L’Elysée, ce château des maléfices

By | février 16, 2016

le-president-francois-hollande-le-31-octobre-2014-au-palais-de-l-elysee-a-paris_5142353Pschitt! Le roi serait à bouder, vexé comme pou de n’avoir su emporter la ferveur de ses sujets: referendum, remaniement, rien n’y fit. La Cour se peint d’un moral de baudruche crevée.

Les bonnes fées ont pris leurs cliques et leurs claques, fuyant à toutes baguettes l’atmosphère délétère de cette fin de règne: s’étaient-elles jamais penchées sur les fonts du sacre d’un monarque promis à l’échec? Avaient-elles seulement conjuré les maléfices qui pullulent dans une baraque hantée par les spectres et les fantômes les plus malveillants?

La bise aigre qui siffle en les coursives vient à rappeler que l’hiver est là qui glace les sangs et hérisse les échines, en l’attente fébrile d’un printemps qui ordonnera la débâcle.

Depuis quelques lustres, les fins de règne se suivent et se ressemblent, en une intimité toute gémellaire: leur dramaturgie se reproduit à l’envi, ainsi qu’une vieille série pour maison de retraite.

L’Elysée serait-il le château des maléfices? Le château-scoumoune, le château-la loose?

L’étiquette à présent en vigueur commande de ne point s’y faire trop voir. Et même de se glorifier d’en être banni. Ainsi de Madame Butterfly, l’ancienne ministre des Beaux-Arts, chassée sans le moindre égard par le roi, surprise à guincher avec le comte de Catalogne, à quelques encablures de l’Elysée-Sigmaringen, déserté par les ministres chevronnés et capés qui s’enfuient comme étourneaux craignant la dent du chat.

Seuls les béjaunes, les bizuths, feignent déployer le zèle propre à leur état.

Satrape cassoulet et bonnets tricotés pour les zadistes

Le satrape cassoulet, le baron Baylet, hante les coursives, l’air entendu, la mine froncée conférée par une charge aussi harassante que l’épluchage des écrevisses.

La Mère Cosse, qui a largué ses mômes mal mouchés sans même un regard de compassion, tricote avec frénésie les bonnets rouges qu’elle a promis aux zadistes de Notre Dame des Landes. Nul ne s’enquiert de son état: recluse en une soupente, elle fait figure de trophée, posée sur la cheminée aux côtés du shogun Placé, le visage sculpté dans l’ivoire de la béatitude.

Sérieux, compassé, amidonné, toujours à trier les lentilles, le comte Ayrault de Nantes inonde le roi de notes et de libelles: le Flou, gagné par forte migraine, s’en viendrait-il à regretter d’avoir relevé cet enfileur de diptères? La Cour se moque et raille ce fidèle serviteur, pétri de cautèle à qui, toute vouée à sa méchanceté, elle a collé le sobriquet de porte-coton.

Toujours à courber l’échine, ce butler tout droit sorti de Downton Abbey se voit, pour renfort de potage, contraint de lamper la cigüe en siégeant aux côtés de la Mère Cosse qui n’a cessé, jusques à ce que le roi la fasse ministre, de flétrir le projet de Notre Dame des Landes, si cher au coeur meurtri du comte Ayrault.

Le roi n’en a cure: le prix de l’élévation, TVA comprise, inclut le reniement et proscrit toute observance à des convictions qui, de par la magie du pouvoir, deviennent fort encombrantes et tout à fait saugrenues.

Scalps mités et faveurs de Mademoiselle

En cet aréopage tricoté de chevaux de retour et scalps mités, tranche une accorte ministre: Madame d’Azoulay, à présent en charge des Beaux-Arts. Déjà conseillère du roi, et protégée de l’influente Mademoiselle de Maintenant, son ascension fulgurante fait grincer les dents des jaloux qui invoquent la bienveillance de Mademoiselle pour expliquer sa grâce.

Ce cabinet de boutiquier cairote prête à sourire, mais plonge le comte de Catalogne en les transes les plus bouillantes qui soient. Claquemuré en son hôtel de Matignon, il pourfend, sabre au clair, oreillers et édredons, fracasse lustres et vases, massacre vaisselle et candélabres, sans cesse aucune de morigéner ses gens, bottant culs et portes sans nul discernement.

A l’entendre, le roi, frappé d’aboulie, se garderait trop d’édicter les réformes qui remettraient le rafiot à flots. Pis encore, le comte Valls n’aurait point digéré la nomination du comte Ayrault à la charge de ministre des Affaires du dehors. Le Catalan le tient pour un cafteur, une balance, et ne rêve que l’envoyer en de périlleuses ambassades, en Assyrie par exemple, d’où il ne reviendrait jamais que ceint du linceul des morts pour la France. L’ire du Catalan est à son comble, contraint qu’il se voit de composer avec la caillera des khmers verts qu’il abhorre encore davantage que le jeune Macron à qui il se targue d’avoir limé les crocs.

Le roi s’amuse-t-il seulement d’avoir cousu en même vessie de cochon d’aussi irréductibles ennemis?

L’on mande qu’il s’enferme durant de longues journées, entouré de ses seuls imagiers et maîtres à penser. De ces conclaves aurait transpiré le rumeur suivante: le Flou se prendrait de laisser croire qu’il renoncerait à remonter sur le trône à des fins de provoquer le désir de ses sujets, apeurés de se voir privés de la bienveillante protection du Père de la Nation.

– L’on ne sait trop dans quelle cervelle a pu germer cette idée à la con, tranche notre ami Artois, toujours empreint de cette indulgence qui nous transporte.

– Ce qui est certain, s’amuse-t-il, c’est que ce plan pourri est promis à foirer ainsi que tous les autres.