EN CHIFFRES. Le gouvernement Philippe tient-il les promesses du candidat Macron?

By | mai 17, 2017

Avec 22 ministres et secrétaires d’Etat, la première équipe gouvernementale du quinquennat comporte quelques aspects intéressants.

Emmanuel Macron avait annoncé la couleur dans les dernières semaines de sa campagne présidentielle. Le « maître des horloges » plaidait pour « le renouveau des visages » en parlant de son futur gouvernement.

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18 ministres contre 15 annoncés…

L’équipe gouvernementale compte 23 membres: un Premier ministre, 18 ministres et 4 secrétaires d’Etat. Une équipe moins resserrée qu’annoncé par Emmanuel Macron lui-même dans la campagne, qui assurait ne pas vouloir excéder les 15 membres. Mais comme tous les présidents avant lui, il a dû composer.

Une moyenne d’âge de 54 ans

En passant au crible la liste des 22 personnalités incluses dans l’équipe du Premier ministre Edouard Philippe, l’on constate une chose: l’âge moyen des ministres n’est pas proprement représentatif du « renouvellement » tant souhaité et défendu par Emmanuel Macron durant l’élection présidentielle. Après le discours, la méthode?

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En moyenne, les ministres et secrétaires d’Etat ont 54 ans ans. Soit un an de plus que le gouvernement Cazeneuve. Finalement, le jeune âge du président, 39 ans, et du Premier ministre, 46 ans, sont un peu l’arbre qui cache la forêt. Mounir Mahjoubi, conseiller en stratégie numérique d’Emmanuel Macron durant la campagne, nommé secrétaire d’Etat chargé du Numérique, est le cadet du gouvernement, puisqu’il est âgé de 33 ans. À noter que l’équipe ne compte que trois trentenaires: Mounir Mahjoubi donc, Gérald Darmanin et Marlène Schiappa.

Marlène Schiappa au Mans, le 28 avril 2017

Marlène Schiappa au Mans, le 28 avril 2017

afp.com/JEAN-FRANCOIS MONIER

Le désormais ex-maire de Lyon Gérard Collomb, nommé ministre de l’Intérieur avec grade de ministre d’Etat, est l’aîné de l’équipe: né le 20 juin 1947, il fêtera bientôt ses 70 ans, 10 jours avant ceux, d’ailleurs, de Jean-Yves Le Drian.

4 anciens ministres

Emmanuel Macron avait dit qu’il ne voulait pas d’anciens ministres dans son équipe, sauf exception pour Jean-Yves Le Drian. Trois autres anciens membres d’équipes gouvernementales ont finalement trouvé grâce à ses yeux: François Bayrou, l’incontournable allié, Annick Girardin, ancienne ministre PRG des gouvernements Valls et Cazeneuve, et Bruno Le Maire, au nom de l’ouverture à droite.

Plus de trois siècles de mandats cumulés

Parmi les onze personnalités politiques du gouvernement, il y a beaucoup d’élus pour le moins expérimentés. Si l’on cumule tous leurs mandats locaux, à la fois parlementaires et exécutifs, l’on dépasse les 330 années d’enracinement politique. Toutefois, ce chiffre est à relativiser puisqu’avec la moitié du gouvernement issu de la société civile, ce gouvernement compte, au total, moins de mandats cumulés que les autres.

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De ce point de vue, c’est le nouveau ministre de la Justice, François Bayrou, qui remporte la palme: 35 années passées au Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, en tant qu’élu puis président, auxquelles s’ajoute son mandat de député du département, conservé pendant plus de 19 ans. Au total, le maire de Pau a cumulé plus d’un demi-siècle de mandats électifs. Un peu loin, là aussi, de l’engagement à instaurer le « renouvellement des visages ».

Gérard Collomb, maire de Lyon et nouveau ministre de l’Intérieur, n’est pas loin de ce chiffre, avec plus de 45 ans de mandats au compteur.

Une parité (à peu près) respectée

Parmi les 18 ministres, il y a bien neuf hommes et neuf femmes. Mais les trois ministres d’Etat sont trois hommes (Le Drian, Collomb et Bayrou), aucune femme n’a eu les honneurs de ce titre honorifique qui marque l’importance du ministère et sa préséance en matière d’attribution de crédits.

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Pourtant, Sylvie Goulard, nommée aux Armées, aurait pu y prétendre. Par ailleurs, alors qu’il avait promis de mettre l’accent sur l’égalité femme-homme, il n’y a qu’un secrétariat d’Etat à l’égalité femmes-hommes, confié à Marlène Schiappa.

Onze maroquins pour la société civile…

Si la copie est à revoir au niveau du renouvellement, elle respecte l’engagement pris par Emmanuel Macron de nommer des personnalités issues de la société civile. Encore que le constat dépende de l’acception donnée à la notion de société civile. Jean-Michel Blanquer, par exemple, nommé ministre de l’Education nationale, occupait jusqu’à maintenant le poste de directeur général de l’Essec, l’une des trois plus prestigieuses écoles de commerce de France. Il a également collaboré, en sa qualité d’expert, avec des gouvernements de droite, ceux de Dominique de Villepin et de François Fillon.

©Vincent Isore/IP3 press; Paris, France le 13 Juin 2012 -Presentation de la session 2012 du baccalaureat par le directeur general de l enseignement scolaire - Jean-Michel Blanquer (MaxPPP TagID: maxnewsworldtwo027095.jpg) [Photo via MaxPPP]

©Vincent Isore/IP3 press; Paris, France le 13 Juin 2012 -Presentation de la session 2012 du baccalaureat par le directeur general de l enseignement scolaire – Jean-Michel Blanquer (MaxPPP TagID: maxnewsworldtwo027095.jpg) [Photo via MaxPPP]

IP3 PRESS/MAXPPP/Vincent Isore

Idem pour Elisabeth Borne, qui occupe désormais le poste de ministre des Transports. Haute fonctionnaire, elle a oeuvré dans les cabinets de plusieurs ministres tels Jack Lang, Lionel Jospin ou Ségolène Royal. Elle a également été directrice générale de l’urbanisme à la Mairie de Paris, sous l’égide de Bertrand Delanoë. Toutes, donc, des personnalités issues du Parti socialiste.

D’autres, comme Françoise Nyssen, Nicolas Hulot, Laura Flessel ou Agnès Buzyn, correspondent davantage au profil souhaité par le président de la République.

2 LR, 6 à gauche, 3 MoDem

Par opposition, l’autre moitié du gouvernement appartient totalement au monde politique. Et d’un point de vue strictement partisan, le balancier penche plutôt à gauche. Les barons socialistes Gérard Collomb et Jean-Yves Le Drian, malgré leur soutien à Emmanuel Macron, appartiennent toujours au PS. Christophe Castaner et Richard Ferrand, piliers de la première heure d’En Marche!, sont des anciens de la rue de Solferino. Mounir Mahjoubi, bien qu’ayant tôt fait de rejoindre le parti fondé par l’ancien ministre de l’Economie, fut un temps encarté au PS.

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Le gouvernement d’Edouard Philippe inclut également deux membres du Parti radical de Gauche, Jacques Mézard, sénateur du Cantal nommé au ministère de l’Agriculture, et Annick Girardin, conseillère territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, nommée ministre des Outre-mers.

Côté centre, trois membres du MoDem ont rejoint l’équipe. Le plus illustre d’entre eux, François Bayrou, devient garde des Sceaux, et Marielle de Sarnez, vice-présidente du parti, est nommée aux Affaires européennes. Quant à Sylvie Goulard, qui a été élue députée européenne en 2009 sous l’étiquette du MoDem, obtient le prestigieux poste de ministre des Armées. Une appellation en forme de clin d’oeil aux débuts de la Ve République, qui fut changée en « ministre de la Défense » en 1974.

La droite, elle, se voit attribuer le paquebot de Bercy: le député Les Républicains de l’Eure Bruno Le Maire, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, récupère le portefeuille de l’Economie, qu’il a longtemps espéré. Il sera secondé par le maire LR de Tourcoing, Gérald Darmanin, qui a été nommé ministre de l’Action et des Comptes publics. Si l’on inclut le Premier ministre Edouard Philippe, trois personnalités du gouvernement sont issus de la droite parlementaire.

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