« Macron, Golem ou Turlupin?

By | avril 23, 2016

emmanuel-macron-le-11-janvier-2016_5579767Il met la Cour cul par dessus tête, souffle le chaud et le froid, soutient le roi comme corde et pendu. Rédempteur ou météore? Le roi est à frire telle merguez sur le barbecue des Enfers.

Pour le présent, notre infortuné monarque se trouve dans les affres, de celles qui hantèrent les nuits du rabbin de Prague qui avait, pour son malheur, façonné le Golem dans la glaise à des fins de protéger ses ouailles: la créature avait fini par le trahir au point de devenir une sorte de monstre affranchi de toute férule. Sur ordre du roi de Bohème, le rabbin provoqua la mort du Golem qui, selon la légende, serait encore à gésir en le grenier de la synagogue de Prague.

Monsieur de Jouyet, qui se trouve être l’un des auteurs de la résurrection de ce Golem 3.0, rase à présent les murs.

Ministres et conseillers partagent l’angoisse du maître de céans, de cette angoisse qui étreint et condamne à subir le tourment des fièvres, sans pouvoir jamais répondre à cette lancinante question: « Que va-t-il faire encore, ce traître de Macron, à des fins de déchirer la gauche et offenser son roi »?

Charles le Grand

Ainsi que l’écrivait Charles le Grand, au faite de sa gloire, à propos de ses ministres qu’il épinglait comme des papillons:

« … Ceux qui exposent,

Ceux qui proposent,

Ceux qui déposent,

Ceux qui disposent,

Ceux qui supposent,

Ceux qui composent,

Ceux qui transposent,

Ceux qui apposent,

Ceux qui opposent,

Bref, ceux qui posent ».

Loin de nous l’irrévérence d’adorner la prose du Général, quelle forfanterie! Mais en y glissant: « Ceux qui implosent » nous aurions dénombré les derniers prétoriens, retranchés en ce Fort Chabrol qu’est devenu le Château.

Il se mande que le roi a le nez plein des frasques de son ancien chouchou. Le comte Cazeneuve, dévolu aux tâches de haute et basse police, s’est attelé à une noble besogne, celle de trouver quelque casserole à attacher au séant de l’impétueux gandin, ce dandy de grand chemin.

Le comte à fait chou blanc: pas l’ombre d’un scandale, d’un impair, d’une incartade.

Slip français

Ce n’est pas lui qui se serait laissé aller, saisi par le démon de midi, à tirer sur la culotte d’une gazetière ainsi qu’il est reproché à Monsieur de Monbeausapin. L’affaire fait les délices de la Cour qui s’éjouit de ces médiocres fourberies de Sapin.

Le ministre a le moral en ses chaussettes roses: son imagier, dans un premier temps, tenta éteindre les braises en plaidant une farce potache, avant de se raviser et de tout nier en bloc. Ses dénégations ont peiné à convaincre.

michel-sapin-a-paris-le-18-fevrier-2015_5541505Aurions-nous le front de suggérer que le ministre, tout à sa ferveur de promouvoir les produits de notre terroir, s’était innocemment pris de vanter, démonstration à l’appui, les vertus du Slip français? Baste! Piètre façon de farder si blâmable attitude.

Monsieur de Macron a souri lorsque l’un de ses séides s’est empressé de lui porter si affriolante nouvelle, heureux qu’il se trouva d’alimenter les gazettes sans s’abîmer dans la rubrique des scandales.

Le dilemme de Monsieur de Macron est de toute autre nature: rester ou partir?

Rester c’est assurément boire la lie jusques au calice et sombrer avec les derniers boat people de l’Arche de Noé.

Partir, c’est quitter le Titanic sans armée ni lieutenants, au risque de subir le sort de Robinson Crusoe. Et passer pour Turlupin.

Turlupin? Notre ami Artois qui cèle mémoire de boeuf lorsqu’il prend garde de ne point la dissoudre dans le champagne, renseigne notre insatiable curiosité:

« Kenedillon »

– Turlupin, c’est le surnom que colla Jacques le Hardi, alors Grand chambellan de Valéry le Hautain, à Monsieur Servan-Schreiber, éphémère ministre des Réformes, sacrifié sur l’autel du conservatisme que le célèbre gazetier entendait lui aussi chambouler. Ce tycoon de la presse, n’avait-il point fondé l’ « Express », que Monsieur de Mauriac, dans un souffle d’asthmatique, avait traité de « Kennedillon », avait été chassé du gouvernement pour s’être pris de réformer le royaume en lieu et place du tout jeune roi Valéry qui en avait pris ombrage.

Mais la situation du jeune Macron est de toute autre nature: que le Flou, achevant son règne sur une kyrielle d’échecs, se prenne de le dézinguer, qu’il ferait assurément la fortune de Macron à qui il serait alors loisible de lancer:

« Tes os paveront la route de ma victoire ».