« Libre », « con », « intéressant »: ce que les politiques français pensent de Trump

By | mars 17, 2016

Entre relatif enthousiasme et profond rejet, Donald Trump ne laisse pas indifférent la classe politique française et notamment la droite et l’extrême droite, particulièrement divisées à son sujet.

Donald Trump ne laisse personne indifférent. Il n’y a donc pas de raisons qu’il en aille autrement pour les hommes et femmes politiques français. Beaucoup se sont déjà exprimés sur le trublion de la vie politique américaine. Entre sidération et fascination, les réactions varient largement. Mais plus les personnalités penchent à droite, plus elles ont tendance à s’enthousiasmer pour le milliardaire anti-establishment.

Jean-Marie Le Pen: « Que Dieu le protège! »

Pour Jean-Marie Le Pen, c’est un franc enthousiasme, exprimé sur Twitter:

Nicolas Dupont-Aignan: « Il dit des choses qui méritent d’être écoutées »

Sur BFMTV, le président de Debout La France, qui vient de se déclarer candidat à la présidentielle française, estime que « le succès de Trump illustre le ras-le-bol des classes populaires ». « Quand, trop longtemps vous imposez à un peuple des inégalités, quand trop longtemps vous oubliez ce que vivent les gens, il y a un moment où des personnalités hautes en couleurs et parfois excessives qui en profitent. Pour autant, il dit des choses qui méritent d’être écoutées. Je pense, par exemple, au contrôle des frontières, au protectionnisme… »

Marion Maréchal-Le Pen: « Intéressant »

Sur France Inter, la députée du Vaucluse estime que « le tonitruant Trump a au moins quelque chose qui me paraît intéressant, et qui touche directement les intérêts français, c’est sa politique internationale, à savoir plutôt un retour à l’isolationnisme américain, son refus de l’ingérence intempestive et de l’interventionnisme à tous crins, le fait qu’il accepte, qu’il veuille, travailler avec la Russie, avec un certain nombre de pays comme l’Iran… » « Je pense que c’est un rééquilibrage des pouvoirs , l’acceptation d’un monde multipolaire, et de ce point de vue-là, ça m’apparaît intéressant. »

Questionnée sur la proposition de Donald Trump d’interdire l’entrée des musulmans sur le territoire américain, Marion Maréchal-Le Pen répond: « Ça, c’est stupide, ça paraît d’ailleurs complètement infaisable ». Mais ajoute qu’il est « difficile de se prononcer [sur les sujets nationaux américains] ». « Souvenez-vous de Reagan, qui était présenté comme le cow-boy complètement benêt… Je me méfie des médias français qui ont souvent tendance à caricaturer, à sortir des phrases, à les faire un peu mousser… Donald Trump, s’il était à ce point idiot et scandaleux, ne serait pas là où il est quand même… »

Nicolas Bay: « Moins caricatural que la façon dont il est présenté »

Pour le secrétaire général du FN, Donald Trump « a une expression exubérante qui peut faire peur en France ». « Mais, poursuit-il, rapporte Le Monde, Trump est moins caricatural que la façon dont il est présenté. Quand on voit la campagne américaine, on se dit que les propos sont beaucoup plus libres. Il y a une police de la pensée en France qui n’existe pas aux Etats-Unis. »

Robert Ménard: « Je pense que Marine Le Pen devrait le rencontrer »

Pour le maire de Béziers, élu avec le soutien du Rassemblement Bleu Marine, « Donald Trump dit avec les mots des gens ce que les gens ressentent, c’est important ». « Son côté iconoclaste est salvateur, confie-t-il au Scan du Figaro. Ses questions brutales, sans langage technocratique, font du bien. » Un modèle pour la France? « Je ne sais pas, les situations sont différentes. Mais il est certain que nous partageons une même angoisse migratoire avec les États-Unis. En tout cas je pense que Marine Le Pen devrait le rencontrer, car ses constats et sa sensibilité sont très proches de ceux de la droite patriote. »

Florian Philippot: « Il est libre, il n’est pas aux ordres »

Pour le vice-président du FN, Donald Trump n’est « pas un modèle [pour le FN]. « Je n’ai pas l’habitude de trouver des modèles à l’étranger, je les trouve plutôt dans l’histoire de France. Il dérange l’establishment américain, notamment parce qu’il est libre, il n’est pas aux ordres du complexe militaro-industriel et de la grande finance […], ceux qui veulent que nous allions faire des guerres en permanence », a-t-il salué lors de l’émission Questions d’Info (LCP, AFP, France Info, Le Monde). « Il y a des choses intéressantes chez Trump sur la politique étrangère, qui me paraît plus réaliste: il reconnaît les fautes de l’Irak, contrairement à ses compétiteurs », il veut une politique « moins belliqueuse que Clinton », estime-t-il.

Laurent Wauquiez : « Clair dans ce qu’il exprime »

Interrogé aux Quatre Vérités sur France 2, le vice-président du parti Les Républicains estime que Donald Trump « est révélateur de quelque chose, qu’aujourd’hui dans les démocraties, les citoyens ne veulent plus avoir des gens qui leur disent ce qu’ils ont le droit de penser et ce qu’ils ont le droit de dire ». « Ce qui séduit chez Donald Trump, c’est quelqu’un qui a une forme de parole très directe, aborde un certain nombre de thèmes qui jusqu’ici étaient plutôt tabouisés, et qui est clair dans ce qu’il exprime. »

Un modèle? « Non, ce n’est pas un modèle mais je pense que ça dit quelque chose, répond le député de Haute-Loire. Les gens globalement dans les démocraties ne veulent plus de filet d’eau tiède. Ils ne veulent plus d’une espèce de politique insipide qui dit à chacun ce qu’il a envie d’entendre. Ils veulent des choses qui ont un peu plus de caractère et de colonne vertébrale. » Donald Trump peut-il « inspirer » Laurent Wauquiez? « Oui, reconnaît l’intéressé. Et puis surtout, je pense que effectivement cette politique qui en France, depuis trente, quarante ans, pratique le filet d’eau tiède, on en dit le moins possible, on met sous le tapis toute une série de sujets, je pense que ça peut nous amener dans le mur. »

Nicolas Sarkozy: « Un sentiment très mitigé »

Mercredi, lors d’un échange avec des internautes sur sa page Facebook, le président du parti Les Républicains, a affirmé qu’il avait « un sentiment très mitigé s’agissant de Donald Trump ». « D’un côté, on est effrayés par ce qu’il dit et on finit par espérer qu’il ne pense pas tout ce qu’il dit. D’un autre côté, il traduit le rejet d’une pensée unique qui stérilise le débat aux Etats-Unis comme en France. » Selon l’ex-chef de l’Etat, « à force d’empêcher le débat, on finit pas pousser à l’expression du populisme et de la démagogie. Voilà pourquoi il ne faut pas craindre le débat ».

Hervé Mariton: « Outrancier »

Le député de la Drôme, pourtant fervent atlantiste, qualifie dans Le Figaro Donald Trump d' »illuminé », d’ « outrancier », et considère que son succès est aussi « la sanction de la faiblesse du reste de l’offre politique ».

Alain Juppé: « Heureusement on est encore en France »

Devant des étudiants d’Assas le 23 février dernier, le candidat à la primaire de la droite a pris Donald Trump comme contre-modèle, rapporte L’Obs. « Il y a une inquiétude sur la place de la religion musulmane en France, mon but c’est de cheminer vers l’identité heureuse. Sinon quoi? Il y a 4 ou 5 millions de musulmans en France. On va faire quoi? Les virer? Ça, c’est le programme de Mister Donald Trump. Heureusement on est encore en France. » Pour son soutien Jean-Pierre Raffarin, Donald Trump « fait une course aux extrêmes et, finalement, cherche à renforcer son noyau dur plutôt qu’à rassembler le pays ».

François Fillon: « Ses valeurs sont aux antipodes des miennes »

Dans une récente interview à Paris-Match, l’ancien Premier ministre qualifie Donald Trump de « motif d’inquiétude sur le leadership américain ». « Je suis déjà préoccupé par l’emprise exorbitante des Etats-Unis sur la vie des entreprises européennes. Je suis critique sur l’action du président Obama notamment au Proche-Orient et vis à vis de la Russie. Mais la perspective de voir ce Monsieur Trump dont les valeurs sont aux antipodes des miennes, accéder à la présidence des Etats-Unis, n’est absolument pas un motif de fascination. »

Jean-Luc Mélenchon: « Un con »

Sur Twitter, le leader du Front de gauche a évoqué deux fois Donald Trump. Une fois pour dire qu’il représentait « une gigantesque tromperie », l’autre pour le qualifier de « con ». Son entourage estime toutefois, rapporte le Huffington Post, que « Bernie Sanders et même Donald Trump à sa manière bousculent les vieux partis. Partout, un vent nouveau se lève et il faut que cela se traduise aussi dans notre pays ».