Les six têtes créditées dans les sondages des intentions de vote les plus faibles ne sont pas en manque d’inspiration. Voici une sélection des axes qu’ils défendent, pour l’entreprise et le salarié.
Les sondages font le yoyo, en cette campagne présidentielle. Bien malin celui qui prédit aujourd’hui quel score vont réaliser les six « petits » candidats dans moins de quinze jours, même si la présence de l’un d’entre eux au second tour reste tout de même hautement improbable. Tour d’horizon, non exhaustif, des mesures qui concernent l’entreprise et le salarié, dans leurs projets pour la France.
La hausse des salaires en leitmotiv
La hausse du smic est dans tous les esprits. A l’extrême gauche de l’échiquier, Philippe Poutou, du NPA, veut, en parallèle d’un passage aux 32 heures sur quatre jours, un salaire minimum de 1700 euros net par mois – contre 1153 euros nets aujourd’hui –, et une augmentation de tous les salaires de 300 euros (ainsi qu’une échelle des salaires de 1 à 4). Concernant ce volet rémunération, Nathalie Arthaud est globalement sur la même ligne (smic à 1800 euros net), avec indexation des salaires et des pensions sur le coût de la vie. Pour financer ces augmentations, la candidate Lutte Ouvrière suggère de « prendre sur les profits des riches bourgeois,qui s’accaparent des dizaines de milliards de dividendes ». Par ailleurs, « si une PME a une trésorerie si maigre qu’elle ne peut pas augmenter les salaires, il faut imposer que sa maison-mère, son donneur d’ordre ou sa banque soient mis à contribution pour qu’elle paie des salaires corrects aux travailleurs ».
Le candidat souverainiste François Asselineau prône pour sa part une hausse du smic à 1300 euros nets par mois , compensée par une baisse des cotisations sociales patronales pour les TPE et les PME jusqu’à 50 salariés. Jean Lassalle compte aussi, s’il est élu, « augmenter le smic net par une baisse de cotisations sur les bas salaires ». Il ne dit pas de quelle ampleur serait l’évolution. La proposition de Nicolas Dupont-Aignan est d' »augmenter les salaires nets de 10% en diminuant les charges salariales de 30% sur la durée du quinquennat ». Sachant que les salaires seraient désormais payés tous les quinze jours « afin de réduire les découverts des Français ». Quant à Jacques Cheminade, il souhaite parvenir progressivement à un smic à 1309 euros net.
De nouvelles aides à l’embauche en CDI
Comment lutter le chômage? Avec Philippe Poutou, la formule serait « simple »: contrat à durée indéterminée (CDI) pour tous. Sans aller aussi loin, d’autres candidats comptent au moins favoriser la conclusion de CDI. Ainsi, François Asselineau président, le contrat à durée déterminée (CDD) ne pourrait excéder 24 mois, renouvellement compris, la prime de précarité serait augmentée à 20% et le taux horaire majoré de 15% par rapport aux minima légaux et conventionnels. Par ailleurs, un nouveau système d’aides à l’embauche serait instauré: « 10% du Smic pendant un an pour la conversion d’un CDD en CDI et au-delà des six premiers mois d’un CDD; 20% du Smic pendant un an pour l’embauche d’un chômeur ou pour un premier CDI destiné à un jeune de moins de 26 ans; 25% du Smic pendant un an pour l’embauche d’un premier salarié en CDI ou d’un bénéficiaire du RSA dans l’entreprise ». Nicolas Dupont-Aignan prévoit pour sa part une exonération de charges pendant cinq ans pour le recrutement en CDI d’un chômeur de longue durée.
Jacques Cheminade indique, lui, que toute PME de moins de 50 salariés embauchant un chômeur quel que soit son âge, doit avoir « la possibilité de déduire des charges sociales correspondant à cet emploi le coût moyen par chômeur des allocations d’assurance chômage, soit au maximum 11 000 euros par an ».
Favoriser l’emploi en France
Philippe Poutou et Nathalie Arthaud partagent la volonté d’interdire tout bonnement les licenciements. Le candidat du NPA veut la « mise sous contrôle des salariés des entreprises qui détruisent des emplois ». Pour éviter les plans sociaux dévastateurs, les deux candidats prônent la transparence à tout crin: l’ouverture des comptes des entreprises, la levée du secret bancaire et du secret des affaires. Plus mesuré, François Asselineau entend de son côté conditionner les aides aux entreprises à des critères sociaux et de maintien de l’emploi sur le territoire.
En cette élection, il est de bon ton d’envisager de réserver une part de la commande publique aux acteurs bleu blanc rouge, ou produisant en France. Et notamment aux PME. Jacques Cheminade vise de leur réserver 25% des achats publics. François Asselineau 30%. Nicolas Dupont-Aignant 50%. Le représentant de Debout La France a par ailleurs l’intention de taxer les importations ne respectant pas certaines normes et d' »interdire les importations dangereuses ou reposant sur l’esclavage moderne ». Il créera un « Label Tricolore » et un fond d’investissement et de relocalisation de ces produits. Avec lui, le taux d’impôt sur les sociétés baisserait de moitié pour les bénéfices réinvestis sur le sol français.
Vers une gouvernance des entreprises plus collective
Jean Lassalle a en ligne de mire de booster l’actionnariat salarié, même si sa proposition reste un peu vague: « garantie d’une représentation lors des assemblées générales, contre réduction d’impôts pour les sociétés familiales qui l’appliquent ».
Nicolas Dupont-Aignan entend lui aussi accorder une baisse du taux d’IS pour les entreprises qui favorisent l’actionnariat salarié. Il veut également instaurer un label « Société à gestion partagée », pour les entreprises voulant faire participer leurs salariés à la gestion de l’entreprise. « Il ouvrirait une couverture sociale au chef d’entreprise similaire au statut des directeurs de Scop ». L’IS serait réduit « pour toute entreprise qui attribuera un pourcentage des sièges aux salariés, avec voix délibérative, dans les instances de décision ou de contrôle ». Ce pourcentage serait déterminé avec les partenaires sociaux.