Pris à partie par deux militants proches du mouvement Nuit Debout, le ministre de l’Economie a justifié ses « costards » par le fait qu’il travaillait, lui. Une marque de mépris? L’Express a retrouvé des témoins et visionné toute la scène.
Emmanuel Macron veut aller au contact des Français. Vendredi après-midi, dans la petite cité héraultaise de Lunel, l’homme de la majorité le mieux placé dans les sondages pour 2017 a pu savourer tous les aspects de ces rencontres. En répondant à un militant un peu agressif que la meilleure façon de se payer un costard était de travailler, il a fait l’objet de critiques sur son supposé mépris.
L’Express a pu visionner toute la scène, filmée par deux journalistes locaux, Laurent Damiron et Dimitri Moulins. Elle dure près six minutes.
Une poignée de main en conclusion
On y découvre un ministre de l’Economie face à deux militants. Un livre de Gérard Filoche dénonçant la loi El Khomri en main, le plus âgé dénonce « des lois qui sont dans l’intérêt des patrons », et ne laisse guère la parole quand Emmanuel Macron tente de le contredire. La scène s’échauffe quand le jeune homme qui se tient à son côté s’exclame: « On en a marre, j’ai 21 ans, je me retrouve en fin de formation, je n’ai pas de sous pour me payer un costard cravate comme ça! », en désignant son tee-shirt noir.
« Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler », lui répond alors le ministre. « Depuis l’âge de seize ans je travaille! » réplique le jeune militant, qui finit par s’éloigner. La discussion avec l’homme plus âgé, arborant un autocollant du syndicat SUD et se disant enseignant à Nîmes, se poursuit encore plusieurs minutes. Toujours difficile, mais respectueuse.
Elle se finira par une poignée de mains, avant que le ministre de l’Economie ne reprenne son chemin, régulièrement alpagué par des citoyens avec qui il n’hésite pas à engager la conversation.
Rencontre avec la CGT en fin de journée
Patrick Vignal, député PS de l’Hérault, était l’hôte du ministre ce jour-là: « Je présentais à Emmanuel Macron la fabrique numérique de Lunel, qui permet de lutter contre le décrochage scolaire. Deux militants contre la loi Travail, équipés d’un mégaphone, essayaient de perturber la rencontre avec les jeunes depuis l’extérieur. Je suis sorti pour leur demander d’arrêter et j’ai promis que le ministre viendrait les voir. »
La journée se passait jusqu’alors « à merveille », regrette Patrick Vignal. « Emmanuel Macron est un grand ministre de l’Economie qui a su se montrer disponible de 12h à 21h dans une petite ville comme Lunel. » Après plus d’une heure de pêche à l’anguille sur l’étang de l’Or, le ministre s’apprêtait à rencontrer des chefs d’entreprise en fin d’après-midi. Invitée à participer, la CGT de Lunel a lu un texte contre la loi Travail que le député juge « équilibré ». S’il n’y avait pas eu le 49.3, lui-même aurait voté contre, assure-t-il.
Ce samedi, Emmanuel Macron a répondu sur Twitter à l’une des nombreuses personnes qui lui ont reproché son mépris.