlant des mafieux, des « Gafam » et des terroristes islamistes. Reconnaissons que défendre l’idée que les petits pays n’ont pas d’avenir et leurs citoyens avec, c’est se mettre au ban des penseurs de la modernité. C’est se faire l’ennemi des idées qui montent: le « peer to peer », la suppression des intermédiaires, le tiers de confiance vaporisé, la Blockchain qui révolutionne tout. En d’autres termes, c’est mépriser le désir de liberté le plus élémentaire. Il ne manque personne pour montrer que le gigantisme est l’ennemi de l’humain, que les grandes organisations broient l’individu et que la mondialisation et la globalisation vont générer des uniformités dramatiques. Comment résister au charme des petits ensembles, à la dynamique créatrice des entreprises petites, à la nécessité de fournir à l’individu de la proximité, du contact, de l’écoute? Les banques, si elles n’avaient pas été des monstres multinationaux employant 200.000, 300.000 personnes et plus dans des dizaines de pays, manipulant des centaines, des milliers de milliards de dollars, n’auraient-elles pas été plus prudentes? Si Volkswagen n’avait pas cherché par tous les moyens à être le premier constructeur d’automobiles du monde, elle n’aurait sûrement pas sombré dans la manipulation, le mensonge et la tricherie? A l’inverse, de même qu’en astrophysique les corps de petite taille courbent à peine l’espace, les petits ne peuvent pas faire de mal à une mouche. « Petit c’est charmant », « parva est pulchra ». Les petits, peut-être même les minuscules, ne peuvent pas ne pas être du côté du vrai, du bon et du beau. Un monde fait de petites structures ne pourrait pas ne pas être démocratique. Le rêve libéral de la concurrence pure et parfaite où les acteurs de l’économie sont atomisés et ne peuvent s’influencer les uns et les autres aurait trouvé dans le désir d’être petit, une sorte de renaissance. Pourtant, au-delà de ces belles idées, les risques sont considérables de rechercher une indépendance quand les ingrédients de l’autonomie sont absents! Pourquoi tant de vigueur dans la recherche de l’indépendance de la Corse, par exemple, tant il est clair qu’elle ne disposera jamais des moyens d’une véritable autonomie économique et technologique. Que penser aussi de cette incroyable quête d’une indépendance complète menée par les Inuits du Groenland? Par respect humain, on ne parlera pas des micro-états du Pacifique dont Nauru, 20 km2 et désastre économique et financier. L’indépendance de la Catalogne slogan ou tour de passe-passe? Que signifie cette indépendance sans capacité à se défendre contre les agressions de l’extérieur? La Catalogne pense-t-elle pouvoir lutter contre ses ennemis de l’intérieur? Comment est-il encore possible que des peuples se retrouvent animés d’un patriotisme de pacotille et produisent des entités politiques pareilles à ces Etats confettis qui naquirent des traités absurdes suivant la Grande guerre. Ils eurent bonne mine les Etats nés de feu l’Empire Autrichien, minuscules choses livrées à l’appétit des grandes nations voisines! La question de la protection contre les menaces extérieures serait dépassée? Le monde n’est-il pas en paix? La Catalogne, là où elle est ne risque rien: avant de s’en prendre à elle, il faudrait passer sur le ventre de la France et de l’Espagne (version réduite). Evoquons alors la question de la souveraineté. La justice par exemple. Dans un petit pays, comment assurer que la justice sera efficiente face à des entreprises multinationales infiniment mieux équipées en juristes et en techniques de dissimulations. Les tricheries de Volkswagen auraient-elles été détectables dans un pays qui n’aurait pas eu les moyens technologiques d’investigation requis faute de ressources financière. Un petit pays peut-il financer les instruments de réponses aux menaces venant de pays plus importants mais aussi et surtout de macro-centres de décisions: firmes multinationales en tête. Questions surannées? La souveraineté ne relèverait pas de soucis d’arrière-cuisine? Alors, il faut aller chercher là où cela fait déjà très mal aux souverainetés, y compris dans des pays qui ne sont pas si petits que cela. Les mafias en tous genres ont pris une place et acquis une capacité à agir considérables. Dans le dernier quart de siècle leur puissance économique s’est développée de façon vertigineuse. Le PIB de la mafia en Italie ou de la drogue dans le monde? Pour les uns, c’est un chiffre d’affaires de l’ordre de 100 milliards d’euros, 53 milliards pour la seule mafia Calabraise! Pour les autres, les pessimistes, il s’agit des bénéfices! Rude constat, en effet: 100 milliards est supérieur au PIB Marocain et dix fois supérieur au PNB albanais. C’est la moitié du PIB de la Catalogne. Pour les cartels colombiens, il s’agit de 40 milliards de dollars, soit autant que le PIB du Luxembourg. Le chiffre d’affaires mondial de la drogue atteindrait entre 300 et 500 milliards de dollars. Autant que les PNB de la Suisse, de la Suède et de l’Indonésie. Deux fois celui de la Catalogne. Evidemment ces chiffres ne sont pas scientifiques et ne bénéficient pas de la limpidité de comptes audités et certifiés!!!…