« Elle a son petit côté vintage, la duchesse de Flandre, se délecte Artois qui n’aime rien tant que contempler les scènes de ménage des héritiers de la gauche perdue.
– Songez donc, marquise, exhumer le martinet de la naphtaline à des fins de flageller le Catalan! Quelles délices!
– Comte, gardez-vous de vous éjouir si promptement…
– Baste! Marquise, ne boudons point notre plaisir: cette volée de bois vert vaut tout autant fessée pour le roi, loin de la Cour, perdu dans Dieu sait quelle épopée chez les Aztèques… Elle ne manque point d’air la procureure générale du royaume, flanquée de l’ancien ludion, Dany le Rouquemoute, qui s’illustra jadis en déboulonnant la statue de Charles le Grand: quel attelage!
– Procureure?
– Marquise, songez-donc: la duchesse a presque tout perdu. Adieu département, région, veaux, vaches, cochons et couvées. Elle est recluse en son beffroi à tricoter ses libelles à la paille de fer. Elle se languit de paraître à nouveau en Cour et pourquoi pas, de briguer la Couronne.
– Elle s’est prise de jurer le contraire…
– La duchesse ment comme l’Antechrist. Elle en rêve, elle en crève! La seule chose qui la fâche, c’est le suffrage universel. Autant dire les fourches caudines. Elle se verrait de très bonne grâce couronnée lors d’un sacre grandiose en la basilique de Saint-Denis, prélude d’un éclatant triomphe sur les Champs-Elysées…
– Comte, Artois, cher Philippe, auriez-vous forcé sur le tafia?
– Par le Ciel, marquise, m’accuseriez-vous d’avoir repiqué au truc?
– Si fait, comte, oublions la rudesse de notre langage…
Hirsutes, enchaînés, jetés aux lions!
– Or donc, le clou de ce défilé serait une monstrance dont les guest stars seraient le Flou, le Catalan, Ayrault de Nantes, Monsieur de Gattaz, ainsi que le jeune Macron: hirsutes, enchaînés, à moitié à poil, fouettés d’importance par les prétoriens de la nouvelle reine.
Implorant sa pitié, ils seraient alors décapités tout avant d’être jetés aux lions. La nouvelle Cour s’esbaudirait. La Mère Duflot, Monsieur d’Hamon, la baronne Hidalgo et bien d’autres encore, tous pêchés dans le lit de la Fronde, se régaleraient de pizzas au tofu, tout à la contemplation des suppliciés gisant en leur sang.
– Comte, une question nous étreint: avez-vous seulement renoncé aux liqueurs fortes?
– Marquise, votre offense ne nous glace point l’échine: confessez que le spectacle des schismatiques distille une fragrance des plus coruscantes … Sans doute est-ce là la cause de notre transport.
– Comte, n’allez-vous point trop vite en besogne? Notre roi, le Flou, ne cèle-t-il point en sa manche quelque atout qui se pourrait encore de tout chambouler?
– Peau de balle!
– Comte!
« The Revenant »
– Je m’incline, marquise; souffrez que je sollicite votre absolution.
– Ne seriez-vous point tenté de vendre la peau de cet ours qui manqua tuer Monsieur de Capriaux dans « The Revenant », une épopée troussée à la façon des aventures du Colonel Chabert?
– Ha! Marquise, ce Monsieur de Capriaux est infiniment plus brave que notre roi, saisi qu’il se trouve des fièvres qui annoncent son abdication, son renoncement, sa capitulation sans conditions. La Cour n’éprouve à présent nulle gêne à évoquer son forfait: d’aucuns se prennent même d’en parler à voix haute!
– Le comte Valls serait-il de ceux qui complotent contre le Flou?
– Tout juste, marquise! L’envie démange le Catalan de claquer la porte après qu’il aura échoué à imposer la réforme du code du travail portée par la pauvre baronne de Commeries.
– Mais, comte, Artois, notre ami: le Catalan se trouve bien seul! Il n’a ni parti, ni ligue, ni coterie, ni fan club, ni followers…
– Pour ce qu’il reste du parti socialiste, autant jeter le bébé avec l’eau du bain…
– La duchesse Martine semble penser le contraire!
– Elle se fourre le doigt dans l’oeil, elle se trompe de siècle: croit-elle seulement refaire le coup du conclave d’Epinay, au siècle passé? Même pas en rêve. Au plus devra-t-elle faire son content d’une charge de procureure à vie, privée de recettes et de stratagèmes.
– Entendez-vous, comte, qu’elle se condamne à jouer le rôle titre d’une série baptisée « Martine en maison de retraite »?
– Si fait, marquise, les temps sont durs pour les dinosaures: ça pousse derrière!