A Lyon, Emmanuel Macron passe à une nouvelle phase de sa campagne. Pas d’annonce nouvelle, mais la volonté de se présidentialiser et de s’inscrire dans la lignée de ceux qui ont su dépasser le clivage droite/gauche. Comme le général De Gaulle.
Emmanuel Macron est passé à une nouvelle phase de sa campagne: il s’emploie à combattre un à un les points faibles de sa candidature. Il sait que son manque d’expérience est un handicap ; qu’on l’attend au tournant sur la lutte contre le terrorisme, sur la sécurité ; que son positionnement -ni de droite, ni gauche ou et de droite et de gauche- est un pari risqué.
Dans les pas de Mitterrand, Zola et Péguy
Alors, il frappe fort. Samedi 4 février, lors de son meeting au Palais des sports de Gerland à Lyon, il a tenté de tordre le cou à ces critiques. Avec un culot monstre. De Gaulle, c’est moi ; la République, c’est moi, a-t-il proclamé en substance, dans une volonté de présidentialisation. Le président d’En Marche!, candidat de l’optimisme, s’est fait celui de la gravité. « Nous vivons un moment singulier de notre histoire. » Ou encore : « Les temps que nous vivons sont graves. »
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Il est allé chercher dans l’histoire de France, ces moments où les hommes et les femmes ont su se dépasser. Saluant tour à tour François Mitterrand, ou Jacques Chirac, capables de grands discours rassembleurs, Emile Zola et Charles Péguy, unis dans leur combat en faveur du capitaine Dreyfus, Charles De Gaulle qui a fédéré communistes, chrétiens et francs-maçons, et encore Simone Veil, ministre de Valéry Giscard d’Estaing et héroïne de la loi en faveur de l’avortement, il met la barre très haut: c’est bien à ces exemples qu’il se réfère, à ces figures qu’il se compare, pour montrer que le clivage droite-gauche, s’il existe toujours, ne crée pas de barrières infranchissables.
La sécurité au coeur de ses propositions
Et comme l’audace n’a pas de limites, il s’approprie la devise de la République. On lui a demandé son slogan: ce sera liberté, égalité, fraternité. Facile à retenir… Et pratique puisqu’il lui permet de caser ses principales propositions dans ces trois tiroirs: la liberté est notamment économique, l’égalité c’est aussi celle des chances, la fraternité est … européenne et même écologique!
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Il n’est pas innocent qu’Emmanuel Macron fasse de la sécurité la première des libertés qu’il entend défendre et qu’il inscrive la lutte contre le terrorisme comme son combat prioritaire. Il rappelle qu’il a rencontré les militaires français dans un récent voyage en Jordanie, comme si cette proximité lui infusait un peu de l’esprit de treillis. Il affirme qu’il va porter à 2% du PIB le budget de la défense. Création de 10 000 postes dans la police et la gendarmerie, réorganisation du renseignement territorial complètent l’offre.
En matière de défense -qui songerait aujourd’hui à désarmer d’une manière ou d’une autre?- il se situe dans le centre de gravité de la société française. En matière de laïcité un tel constat serait hasardeux. A Lyon, il est très applaudi quand il dit ne pas accepter que des hommes refusent de serrer la main à des femmes, il est poliment écouté quand il relate sa rencontre avec une jeune femme qui déplore de ne pas pouvoir porter son voile au travail. « Qu’elle perde un peu de sa liberté » et « nous perdons de la nôtre », dit-il. Manifestement, Emmanuel Macron doit encore marcher pour convertir un plus grand nombre à sa conception de la laïcité.