Selon Martine Aubry, la gauche doit se rassembler autour d’un candidat qui représente le « coeur des valeurs du Parti socialiste ». Elle n’est pas la seule à juger que le soutien à la candidature de Manuel Valls à la primaire à gauche n’est « pas évident ».
Comme une impression de malaise dans les rangs du PS. Alors que Manuel Valls, sur le départ à Matignon, annonce ce soir à Evry sa candidature à la primaire à gauche, c’est peu dire que les soutiens de poids ne se bousculent pas pour soutenir le futur ex-Premier ministre.
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Dernier épisode en date qui illustre le désarroi général qui semble avoir saisi l’aile gauche du PS, la maire de Lille, Martine Aubry, a déclaré ce lundi qu’il n’était « pas évident » qu’elle soutienne Manuel Valls en vue de l’élection présidentielle de 2017.
« Ce n’est pas évident, on va voir »
Le légitimisme de Martine Aubry a une limite et son nom est Manuel Valls. Si la maire de Lille semblait depuis plusieurs mois s’orienter bon an mal an vers un soutien à François Hollande en vue de la primaire au nom du « rassemblement », pas question d’en faire autant avec le locataire de Matignon.
« Je serai présente pour soutenir un candidat qui représente le coeur des valeurs du Parti socialiste », a répété Martine Aubry devant la presse, qui accueillait dans sa ville le ministre des Affaires étrangères et du Développement international Jean-Marc Ayrault. « C’est Manuel Valls? » lui a-t-on demandé. « Ce n’est pas évident, on va voir », a répondu, avant de s’éclipser, celle dont les rapports avec le Premier ministre sont notoirement houleux.
« Le problème est de savoir comment on est unis, non pas autour d’un homme providentiel ou d’une femme providentielle, mais autour de nos valeurs », a également souligné ce lundi l’ex-première secrétaire du PS.
Pas de soutien automatique pour les « Hollandais »
Mais l’offensive de la maire de Lille n’est pas la seule couleuvre avalée par Manuel Valls depuis ce matin. Habitué à susciter l’animosité au parti socialiste pour ses positions jugées trop droitières, d’abord lors de la primaire en 2011 puis lors de ses passages au ministère de l’Intérieur et à Matignon, l’ancien député de l’Essonne semble désormais faire l’unanimité… contre lui.
Ce lundi matin sur franceinfo, c’est Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, qui a eu bien du mal à cacher son agacement face à l’accélération du calendrier de « son » Premier ministre. « J’ai appris ça quand j’étais dans la voiture ce matin […] Les ponts ne se pas coupés mais il n’appelle pas son porte-parole pour annoncer sa candidature à la présidentielle », a soupiré ce proche de François Hollande. Très prudent, Stéphane Le Foll s’est également refusé à soutenir Manuel Valls pour le moment: « Je ne suis pas comme les autres, je prendrai du temps et je ferai mon choix avec le recul nécessaire », a-t-il expliqué.
Pour les fidèles de François Hollande, il n’y aura pas de « soutien automatique »: « On est encore sous le coup de la décision de François Hollande et notre état d’esprit n’est pas de se ranger immédiatement et sans conditions derrière Manuel Valls. Nous voulons voir avec Manuel quel contenu il va mettre dans sa campagne et comment il va la mener, il n’y a pas de ralliement automatique », a souligné celundi le député Erwann Binet,à l’issue d’un déjeuner autour de Stéphane Le Foll, auquel ont assisté une quinzaine de parlementaires et responsables socialistes « hollandais ».
Vers une candidature anti-Valls des frondeurs?
Dans le même temps, la gauche des frondeurs s’organise et semble désormais travailler à la création d’un front uni et unique face à Manuel Valls. La candidate à la primaire de la gauche et sénatrice PS, Marie-Noëlle Lienemann, a d’ailleurs lancé lundi un appel à l’unité à Arnaud Montebourg et à Benoît Hamon en faveur d’une « candidature unique » face à l’entrée en course de « l’homme des deux gauches irréconciliables ». Quitte, a-t-elle sous-entendu, à « prendre ses responsabilités » en se rangeant derrière le candidat le mieux placé pour incarner l’alternative à l’option Manuel Valls.
A moins que, comme l’affirme Le Point, les adversaires de l’ancien maire d’Evry se mettent d’accord sur une candidature hybride à ficher dans les pattes de l’ambitieux Premier ministre – encore pour quelques heures. Selon l’hebdomadaire, une « opération », à l’initiative de Martine Aubry, Pierre Moscovici, Christiane Taubira et Anne Hidalgo, serait en cours pour convaincre l’ancien ministre de l’Education, Vincent Peillon, de sauter le pas en se lançant dans la primaire.