Le magazine Causette publie un échange de courriels diplomatiques sur les coulisses de la remise de la Légion d’honneur au prince héritier d’Arabie saoudite. Il en ressort que cette remise aurait été faite pour lui permettre de « renforcer sa stature internationale ».
Il aurait souhaité « renforcer sa stature internationale ». D’après le mensuel Causette, c’est à la demande de l’Arabie saoudite que la Légion d’honneur aurait été remise le 4 mars en catimini au prince héritier Mohammed ben Nayef. Le magazine a publié vendredi une série de courriels diplomatiques qui donnent l’impression que Paris s’est plié à une demande de Ryad.Interrogées après la diffusion de ces échanges entre diplomates français, les autorités françaises n’ont ni démenti ni confirmé leur teneur, se refusant à tout commentaire.
LIRE AUSSI >> Pourquoi la Légion d’honneur à l’Arabie saoudite fait scandale
« Je sais que certains s’interrogent sur l’opportunité de décorer maintenant le prince héritier (…) Certes, le royaume n’a pas bonne presse », écrit l’ambassadeur de France à Ryad dans un email envoyé à des conseillers à l’Elysée et au Quai d’Orsay et mentionné par le magazine Causette. « Aucune raison de ne pas le faire : il faut que ce soit discret vis-à-vis des médias mais sans dissimulation », lui est-il répondu dans un courriel attribué au directeur Afrique du Nord/Moyen-Orient du Quai d’Orsay.
« Lutte contre Daech et partenariat économique »
« Si nous ne le faisons pas, ce sera vu comme un camouflet, et, si on nous interroge, on répondra lutte contre Daech et partenariat économique et stratégique. Rajoutons, pour faire bonne mesure, des éléments droits de l’Homme dans les éléments de langage bien sûr », poursuit-il. La décision de décorer Mohammed ben Nayef est prise quelques heures plus tard, après le feu vert du président François Hollande, selon d’autres échanges de courriels avec son conseiller pour le Moyen-Orient.
La remise de la Légion d’honneur au responsable saoudien s’est déroulée le 4 mars au palais de l’Elysée mais la présidence française ne l’a confirmé que le 6 mars en réponse à une question de l’AFP. Entre-temps, l’agence de presse saoudienne SPA en avait fait état. Dès la révélation de cet événement, les critiques ont fusé chez des politiques de droite et de gauche et sur les réseaux sociaux, en raison du bilan en matière de droits de l’Homme de l’Arabie saoudite, qui a procédé depuis le début de l’année à 70 exécutions capitales et est aussi très critiqué pour la guerre au Yémen, ou son rôle dans la diffusion de l’idéologie wahhabite dans le monde.