Attentat à Nice: la classe politique enterre l’unité nationale

By | juillet 14, 2016

Plusieurs responsables politiques de droite ont regretté ce vendredi l’impuissance de l’exécutif face au terrorisme, qui a frappé jeudi la ville de Nice. À gauche, EELV rejette toute prolongation de l’état d’urgence.

L’unité nationale n’a jamais existé. Au lendemain de l’attentat de Nice, qui a fait au moins 84 morts, plusieurs responsables politiques de droite accusent de faiblesse le pouvoir exécutif face à la menace terroriste.

« Si tous les moyens avaient été pris », l’attentat « n’aurait pas eu lieu », a déclaré ce vendredi Alain Juppé sur RTL. Le candidat à la primaire à droite a de nouveau plaidé pour une meilleure coordination des services de renseignement. L’évolution sémantique est notable. Après les attentats du 13 novembre, le maire de Bordeaux avait appelé au « soutien à ceux qui aujourd’hui dirigent les affaires de la France, c’est-à-dire le président de la République et le gouvernement. »

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Répétitions d’actes terroristes dans l’Hexagone, échéances électorales… La droite ne souhaite plus se ranger derrière François Hollande, comme après les attaques de 2015. En témoignent les réactions du député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti et du président de la région Paca Christian Estrosi.

L’exécutif ne « regarde pas la réalité en face »

Les deux membres des Républicains ont critiqué l’annonce par François Hollande de la levée de l’état d’urgence, qui sera finalement prolongé de trois mois. « Quand on est en guerre, on protège le territoire national, a abondé François Fillon sur Europe 1. Hier, on voulait arrêter l’état d’urgence, on se demande pourquoi et quels sont les éléments qui auraient pu expliquer son arrêt. »

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Président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, le député Les Républicains Georges Fenech s’en prend lui aussi à l’exécutif. S’il balaie d’un revers de main la question de l’état d’urgence – « Il ne règle rien »-, le député dénonce « l’impuissance » du pouvoir face à la menace djihadiste. « On a un exécutif qui s’arc-boute sur des certitudes qui n’en sont pas, qui ne veut pas regarder une autre réalité en face », a-t-il déploré. Le rapport de la commission d’enquête prône en effet la refonte des services de renseignement ainsi que le durcissement de l’arsenal juridique pour les personnes condamnées pour terrorisme.

De son côté, le député LR Eric Woerth a fustigé sur Twitter « les mêmes mots et les mêmes réunions de crises » après l’attaque.

EELV refuse la prolongation de l’état d’urgence

Ce sentiment de lassitude face aux attaques à répétition est partagé par François Bayrou. « On ne peut pas se contenter de dire que l’on fait ce qu’on peut, s’est-il agacé sur RTL. Il semble que l’on puisse mettre en place des éléments nouveaux ou des organisations nouvelles en matière de renseignement et de coordination du renseignement. »

Si l’unité nationale n’a plus cours à droite, des fissures apparaissent aussi à gauche de l’échiquier politique. Le secrétaire national d’EELV, David Corman, a assuré que les députés écologistes ne devraient sûrement pas voter la prolongation de l’état d’urgence demandée par le chef de l’Etat. « Un état d’urgence pérenne met en danger ce qui est extrêmement précieux: nos libertés fondamentales. Celles et ceux qui commettent, commanditent ce type d’attentats s’attaquent également à ces grandes valeurs qui font notre République », a-t-il fait valoir.