Aprs la dmission de Christiane Taubira ce mercredi, le prsident de la Rpublique a nomm pour la remplacer Jean-Jacques Urvoas, un proche de Manuel Valls. Aprs « madame droits de l’Homme » place « monsieur scurit »?
Il était jusqu’à mardi soir président de la commission des lois à l’Assemblée nationale et depuis une semaine rapporteur du projet de loi constitutionnel qui vise notamment à intégrer la déchéance de nationalité dans la Constitution. Jean-Jacques Urvoas, député de la première circonscription du Finistère, a été nommé ce mercredi au poste de ministre de la Justice, en remplacement de Christiane Taubira.
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Dans un communiqué, l’Elysée a annoncé que c’est à ce breton de 56 ans, père de deux enfants, que va incomber la lourde tâche de défendre, « aux côtés du Premier ministre, la révision constitutionnelle et (la préparation du) projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale ».
Un « bosseur » affable défenseur de la ligne sécuritaire de Valls
Réputé travailleur et fin connaisseur des arcanes de l’Assemblée nationale où il siège depuis 2007, l’homme est affable et résiste rarement à un bon mot, tant dans les débats dans l’hémicycle que sur son compte Twitter. Proche du Premier ministre Manuel Valls et ancien strauss-kahnien, sa nomination au ministère de la Justice semble entériner la ligne sécuritaire mise en place par le gouvernement depuis les attentats de novembre.
Lorsqu’il était dans l’opposition, Jean-Jacques Urvoas n’hésitait pourtant pas à prendre position contre les lois comme Loppsi 2, qui développait la vidéosurveillance. Sa conversion à la logique sécuritaire du gouvernement actuel n’a pas manqué du surprendre plusieurs de ses soutiens, comme le notait un portrait de Libération, publié en mai dans lequel il se défendait: « On plaque sur moi le prisme de Manuel Valls parce que c’est un copain. Je ne suis pas un affidé de Valls, je suis loyal ».
Une loyauté qui pourrait être bien utile à l’exécutif dans cette dernière ligne droite du mandat de François Hollande, marquée notamment par les débats autour de la prolongation de l’état d’urgence. En 2011, Jean-Jacques Urvoas publiait 11 propositions chocs pour rétablir la sécurité, dans lequel il proposait la fusion des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Pas sûr que cela plaise aux magistrats.
En mars 2015, il avait été nommé rapporteur du projet de loi relatif au renseignement et avait réussi à faire plier le groupe socialiste à l’Assemblée, malgré les oppositions dans ses rangs.
Un choix cohérent
La nomination de Jean-Jacques Urvoas a été saluée à droite comme à gauche. Le sénateur Jean-Pierre Raffarin évoque sur Twitter un « homme de grande qualité ».
Pour de nombreux députés fidèles au gouvernement, la nomination de Jean-Jacques Urvoas, plutôt apprécié sur les bancs de l’Assemblée, est un choix cohérent. Christophe Castaner, député PS des Alpes de Haute-Provence, n’hésite pas à le comparer à « maître Yoda ».
Interrogé par L’Express, le député du parti Les RépublicainsJacques Myard confie: « C’est un socialiste, gauchiste, sympathique. Je l’ai félicité et je lui ai dit ‘Courage camarade!' ». Avant de, lui aussi, reconnaître les qualités du nouveau ministre: « C’est un homme responsable, intelligent, mais il connait la difficulté de la tâche. Nous avons travaillé ensemble sur la loi renseignement, il connaît les besoins et la difficulté de la police. Il mesure bien la menace ».
Longtemps pressenti -et appuyé par Valls- pour prendre le ministère de l’Intérieur, c’est finalement celui de la Justice que cet ancien maître de conférence en droit public obtient. Un spécialiste des questions de sécurité qui aura fort à faire au cours des prochains mois.
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