Le président de la République est arrivé à Tahiti ce dimanche. Après des escales à Wallis-et-Futuna et en Polynésie française, il continuera son périple par une visite au Pérou avant de rejoindre l’Argentine et l’Uruguay.
François Hollande a atterri ce dimanche à Tahiti à 04H45 locales (14H45 GMT) pour une brève escale avant de redécoller à destination de Wallis-et-Futuna, première étape d’une tournée qu’il poursuivra lundi, de retour en Polynésie française puis en Amérique latine. L’Elysée a posté une photo.
Sa visite à Wallis sera la première depuis celle de Valéry Giscard d’Estaing en 1979. Ce sera même la toute première visite d’un chef de l’Etat à Futuna, une île volcanique d’une dizaine de kilomètres de long, perdue au milieu du Pacifique sud et peuplée d’un peu plus de 3000 habitants.
Dans l’avion présidentiel, François Hollande a rappelé devant des journalistes son engagement présidentiel: « j’ai souhaité aller dans tous les territoires d’outre-mer et c’est ce qui aura été fait ». L’engagement sera tenu avec cette étape et celle qu’il effectuera le lendemain en Polynésie française, où la dernière présence présidentielle remonte à Jacques Chirac en 2003.
La cérémonie du Kava, breuvage à base de racines
A Wallis-et-Futuna, le président de la République visitera les trois royaumes traditionnels que compte l’archipel. Comme le veut la tradition, il y sera accueilli par leurs rois, désignés et révocables (l’un des trônes est vacant), et la cérémonie du Kava, un breuvage sacré à base de racines et de branches de poivrier broyées, diluées et malaxées.
En son honneur aussi, les habitants organiseront des KaïKaï, sortes de banquets traditionnels. Plusieurs dizaines de porcs seront alignés, selon la coutume, mi-cuits et recouverts de nattes, devant les palais royaux. Le plus gros lui sera symboliquement offert. Les enjeux de cette visite seront essentiellement locaux. « Leurs demandes sont très attachées aux services minimaux: téléphonie, distributeur de billets de banque, un centre de dialyse, des possibilités de se soigner… », a expliqué François Hollande.
L’enjeu du nucléaire en Polynésie
En Polynésie, il en ira tout autrement de la visite que François Hollande effectuera à partir de dimanche soir où il s’agira, selon l’Elysée, de « solenniser une relation avec la République un peu abîmée et froissée » lors du précédent quinquennat. Avec un « enjeu principal »: l’indemnisation des victimes des 193 essais nucléaires que la France a conduits de 1966 à 1996 sur les atolls de Mururoa et Fangataufa. « Où ma parole sera la plus attendue, ce sera sur les réparations, les indemnisations liées aux essais nucléaires », a confirmé M. Hollande.
Seuls une vingtaine de dossiers sur un millier ont fait l’objet d’une indemnisation, relève l’Elysée. François Hollande devrait ainsi apporter une « réponse politique » aux Polynésiens qui considèrent que ces essais sont la cause de nombreux cancers dans l’archipel. Il devrait être aussi question de la « dette nucléaire », également surnommée « le milliard Chirac » (aujourd’hui 150 millions d’euros), une rente annuelle accordée par l’Etat à la fin des essais en 1996 mais dont le montant a été réduit à plusieurs reprises. Les élus polynésiens souhaitent qu’elle soit pérennisée.
Pérou, Argentine, Uruguay…
Pour l’anecdote, le chef de l’Etat remontera le temps pour vivre deux lundis 22 février, le premier à Wallis-et-Futuna et le second, le lendemain, à Tahiti. La raison ? Il franchira à l’aller et au retour la ligne de changement de date qui passe entre les deux archipels. Après un vol d’une dizaine d’heures, il entamera mardi la seconde partie de son périple par une visite au Pérou pour « saluer » le concours de ce pays au succès de la COP21, avant de rejoindre l’Argentine mercredi et l’Uruguay jeudi.
François Hollande entend y renforcer encore les liens scientifiques, universitaires et culturels avec le sous-continent. En revanche, et même s’il sera accompagné d’une délégation substantielle de responsables d’entreprises (Carrefour, Thales, Arianespace…), aucun accord économique ou contrat commercial ne devrait être signé lors de cette tournée sud-américaine, une entorse à la « diplomatie économique » chère au chef de l’Etat.